lundi 8 juin 2020

Le vice de l'homme

Ces derniers temps, je me suis complètement désintéressé du français. J’abandonnais la lecture et l’écriture ; la poussière accumulée sur des livres d’André Gide que je n’ai pas encore lus représente ma perte de passion pour l’apprentissage des langues. Mais lorsque j’y repense, j’étais apathique depuis le début ; je ne voulais rien faire. Cependant, j’essaie de continuer à faire des exercices de français, comme je le fais actuellement, pour ne pas être réduit à une bête qui ne parle pas de langage humain.
Depuis sa naissance, l’humanité n’a jamais cessé d’accumuler les péchés. D’innombrables fois, l’être humain s’est entretué, a détruit la nature pour la remplacer par de laids bâtiments en béton, a causé la disparition d’un bon nombre d’espèces animales, a mis du cornichon dans un hamburger, et a inventé Facebook. Malgré ces actes impardonnables, l’être humain continue de nourrir la fleur du mal. Mais par exemple, quel est le symbole qui représente le mieux le vice de l’humanité ? La bombe nucléaire qui permet d’anéantir une ville entière en quelques secondes ? Un policier blanc qui étrangle un Noir avec sa jambe ? Les documents officiels qu’un homme politique a détruits pour dissimuler un détournement du fond ? Non, c’est la lettre de motivation. Par nature, la lettre de motivation est un tissu d’hypocrisie et de mensonge ayant pour but de tromper l’homme. D’ailleurs, personne n’a la motivation de rédiger une lettre de motivation. Si on doit en écrire une, c’est parce qu’on est obligé de le faire. Je dirais donc que la lettre de motivation, faite pour sélectionner les candidats est complètement inutile. S’il y a un employeur qui pense qu’elle permet de savoir si un candidat a vraiment une motivation, il a un cœur innocent et pur comme un agneau qui vient de naître. Je veux l’embrasser et le chérir.
Il faut réfléchir à un moyen de sélection de candidats plus efficace et surtout, plus sincère. Je propose le moyen suivant ; aligner des candidats, et ils devront se battre contre des recruteurs. Si les premiers gagnent, ils sont embauchés. Les recruteurs vaincus devront quitter l’entreprise. Sinon, pourquoi ne pas aligner les candidats, et un recruteur jette une balle sur celui qu’il veut prendre/recruter en criant : « Pikachuu ! Je t’ai choisi ! » ? Je pense que ce sont de belles personnes qui recevront une balle sur la tête, mais je trouve que c’est plus franc.
Par ailleurs, alors que le travail que je voudrais faire consisterait à allonger le cou d’une girafe, le corps d’un chat, ou à rester couché sur mon lit toute la journée à grignoter du gâteau, je ne trouve que des offres d’emploi inintéressantes qui affichent souvent des mots incompréhensibles comme « digital » ou « marketing ».

samedi 11 avril 2020

Les 12 coups de midi

Lorsque je suis chez moi à midi, je regarde les 12 coups de midi. Il s’agit d’une émission de quiz animée par un homme jovial qui a une tache rose sur le visage. Tous les jours, il y a de nouveaux participants qui sont tous des amateurs parmi lesquels meilleur participant appelé « maître » reste sur le plateau jusqu’à ce qu’il perde. En ce moment, le maître est un homme d’un certain âge aux cheveux blancs. Il s’appelle Éric. Éric est très fort et il ne se trompe presque jamais. Tous les jours, il y a de nouveaux participants qui sont tous des amateurs et dont le meilleur, appelé « maître », reste sur le plateau jusqu’à ce qu’il perde. Comme je ne suis pas très cultivé et que je manque de références culturelles, je ne connais souvent pas les réponses.
Chaque fois qu’Éric donne une bonne réponse, je me dis « Ce salaud ». Je l’appelle donc salaud secrètement. Il y a quelques semaines, un Alsacien d’un certain âge au gros ventre un peu comme Obélix participait à l’émission. Il parlait avec un fort accent alsacien. Une jeune femme lui a dit qu’elle ne comprenait pas trop ce qu’il disait. Moi non plus. Le Monsieur a défié le maître, Éric. Comme moi aussi j’habite en Alsace, j’espérais qu’il gagnerait. Mais Éric a donné une bonne réponse. L’Alsacien a perdu. « Ce salaud », me suis-je dit.
Toutefois je ne déteste pas Éric. Au contraire, je l’admire. En plus, il a l’air gentil. Du moins, il n’a pas l’air d’un pédophile. Cependant, comme il est si cultivé qu’on dirait une encyclopédie humaine, je me demande si ce n'est pas robot, en réalité. Il faut faire attention. Peut-être qu’il se recharge quelque part

Le confinement


J’étais un enfant introverti qui aimait lire des livres, dessiner des mangas plagiat de Tezuka, créer des voitures en carton et monter des maquettes plastiques de Gundam. Je n’aimais pas jouer dehors avec d’autres enfants. D’ailleurs, j’étais nul en sport. Si je jouais au tennis de table, je ne touchais pas la balle. (Il est donc tout à fait faux de croire que tous les Asiatiques sont forts au ping-pong).Inutile de préciser que je ne sais pas faire du kung-fu, Le sport que je détestais le plus est celui que tous les Japonais adorent ; le base-ball. Je détestais le base-ball parce que premièrement, un match de base-ball dure longtemps, et que deuxièmement, la balle du base-ball est si dure qu'il est dangereux de la recevoir au visage. D’ailleurs, pourquoi les gens pensent qu’il est possible de frapper une si petite balle avec une batte si fine ? Je détestais aussi le kendo, une sorte d’escrime japonaise, qui est obligatoire au collège. En somme, le kendo n’était pas si dangereux car on mettait une armure, mais je le détestais car le professeur nous obligeait de crier « Meeeeeeen ! » quand on frappait sur la tête de l’adversaire. 



Mais les adultes voulaient que je sorte dehors et que je chasse au ballon avec d’autres enfants. Dans le monde de l’adulte, il existe une loi non écrite selon laquelle l’enfant idéal et sain joue dehors dans la nature et que l’enfant casanier deviendra hikikomori dans l’avenir, ou dans le pire des cas, meurtrier en série ou pédophile ou schizophrène (vous choisissez ce que vous voulez).


Des années se sont écoulés depuis mon enfance, et je suis devenu adulte. Cependant, mon caractère n’a guère changé. Je ne dessine plus de manga plagiat de Tezuka, mais je dessine de temps à autres soit sur le papier soit sur l’ordinateur. J’aime sculpter et monter des maquettes plastiques de Gundam. J’aime toujours lire surtout en français. Regarder un match de base-ball ne me dérange pas, mais je déteste y jouer.
En ce moment, le coronavirus dévaste le monde entier, et les Français et les ressortissants résidant dans la France métropolitaine sont interdits de sortir. Enfin, le moment est venu. Le moment que j’ai attendu plus de vingt ans. Ce n’est évidemment pas l’épidémie qui s’empare cruellement de la vie des personnes innocentes, mais le moment où je peux dire avec fierté : « Je ne sors pas » et que je puisse critiquer ouvertement ceux qui sortent dehors sous prétexte que c’est mauvais pour la santé.

dimanche 16 février 2020

"La Glace aux myrtilles" Haruki Murakami

« Je veux manger de la glace aux myrtilles », a déclaré cette fille à deux heures du matin. 
Pourquoi les filles ont-elles des idées ridicules à des heures ridicules ? Sans raison particulière, en songeant au destin qu’ont suivi Tchang Kaï-chek et le gouvernement nationaliste, j’ai enfilé une chemise ; je suis sorti dans la rue et j’ai attrapé un taxi.
« À n’importe quel magasin qui vend de la glace aux myrtilles », ai-je dit au chauffeur. Puis, j’ai fermé les yeux et bâillé.
Environ quinze minutes plus tard, le taxi s’est arrêté devant un immeuble inconnu d’une ville inconnue. L’entrée était disproportionnée. Sur le toit flottaient sept drapeaux que je n’avais jamais vus. 
« On peut vraiment acheter de la glace ici ? ai-je demandé au chauffeur.
- C’est pour ça qu’on est venus » 
C’était une réponse impeccable qui respectait la tradition de la dramaturgie. J’ai payé et je suis descendu du taxi. Puis, je suis entré dans l’immeuble.
À la réception, une jeune femme d’environ vingt ans était assise. Alors qu’elle ne bougeait pas d’un pouce, son visage semblait vouloir dire : « Je suis trop occupée et je n’en peux plus ».
« Une glace aux myrtilles, s’il vous plaît », ai-je dit.
Elle a affiché expression dégoûtée comme pour dire que le moment était inopportun. Ensuite, elle m’a tendu un bout de papier d’une belle couleur pastel.
« Écrivez ici vos noms et adresse, et rendez-vous à la porte numéro 3 ».
Je lui ai emprunté un crayon pour écrire mon nom et mon adresse. Puis, j’ai monté l’escalier qui me faisait penser à un cercueil, et j’ai poussé la porte numéro 3. Au milieu de la pièce, il y avait une table de la taille d'une table de de ping-pong sur laquelle était assis un jeune homme. Il tenait des documents qu’il regardait tour à tour.
« Une glace aux myrtilles », ai-je dit en lui tendant le bout de papier. Sans me regarder, il l’a tamponné.
« Porte numéro 6 », a-t-il dit.
Je devais franchir une rivière profonde pour atteindre la porte numéro 6. Des projecteurs illuminaient la rivière d’une lumière blanche. De temps à autre, des coups de feu retentissaient.
Entre la porte numéro 6 et la porte numéro 8, il y avait un hôpital de campagne installé dans une vieille église. De nombreux soldats amputés des jambes ou des bras étaient couchés sur le gazon de la cour. Dans la cantine de l’hôpital, de la glace rhum-raisin remplissait trois bidons, mais il n’y avait pas de glace aux myrtilles.
« Myrtilles, c’est à la porte numéro 14 », m’a dit un cuisinier.
La porte numéro 14 avait été complètement détruite par des bombardements nocturnes. Il n’en restait que le chambranle. Une note était épinglée : « Si vous voulez quelque chose, allez à la porte numéro 17. »
Devant la porte numéro 17, une grande armée de chameaux se révoltait. L’obscurité de la nuit était remplie des cris aigus des bêtes et de l’odeur de leur pisse. En fin de compte, j’ai réussi à trouver un chameau sympathique qui m’a ouvert la porte numéro 17.
La porte numéro 17 était la dernière.
Lorsque je l’ai ouverte, deux hommes d'un certain âge, luxueusement vêtus se colletaient avec un fourmilier géant. Ils saignaient de partout. Ils étaient tous venus ici pour de la glace aux myrtilles.
Maudite glace aux myrtilles.
Mais je ne suis pas un type sentimental. Je les ai tués les uns après les autres avec une mandoline comme dans la « Tragédie de Y ». J’ai ouvert le réfrigérateur et j’ai pris une glace aux myrtilles.
« Je vous mets combien de neige carbonique ? m’a demandé la vendeuse.
- Pour trente minutes », ai-je dit avec sang-froid.
Il était cinq heures du matin quand je suis rentré chez moi. La fille était déjà profondément endormie. 

mercredi 29 janvier 2020

"La mort de Shigeru Mizuki" Tsuge Yoshiharu


 La mort de Monsieur Shigeru Mizuki est un événement choquant. De plus, c'était si soudain et je n’arrive pas à exprimer mes sentiments.
 Fin des années 1960, j’ai été son assistant pendant quatre ou cinq ans, la période où Monsieur Mizuki était le plus occupé. À l’époque, le magazine qui prépubliait ses œuvres m’a demandé de l’aider. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler pour lui quatre ou cinq fois par mois. Je gagnais ma vie de ma plume et de ce travail d’assistant. Monsieur Mizuki était taciturne et je ne me souviens pas d’avoir discuté de choses personnelles. Mais lorsque j’ai vu qu’il y avait de nombreux livres philosophiques dans ses étagères, j’ai été fort étonné. À la télé, il se comportait comme un homme étrange. Ce n’est pas ce qu’il l’était en réalité, et je me suis demandé s’il avait des conflits intérieurs et des soucis profonds. J’imagine qu’il cherchait les réponses de ses questions dans ces livres philosophiques.
 Sa maison se trouvait dans la même ville que moi, à Chôfu. Séparés par un rail, Monsieur Mizuki vivait dans le sud, et moi, dans le nord. Son chez soi était à 15 minutes à pied, mais j’avais du mal à franchir cette distance. C’était comme si le rail nous séparait.
 Je l’ai vu pour la dernière fois il y a quatre ou cinq ans. Je l’ai rencontré dans un marché au puce qui se tenait dans un sanctuaire près de chez lui. « J’imagines que tu t’ennuies », m’a-t-il dit à ce moment-là. « En effet, je m’ennuie », lui ai-je dit. « Je le savais », m’a dit Monsieur Mizuki. Notre dialogue s’est terminé, mais j’ai compris vaguement qu’il voulait dire. Il est devenu un grand maître de manga très populaire, mais sans doute il pensait que sa vie était inintéressante. Je suppose qu’il se posait toujours des questions philosophiques sans être convaincue de sa vie longue.

le journal Yomiuri du premier décembre 2015

jeudi 23 janvier 2020

éplucheur

Je n’écoute pas de rap. Mais de temps en temps, j’imaginerais un rap pour exprimer ma reconnaissance envers l’inventeur de l’éplucheur. 
Je connaissais l’existence de l’éplucheur depuis longtemps. Toutefois, je persistais à utiliser un couteau. Lorsque j’épluchais une pomme, une carotte, une pomme de terre, j’utilisais toujours un couteau. Je pensais que ceux qui utilisent un éplucheur sont des tricheurs. Un jour, lorsque j’ai fait mes courses au supermarché, un éplucheur à un euro a attiré mon attention. Je l’ai mis dans mon panier sans réfléchir. Ce soir-là, j’ai utilisé pour la première fois un éplucheur. J’ai épluché une pomme de terre. J’ai caressé légèrement sa surface. Une pellicule de la peau de la pomme de terre, si fine qu’on aurait dit une plume d’ange est tombée. J’étais ému. Avec un éplucheur, il est plus facile d’éplucher qu’avec un couteau. Je me suis demandé ce qu’avait été ma vie jusqu’ici. C’était nul. Maintenant j’ai rencontré un éplucheur et ma vie a totalement changé.
Je ne connais pas l’inventeur de l’éplucheur. J’ignore sa nationalité. J’ignore s’il est encore vivant ou pas. J’ignore si c’est un homme ou une femme, mais je suis plein de reconnaissance envers cette personne.
C’est pourquoi j’aimerais exprimer ce sentiment sous forme de rap.

L’inventeur de l’éplucheur
Tu es un sacré tricheur
Yo Yo
J’aime ce truc magnifique
Car l’éplucheur, c’est pratique

mardi 21 janvier 2020

One Piece

 Parfois, je me demande comment je me sentirais si j’avais les mêmes pouvoirs qu’un personnage de fiction. Par exemple, dans le manga « One Piece », ie héros est un garçon qui a mangé « le fruit du caoutchouc ». À cause de ce fruit mystérieux, son corps a les mêmes propriétés que le caoutchouc. C’est-à-dire qu’il peut allonger son corps. Dans le manga, il profite de cette particularité pour battre des méchants.
 En réalité, cette capacité d’être comme du caoutchouc a l’air assez utile. Par exemple, lorsque je me couche le soir. Sur le lit, je lis un livre. Quelques instants plus tard, j’ai sommeil et j’aimerais éteindre la lumière. Mais la lumière et loin. En même temps, je ne veux pas me lever. Coincé dans cette situation, seul le temps passe. Mais si j’avais les pouvoirs du héros de « One Piece », je n’aurais pas ce problème. J’allongerais mon bras pour éteindre la lumière.
On peut utiliser ces pouvoirs lorsqu’on regarde la télé. On suppose que le soir je me détend et regarde vaguement « Quotidien ». À un moment, j’ai envie de regarder Arte, mais la télécommande est loin. En même temps, je n’ai pas envie de me lever, donc je continue de regarder « Quotidien » alors que je n’en ai pas envie. Dans cette situation, si j’avais les pouvoirs du héros de « One Piece », je pourrais prendre la télécommande sans me lever pour regarder tranquillement Arte.
 Comme je l’ai déjà évoqué ci-dessus, dans le manga, le héros de « One Piece » profite de ces pouvoirs pour battre les ennemis. Cela me semble utile quand j’ai envie de battre quelqu’un que je n'aime pas. Par exemple, supposons qu'il y ait un professeur sévère qui ne donne jamais plus que 10. Je dis « Je ne pardonnerai pas celui qui fait pleurer mes "compagnons"!!!»(le héros de One Piece dit souvent ce genre de propos). Toutefois, il est en réalité quasiment impossible d’employer ces pouvoirs pour ce but puisque la loi interdit et pénalise les agressions physiques. Donc « One Piece » est un manga où le héros résout des problèmes par la violence.
 Toutefois, ces pouvoirs ont aussi des inconvénients. Le caoutchouc s’étire en effet, mais à force de l’utiliser, sa qualité se dégrade et finalement il se coupe. Peut-être que dans « One Piece », un jour, les bras du héros se couperont soudainement au moment où il essaiera de battre un ennemi.

vendredi 17 janvier 2020

L'enfer de l'animé de Tezuka Osamu

 L’anecdote sur Osamu Tezuka que racontait Toshio Okada alias « Otaking »(critique de dessins animés, le fondateur de GAINAX) était intéressante. J’aimerais bien la résumer et la présenter.
 Dans les années 1970, une chaîne de télévision a demandé à Osamu Tezuka de créer une animation de deux heures pour une émission spéciale qu’elle diffusait chaque année. Le studio d’animation de Osamu Tezuka « Mushi Production » avait déjà fait faillite. Tezuka, qui avait appris par cet échec, avait juré qu’il ne toucherait plus jamais à l’animé et qu’il se concentrerait uniquement sur le manga. Mais Tezuka était vraiment passionné par l’animation et il ne lui a pas fallu une seconde pour oublier son serment. Tout content, il a accepté cette proposition. C’est ainsi que Tezuka a dû fabriquer un film d’animation de deux heures chaque année de 1978 à 1984 pour cette émission spéciale.
 Le premier long-métrage qu’il a créé s’intitulait « Le Prince du soleil ». Toutefois, la fabrication de cette œuvre était infernale. À la création du « Prince du soleil », Tezuka s’est chargé tout seul du scénario, du storyboard, du dessin et de l’animation. Comme ses employés le pressaient en disant que la fabrication était largement en retard, alors que Tezuka n’avait pas fini le scénario, il a commencé à écrire le storyboard et par la suite, il dessinait lui-même et animait lui-même ses dessins. Malgré cela, la fabrication était loin d’être achevée. D’ailleurs, à l’époque, le Dieu du manga dessinait simultanément plusieurs séries de manga. Ne pouvant plus supporter cet enfer, deux mois avant la diffusion, l’assistant producteur s’est évaporé et il n’est jamais revenu.
 La situation devenait désespérée. La cause principale de ce gros problème, c’est que Tezuka s’occupait de tout alors que l’animation est un travail collectif. Avec les autres animateurs, Tezuka a fait une réunion. Le Dieu du manga a demandé à ses employés de faire état de la situation de leurs travaux pour savoir quelle partie était en retard. Après avoir écouté tout le monde, Tezuka a dit avec un grand sourire : « Je vais m’occuper de ça, de ça aussi, de ça aussi, de ça aussi ! ».
 Depuis que l’assistant producteur a disparu, Tezuka travaillait tous les jours presque sans dormir. Ses collègues ne pouvaient rien lui reprocher parce que c’était lui qui travaillait le plus. Mais même le Dieu du manga ne supportait pas toujours la pression. De temps à autres, il fuyait dans une autre pièce pour dessiner les séries de manga pour différents magazines. S’il était las des mangas, il revenait pour travailler sur l’animation.
 Finalement, l’équipe a terminé l’animation. Avec Tezuka, ils l’ont projetée en avant-première. Tezuka a dit « Retake ! Cette scène aussi ! Retake ! Cette scène aussi Retake ! Retake ! ». Tezuka a ordonné de refaire presque toutes les scènes.
 Grâce aux efforts surhumains de Tezuka, enfin, « Le Prince du soleil » a été achevé littéralement au tout dernier moment. À l’époque, l’animation était enregistrée sur une « pellicule ». Comme c’était un animé de deux heures, cela faisait environ 10 rouleaux de pellicule trente-cinq poses. On dit que pendant qu’on diffusait le premier rouleau, le dernier n’était pas encore livré à l’émission.
 « Le Prince du soleil » de Tezuka a fait l’audimat le plus haut de l’émission, qui était de 28 %. Cependant, il y avait là une seule personne qui n’était pas contente. C’était Tezuka. « Retake ! », a-t-il dit. Alors que le film a déjà été diffusé (donc c'était complètement inutile), Tezuka a continué de travailler dessus afin d’améliorer la qualité. Cette version complète a été diffusée seulement dans quelques régions plus tard. Toshio Okada conclut que le succès du « Prince du soleil » n’était pas forcément une bonne chose car à cause de ce succès, Tezuka a dû créer un film d’animation de deux heures chaque année pendant six ans, et que s’il n’avait pas fait autant de travaux, il aurait peut-être pu vivre plus longtemps.
 Toshio Okada dit qu’il a entendu cette anecdote de Hiroaki Inoue, qui était membre de l’équipe du studio d’animation de Tezuka. À l’époque, Inoue était nouveau, mais comme ses collègues tombaient l'un après l'autre, il a été nommé « assistant producteur ». Inoue a raconté cette histoire à Okada comme une « histoire effrayante ». Il lui a dit : « Okada, ne gâte pas Anno (le réalisateur d’Évangelion) ! Il faut toujours lui faire finir le storyboard et le scénario en avance ! ». Okada a trouvé cette anecdote drôle. Il a rassemblé tous les membres de l’équipe d’animation de GAINAX pour la raconter. Ils ont tous éclaté de rire.
 Le lendemain, l’air mécontent, Inoue est venu vers Okada. Ce premier lui a dit : « Okada, ce n’est pas une histoire drôle ! ». Okada dit que tout cela était très drôle et qu’il ne pouvait s’empêcher de rire.

mercredi 15 janvier 2020

La chambre de torture

 Comme mes lunettes se sont cassées, j’ai dû me rendre dans une chambre de torture. La chambre de torture était située dans un village où je n’étais jamais allé. Je n’avais jamais entendu le nom de ce petit village. Je n’avais pas d’autre choix que d’y aller car aucune chambre de torture n’était disponible sur Strasbourg. 
 Dès que ma colocataire et moi sommes arrivés à la chambre de torture, j’ai donné ma carte vitale à la réceptionniste qui avait un accent en français. Ensuite, nous avons attendu notre tour dans la salle d’attente remplie de personnes âgées. Lorsque l’heure de notre rendez-vous a été dépassé de quinze minutes, une médecine a appelé mon nom : « Madame XXX » bien que je ne sois pas une dame et que je ne l’ai jamais été. Dans son cabinet, il y avait plusieurs instruments de torture. Elle m’a dit de mettre ma tête sur une appareil doté de deux petites fenêtres rondes par lesquelles je voyais une minuscule lumière verte. La lumière alternait entre floue et nette. À un moment, de l’air est sorti de l’une des fenêtres et a percuté mon œil. C’était la première torture. J’ai eu peur et pleuré. Par la suite, j’ai dû subir la même chose avec mon autre œil. Comme j’avais peur de l’air qui sort soudain, je voulais fermer les yeux, mais j’étais obligé de les garder écarquillés. La deuxième torture était plutôt divertissante. J’ai mis ma tête sur un appareil semblable, et cette fois, je voyais une image de montgolfière qui alternait entre floue et distincte. C’était exactement la même image dans les chambres de torture du Japon. Pourquoi cela doit être une image de montgolfière et pas autre chose ? Pourquoi, par exemple, cela ne peut pas être une image de Donald Trump qui répète à flou et distincte ou qui s’approche et s’éloigne ?
 Après cette torture, la torture de lire des lettres minuscules m’attendait. Si je disais que je ne voyais pas trop, on m’a dit d’essayer quand même. C’était la dernière torture. Dans la chambre de torture au Japon, j’avais subi d’autres types de torture. Une fois, on a mis une goutte d’eau dans mes yeux. Après ce traitement, tout était ébloui et je suis devenu aveugle. Je ne voyais plus rien pendant des heures.
Cette fois, c’était la chambre de torture des yeux. Je voudrais éviter coûte que coûte d’aller dans la chambre de torture des dents.

mardi 14 janvier 2020

Steve Jobs


Le professeur de cours de méthodologie de traduction ressemble si fortement à Steve Job que tout le monde l’appelle Steve Jobs et que personne ne connaît son vrai nom. Que Steve Jobs soit conscient de sa ressemblance avec Steve Jobs ou non, Steve Jobs porte souvent un pull noir comme Steve Jobs. Lorsqu’il présente son powerpoint avec un pointeur, j’ai l’impression d’assister à la présentation du nouveau modèle de l’iphone.
La semaine dernière, j’avais le contrôle final de ce cours. Les questions étaient plutôt simples. Comme j’ai terminé vite de composer, il me restait beaucoup de temps. Je m’ennuyais. Si je levais la tête, je voyais Steve Jobs parler à voix basse avec un autre professeur. J’ai dessiné son portrait dans la marge de la feuille du sujet. En le dessinant, je m’amusais de plus en plus. J’ai ajouté une bulle dans laquelle j’ai écrit : « Aujourd’hui, je vous présente le nouveau modèle de l’iphone… ».
Quelques instants plus tard, le moment était venu de rendre ma copie. Je me suis levé avec ma copie et j’ai rejoint mes camarades qui faisaient la queue. À ce moment-là, j’ai entendu une fille dire : « Faut-il rendre le sujet ? ». J’ai eu peur. Sur mon sujet, était dessiné le portrait de Steve Jobs. Devant moi, Steve Jobs demandait aux étudiants d’émarger avant de partir. J’ai essayé de voir s’ils rendaient le sujet mais en vain. J’ai fait travailler mon cerveau davantage que pendant que je composais. Que faire ? Le moyen le plus réaliste, c’est de feindre de ne pas avoir le sujet. S’il me demandait de rendre le sujet, j’aurais l’air de n’avoir jamais eu le sujet en faisant une tête qui voudrait dire : « Un sujet ?  Qu’est-ce que c’est ? je n’ai jamais entendu ce mot. Est-ce un mot français ? ». Ainsi, je parviendrais à embrouiller l’esprit de Steve Jobs. Il se dirait que c’était peut-être lui qui se trompait et que le mot « sujet » n’existait pas en français. Ou le moyen le plus simple, c’était sans doute de faire semblant de l’avoir perdu. Je ferais semblant de fouiller dans mes poches et mon sac à dos et monologuerais pour qu’il l’entende : « Ah, c’est étrange…alors qu’il était là à l’instant… ». Le dernier moyen, c’était d’exploser afin de protéger le document confidentiel des mains de l’ennemi.
Mon tour d’émarger est venu. J’ai rendu ma copie tout en froissant le sujet dans une poche de mon manteau. Finalement, Steve Jobs ne m’a pas demandé de le rendre.


dimanche 5 janvier 2020

Les pires nouvel an et la Saint-Sylvestre

Nous sommes en 2020. La sonorité et la graphie du mot « 2020 » a l’air très moderne. L’année 2019 était pour moi riche en changements. J’ai dû trouver un appartement et déménager. J’ai commencé la sculpture, ce qui m’intéressait depuis longtemps. De plus, j'ai commencé mon master. Ce qui est dommage, c’est que je n’ai pas eu suffisamment le temps de lire. J’espère que j’en aurai davantage en 2020. Mais le commencement de cette année n’est pas de bon augure. J’étais malade le jour de la Saint-Sylvestre. J’avais une fièvre assez élevée. Je suis resté cloué au lit, souffrant d’une série de cauchemars et en entendant les pétards. J’avais mis tout le chauffage de chez moi, mais j’avais froid. Ce dont je souffrais le plus, c’étaient les douleurs intestinales. Au final, je souffrais trop et ça m’a littéralement fait rire sans savoir pourquoi. J’ai même dansé. La fièvre a duré pendant quelques jours. Au moment où j’envisageais d’aller à l’hôpital, elle a baissé. Mais même après cela, j’avais toujours si mal au ventre que j'ai cru qu’un fœtus de Alien allait en sortir et je ne pouvais guère manger. Maintenant je suis presque guéri. C'est ma colocataire qui souffre du maux au ventre, clouée au lit.
À propos, lorsque j’étais chez mes parents au Japon, le repas de la Saint-Sylvestre se composait toujours de sushis et de crabes. Mais récemment, j’ai appris que c’est uniquement dans Hokkaidô qu’on mange traditionnellement des sushis le jour de la Saint-Sylvestre.