samedi 11 avril 2020

Le confinement


J’étais un enfant introverti qui aimait lire des livres, dessiner des mangas plagiat de Tezuka, créer des voitures en carton et monter des maquettes plastiques de Gundam. Je n’aimais pas jouer dehors avec d’autres enfants. D’ailleurs, j’étais nul en sport. Si je jouais au tennis de table, je ne touchais pas la balle. (Il est donc tout à fait faux de croire que tous les Asiatiques sont forts au ping-pong).Inutile de préciser que je ne sais pas faire du kung-fu, Le sport que je détestais le plus est celui que tous les Japonais adorent ; le base-ball. Je détestais le base-ball parce que premièrement, un match de base-ball dure longtemps, et que deuxièmement, la balle du base-ball est si dure qu'il est dangereux de la recevoir au visage. D’ailleurs, pourquoi les gens pensent qu’il est possible de frapper une si petite balle avec une batte si fine ? Je détestais aussi le kendo, une sorte d’escrime japonaise, qui est obligatoire au collège. En somme, le kendo n’était pas si dangereux car on mettait une armure, mais je le détestais car le professeur nous obligeait de crier « Meeeeeeen ! » quand on frappait sur la tête de l’adversaire. 



Mais les adultes voulaient que je sorte dehors et que je chasse au ballon avec d’autres enfants. Dans le monde de l’adulte, il existe une loi non écrite selon laquelle l’enfant idéal et sain joue dehors dans la nature et que l’enfant casanier deviendra hikikomori dans l’avenir, ou dans le pire des cas, meurtrier en série ou pédophile ou schizophrène (vous choisissez ce que vous voulez).


Des années se sont écoulés depuis mon enfance, et je suis devenu adulte. Cependant, mon caractère n’a guère changé. Je ne dessine plus de manga plagiat de Tezuka, mais je dessine de temps à autres soit sur le papier soit sur l’ordinateur. J’aime sculpter et monter des maquettes plastiques de Gundam. J’aime toujours lire surtout en français. Regarder un match de base-ball ne me dérange pas, mais je déteste y jouer.
En ce moment, le coronavirus dévaste le monde entier, et les Français et les ressortissants résidant dans la France métropolitaine sont interdits de sortir. Enfin, le moment est venu. Le moment que j’ai attendu plus de vingt ans. Ce n’est évidemment pas l’épidémie qui s’empare cruellement de la vie des personnes innocentes, mais le moment où je peux dire avec fierté : « Je ne sors pas » et que je puisse critiquer ouvertement ceux qui sortent dehors sous prétexte que c’est mauvais pour la santé.

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