lundi 29 avril 2019

''Une pensée sur Darth Vader'' Sachiko Kishimoto


 Darth Vader dort-il la nuit ?
 Depuis que je me suis posé cette question il y a deux semaines, je ne peux m’empêcher de penser à Darth Vader.
 Darth Vader termine ses corvées quotidiennes du mal et se retire dans sa chambre à la fin d’une journée. Où se trouve sa chambre ? Sur l’Étoile de la mort ? Ou dans un immense vaisseau spatial ? À quel point est-elle spacieuse ? Comme c’est un personnage important, je pense que sa chambre correspond à une pièce d’environ trente tatamis. Ou comme il n’y a sans doute pas assez d’espace dans le vaisseau spatial, ne serait-ce qu’une modeste pièce d’environ six tatamis ?
 Le décor est-il noir uni ? Les murs sont noirs. Le plafond est aussi noir ainsi que le tapis. Euh, j’ai l’impression qu’il n’y a pas de tapis. Le plancher est peut-être en linoléum noir, sinon en marbre. Son bureau est noir. Son fauteuil aussi. Les rideaux…peut-être qu’il n’y en a pas.
 Après avoir terminé ses tâches du mal Darth Vader se retire dans sa chambre à la fin de la journée. Les portes automatiques se ferment. À quoi pense-t-il lorsqu’il se trouve seul ? Lui arrive-t-il de se dire : « Je suis fatigué » ? Soupire-t-il ? Mais non, Darth Vader respire toujours en faisant le fameux bruit « khshouuu » « khsouuuu ». Son soupire se fondra sans doute dans ce bruit.  
 Darth Vader se retire dans sa chambre à la fin de la journée. Il enlève son manteau noir et le suspend à un cintre. Il enlève ses gants et les met sur la table. Enlève-t-il aussi ses bottes ainsi que la sorte d’armure qu’il porte sous son manteau ? En se déshabillant, à quoi pense-t-il ? Le soir, a-t-il, comme tout le monde, ce moment où l’on erre distraitement dans ses pensées ? Si cela lui arrive, s'agira-t-il d'être ballotté entre son méchant supérieur qui le critique au sujet de la construction retardée de l’Étoile de la mort et ses subordonnés incompétents ? Ou a-t-il déjà perdu toute émotion et le bruit de sa respiration retentit-il vainement dans son esprit vide ?
 Et son casque. Je pensais qu’il était complètement collé à sa tête, mais j’ai appris qu’en réalité, il peut l’enlever. Sous son casque se cachait le visage d’un homme ordinaire. Comment se sent-on quand on porte le casque et qu’on entend sa respiration toute la journée ? L’intérieur de son casque ne devient-t-il pas humide ? N’est-il pas mouillé par les sécrétions grasses de sa peau ou par sa sueur ? Lorsque Darth Vader se trouve seul dans sa chambre, enlève-t-il son casque ? Est-il soulagé lorsqu’il sent l’air frais sur son visage, à la fin de la journée, sans le masque ? Se lave-t-il le visage et le crâne ? La nuit, dort-il à côté de son masque ?
 Ou sans enlever ni ses bottes ni son manteau ni ses gants, dort-il debout avec son casque ? Ou comme c’est un cyborg, n’a-t-il pas besoin de dormir et travaille-t-il sans répits sur ses tâches du mal ?
 Au fait, selon une personne que j’ai vue récemment, le thème musical de Darth Vader a des paroles. Les voici :
 Darth Vader, noir.
 Darth Vader, terrifiant.

lundi 22 avril 2019

Le Planétarium (1)

1. Le téléphone a sonné 

 Cet après-midi, tandis que je traduisais un document sur la saturnie, mon téléphone portable a sonné. Elle sonnait de manière étrange comme si elle parvenait du fond d’un puits qui se trouve quelque part dans la forêt. J’ai essayé de l’ignorer et continuer de traduire le texte. « Les larves de la saturnie n’apparaissent qu’une fois dans l’année. Elles passent l’hiver en état d’œuf. Après avoir mué quatre fois, elles se mettent à former des cocons émeraude…… ». Le téléphone ne cessait de sonner pendant ce temps. J’ai arrêté mes mains un instant et j’y ai jeté un coup d’œil. Sur l’écran, il était affiché seulement : « Chauve-souris ». Ce nom ne me disait rien. Au moment où je l’ai remis sur le bureau, la sonnerie a cessé. Après un bip, le locuteur s’est mis à laisser un message. Sa façon de parler aussi était étrange. C’était comme si on mettait une cassette audio à l’envers et j’ai dû me concentrer pour comprendre ce qu’il disait.  
« Allô, allô. Vous êtes là ? Hé, hé, hé. Je sais bien que vous êtes là. Vous êtes assis sur le bureau. Vous étiez en train de travailler, n’est-ce pas ? Ou sinon vous lisiez un livre. Peu importe. En tous cas, je sais bien que vous m’écoutez laisser ce message sur votre téléphone. Oups, pardon. J’ai trop parlé. C’est ma mauvaise habitude. En fait, j’ai un travail à vous présenter. Si vous êtes disponible, venez à l’adresse suivante : 16 Rue du……».
 Un bip a sonné de nouveau. La fin du message. 
 J’allais supprimer ce message, mais il y avait quelque chose d’intrigant. Cet homme parlait comme s’il savait tout ce que je faisais. J’ai relevé le store, mais personne ne me guettait dans les rues. J’ai regardé le judas, mais le couloir était désert. J’ai regardé les coins du plafond, mais il n’y avait pas de caméra. Je réfléchissais trop. Si je me rendais à cette adresse, que se passerait-t-il ? De quel travail s’agit-il ? Après que j’ai terminé mes études à l’université, je travaillais en faisant de petits boulots comme cette traduction sur la saturnie. Si ce travail était terminé, je devais chercher un autre travail. Aller chez la Chauve-souris ne semblait pas une mauvaise idée. Elle n’a pas déterminé la date du rendez-vous. J’ai attendu qu’il m’appelle de nouveau, mais en vain. 
 C’était une semaine plus tard que je suis allé à cette adresse. Je l’ai entrée dans le moteur de recherche de Google Map. Cependant, il n’y avait rien sur la photo aérienne. L’endroit où le bâtiment devait se trouver n’était qu’un espace entre deux immeubles. Je me suis convaincu que la photo était ancienne, ou l’homme s’était trompé de l’adresse. 
 J’ai pris le métro et je suis descendu à quatrième arrêt. C’était un quartier où je n’étais jamais allé. Il y avait un parc d’attraction fermé il y a longtemps. Au loin, je pouvais apercevoir une grande roue toute rouillée grincer dans le vent. Passé par une rue marchandise dont la plupart des magasins étaient fermés, près de l’ancienne carrière, le bâtiment que l’adresse indiquait, mais qui n’existait pas sur la carte, se trouvait.
 C’était un vieux bâtiment en bêton. Les murs, couverts par des lierres étaient fissurés par-ci et par-là. Quelques fenêtres brisées étaient réparées avec des rubans adhésifs. À première vue, l’immeuble ressemblait à une ruine. J’ai aperçu une lueur à l’autre côté d’une fenêtre. J’ai poussé la porte de fer principale qui s’est ouverte en faisant un grincement terrible ressemblant aux cris stridents d’une femme dans un film d’horreur merdique. L’intérieur était obscur. J’ai cherché le bouton de lumière à tâtons. Après avoir crépité quelques fois, les lampes fluorescentes ont éclairé les alentours de sa lumière verdâtre. À droite, il y avait des boîtes aux lettres en fer desquelles débordaient une multitude de prospectus et de journaux. J’en ai pris un journal pour voir la date. Il datait d’il y a plus de cinquante ans. Au fond, un ascenseur se trouvait au centre. Avant que je m’appuie sur le bouton, l’ascenseur est descendu tout seul. La porte s’est ouverte, mais il n’y avait personne à l’intérieur. Le vieux miroir collé au mur reflétait mon visage apathique. Je suis monté dedans, et j’ai découvert qu’un bouton était déjà allumé.
 Je suis descendu sur le septième étage. Dans le couloir, des plaques illisibles étaient pendues sur quelques portes. Le panneau vert indiquant la sortie du secours clignotait. Je me suis aperçu d’une lumière orange qui s’infiltrait d’une porte. J’ai eu l’impression que la Chauve-souris était là. 
 Dans cet immeuble délabré, cette porte avait une aura particulière. D’abord, elle était ornée de décoration d’or méticuleuse et somptueuse comme dans un palais. À côté, il était écrit en rouge : « Agent de placement privé : La Chauve-souris ». J’ai sonné à la porte. Mais personne ne me répondait. J’ai appuyé mon oreille contre la porte. J’ai entendu quelqu’un parler en téléphone. Un instant plus tard, la porte s’est ouverte. Un homme d’un certain âge, aussi petit qu’un enfant de douze ans, se tenait debout en souriant, et m’a dit d’entrer. 
 Il n’y avait qu’une pièce à l’intérieur. Le sol était couvert d’un tapis rouge. Il y avait une grande table en face de la fenêtre de laquelle on pouvait voir la grande roue. Au milieu de la pièce, il y avait un divan en cuir. Les murs étaient couverts par les étagères qui atteignaient le plafond. 
 Je me suis installé sur la chaise devant la table. Le nain a sorti un épais dossier de l’une des étagères et a posé sur son bureau. Il a tourné les pages avec ses doigts potelés en marmonnant quelque chose d’incompréhensible. Alors que son corps était obèse, sa tête était disproportionnellement petite. Le sommet de son crâne était chauve, ses yeux était strabiques et le centre de son visage était saillant. Dix personnes sur dix diraient qu’il ressemblait à une chauve-souris.
 Il a arrêté ses mains sur une page et a toussé quelques fois. « Pardon, pardon, a-t-il dit. Je vous attendais. Et alors, vous êtes quand même intéressé par mon message ? 
- Qui êtes-vous ? 
- Je ne vous avais pas encore dit mon nom. Voici, c’est mon nom », a-t-il dit en me donnant sa carte de visite. Le morceau de papier était un peu jauni. Il y avait une tache étrange sur le bout.
« Je suis agent d’emplois, a-t-il continué. En bref, mon travail se constitue de présenter des personnes disponibles à mes clients. Mes clients me demandent diverses missions. Certaines personnes cherchent quelqu’un qui peut tordre la pelouse de leur jardin. D’autres demandent de nettoyer leurs maisons. De temps en temps, il y a des demandes étranges. Écrire une lettre d’amour ou de plainte, chercher un certain insecte rare etc. Et mon travail, c’est de chercher la personne idéale, appropriée, parfaitement adéquate, pour accomplir la demande de mes clients, vous voyez. 
- Mais pourquoi vous avez mon numéro ? Je me suis jamais inscrit dans ce genre d’agence…, ai-je demandé.
- Vous savez, Monsieur. De nos jours, il n’y a pas de secret. En quelque sorte, nous sommes tous surveillés. Votre historique d’achats sur Internet est conservé quelque part. Dans les rues, les caméras de surveillance nous surveillent où que ce soit. De la même manière, moi aussi, j’ai des connections qui me permettent d’identifier une personne idéale pour une tâche. » 
 Il y avait une sonorité étrange dans sa voix. C’est comme si j’écoutais un enregistrement automatique. Jusqu’ici, il a dû répéter la même phrase encore et encore. L’apparence physique plutôt pauvre de l’homme dans cette pièce somptueusement décorée me faisait perdre la sensation de la réalité. 
« Et si je refusais ? lui ai-je dit après avoir réfléchi un instant.
- Vous ne refuserez pas », m’a-t-il dit. Ses prunelles noires brillaient. Qu’est-ce qu’il connaissait ? Il semble que cet homme connaissait tout sur moi, ou sur la ville. La nuit, il devait se transformer en une vraie chauve-souris. Il volait dans le ciel nocturne, pour épier la vie des habitants par les fenêtres de tous les appartements. Un silence a régné dans la pièce. Au bout d’un moment, il a rouvert la bouche :
« Ma cliente souhaite vous voir. 
- Qui est-ce ? 
- Je ne suis qu’un intermédiaire. J’approche le demandeur et le fournisseur et rien de plus. Si vous êtes intéressé, rendez-vous à cette adresse demain », a-t-il dit en me tendant une note, sur laquelle il était écrit une adresse d’une écriture tremblante à l’encre bleue. 
« Est-ce que je peux poser une question ? ai-je demandé, au moment de quitter la pièce. 
- Je vous en prie ! 
- De quel type de travail s’agit-il ? 
- Répétiteur ». 
 Et la porte s’est fermée. 

dimanche 21 avril 2019

Enseigner le japonais


 Plusieurs mois se sont écoulés depuis que j’ai commencé à enseigner le japonais. Il y a longtemps, j’avais mis sur un site une annonce disant que je souhaitais enseigner le japonais, et je l’avais vite oublié. Un jour, une inconnue m’a envoyé un message sur Facebook Messenger. Elle me demandait si j’étais la personne qui avait mis cette annonce. En effet, c’était moi. Elle m’a dit qu’avec un ami, elle cherchait quelqu’un qui pouvait leur apprendre le japonais parce que leur précédent professeur avait déménagé à Bordeaux. Comme je suis honnête ou tout simplement parce que je ne sais pas mentir, je lui ai dit que je pouvais essayer, en soulignant que ma spécialité est le français, et pas le japonais.
 On s’est alors rencontrés dans un café. Je lui ai demandé comment leur professeur précédent organisait ses cours. Elle m’a dit qu’elle et son ami suivaient le manuel de japonais « Minna no nihongo », qui coûte cher. J’ai eu l’impression qu'enseigner le japonais était assez simple. C’était fin 2018. Les cours ont commencé l’année suivante.
J'ai utilisé le manuel avec mes deux élèves au premier cours. Malgré mes quelques maladresses, tout s’est bien passé. Pendant le deuxième cours, je me suis rendu compte d’une chose importante : je ne connaissais rien de la grammaire japonaise. Mes élèves m’ont posé des questions ; j’ai réfléchi, sans trouver de réponse. « Désolé, je ne sais pas », leur ai-je dit, dépité.
 Depuis ce jour-là, j’ai ressenti le besoin de « organiser » mes cours. J’ai commencé à étudier ma langue maternelle dont j’ignorais beaucoup de choses. Je ne savais pas qu’il y a deux types d’adjectifs en japonais, ceux qui se terminent en i et ceux qui se terminent en na. Je ne savais pas qu’il y a en gros trois types de verbes. Je ne savais pas qu’il n’y a que deux temps en japonais, le présent et le passé, car le futur et le présent se confondent dans cette langue. Je ne savais pas qu’il n’y a pas de concordance des temps. Je pense que mes amis français en LLCE ou LEA de japonais connaissent la grammaire japonaise beaucoup mieux que moi. Ainsi, j’ai compris qu’apprendre, c’est enseigner, et qu’enseigner, c’est apprendre.


lundi 15 avril 2019

Les droits de l'homme


 Le 26 août 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen a été adoptée. Elle constitue non seulement la notion fondamentale de la Révolution française, mais cette loi qui a reconnu pour la première fois les droits de l’homme, a laissé des influences considérables sur notre société actuelle. À l’époque, le terme « citoyen » désignait uniquement les hommes blancs de sorte que le droit des gens de couleur et des femmes n’était pas garanti par cette déclaration. Toutefois, depuis lors, la France n'a cessé de développer la notion de droits de l’homme. Elle a accueilli jusqu’ici des réfugiés de diverses origines comme les espagnols fuyant la guerre civile, les africains victimes du désastre politique de leurs nations ou les chinois se sauvant du maoïsme. En 1981, sous le gouvernement de François Mitterrand, l’Assemblée nationale a adopté l’abolition de la peine de mort. Aujourd’hui, plus de la moitié des citoyens français sont contre la peine capitale, ce qui montre que la conscience sur les droits de l’homme est répandue au sein du peuple. En 2017, le Président de la République a annoncé que l'Hexagone allait accueillir 10 000 réfugiés dans deux ans. Ainsi, nul ne doute que la France est un pays des droits de l’homme, gardienne de l’humanité.

 Toutefois, j’écris cet article dans le but de dénoncer. Dénoncer que dans ce pays des droits de l’homme a commis une terrible transgression de cette notion humanitaire : celle de faire commencer le premier cours de la journée à 8 heures. Je ne peux pas supporter qu’on arrache ma peau à la chaleur de la couette pour me faire marcher dans des rues froides où il fait encore nuit. Ma tête est endormie ; mon corps engourdi par le sommeil bouge mécaniquement comme une automate. Personne ne marche dans les rues parce qu’il est trop tôt, tout simplement. Il n’y a même pas de personne âgée insomniaque qui traîne son chien. Ainsi, j’arrive à l’université, à moitié endormie. Je m’assois à une place. Le professeur parle blablabla et je ne comprends rien. Vers dix heures, un trou noir immense naît dans mon estomac ; une fringale. C'est alors que mon ventre pousse des gémissements douloureux. Tout cela, c’est parce que je me suis levé trop tôt le matin. Même au Japon où les gens travaillent comme des fourmis, le premier cours commence le plus souvent à 9 heures. Je le dis haut et fort : je ne veux plus me lever tôt le matin. Mon caractère conciliant ne me permet pas d’exiger une grasse matinée, mais je veux que le premier cours commence à 9 heures.

vendredi 12 avril 2019

La visite


 L’agent immobilier que j’ai contacté m’a proposé de se voir devant l’appartement qu'il allait me faire visiter, le 11 avril 2019 à 12h05. Je suis arrivé devant ce bâtiment à quinze minutes en avance. C’était un endroit que je connaissais bien, près de la gare centrale, juste à côté du centre commercial les Halles. Devant, il y avait une boutique qui s’appelait « Japan Shop ». Je n’avais pas de livre sur moi. Je n’avais rien. Je n’avais qu’un portable. J’ai attendu l’agent immobilier dehors, en observant des gens. Des filles passaient ; des personnes âgées marchaient lentement ; des jeunes qui avaient des allures de voyous déambulaient. Puis d’autres filles passaient ; d’autres personnes âgées marchaient lentement ; d’autres jeunes qui avaient des allures de voyous déambulaient. Au bout de quinze minutes, une femme souriante peut-être dans sa trentaine marchaient vers moi, et m’a tendu la main. L’agent immobilier que je croyais être homme était en fait une femme. Nous avons monté les escaliers étroits et elle m’a fait visiter l’appartement. Il y avait deux pièces assez spacieuses, et une autre pièce avec une douche et un lavabo. Elle a ouvert les fenêtres et m’a fait voir ce qu’il y avait dehors. Je voyais le bas de la rue où j’avais attendu l'agent immobilier tout à l’heure et le « Japan Shop », ainsi que des gens qui entraient dans les Halles. Je me suis projetté dans ce deux-pièce, j'ai imaginé que je dormais, que je lisais ou que j’observais des passants depuis la fenêtre. Elle m’a demandé ce que je pensais de cet appartement : « C’est sympa », ai-je dit, en répétant ce qu’elle avait dit lorsqu’on est entré dans l’appartement, mais comme j’ai jugé que mon commentaire était trop sec, j’ai ajouté : « Les loyers sont pas chers et l’appartement est très bien situé ».
 Dans l’ensemble, le logement avait l’air bien, même s’il y a le « Japan Shop » devant, j’ai l’impression d’être surveillé et que j'éprouve une certaine pression inexplicable. J'ai dit à l’agente que je voulais visiter aussi d’autres appartements. Nous nous sommes de nouveau serré la main, comme il y a six minutes lorsque nous nous étions rencontrés. Je me suis mis à marcher en direction de la place Kléber.

jeudi 11 avril 2019

Une fille m'a dit que je ressemble aux personnages d'Ionesco, mais qu'est-ce que cela signifie ? Je lui ai demandé ce qu'elle entendait par là, mais elle ne m'a rien dit tout en gardant un beau sourire au coin de ses lèvres.


 Je ne sais pas combien de dissertations j’ai écrit depuis que je suis entré à l’université. J’en ai écrit beaucoup, mais je ne me souviens plus de ce que j’ai développé dedans. Une fois, dans un sujet de dissertation où on interrogeait sur l’utilité de la littérature, j’ai écrit que les livres sont essentiellement faits de papier de sorte qu’on peut en faire des origamis. C’est la seule chose dont je me souviens. Je ne sais pas où toutes ces dissertations que j’ai rédigées sont allées après être passées aux mains des professeurs. Certains enseignants proposaient de rendre aux étudiants leurs dissertations. Je suis allé récupérer mes copies uniquement lorsque je savais d’avance que j’avais de bonnes notes (c’était plutôt rare), sinon je les ignorais. Je ne sais pas ce qu’ils ont fait de mes dissertations. Peut-être en ont-ils fait un ragoût et les ont mangées. Certains ont peut-être encadré ma dissertation et l’ont accrochée au mur. Peut-être d’autres l’ont-ils jetée à la poubelle ou bien mes œuvres imparfaites dorment-elles toujours dans leur bureau. C’est ainsi que tout en préparant les quelques examens qui me restent à passer, je pense aux dissertations que j’ai écrites jusqu’ici.
 Ces derniers temps, je me sens fatigué. Parce que j’ai des examens et que je dois apprendre par cœur les titres de livres que je ne lirai sans doute jamais. Parce que je cherche un logement pour ne pas dormir dans la rue à partir de l’année prochaine. Parce que j’ai passé le TOEIC. Parce que je postule à plusieurs masters. Parce que je ne veux pas me lever tôt le matin. Dans mes rêves, je parle souvent avec un chat.

mercredi 10 avril 2019

Mon anniversaire


 Aujourd’hui, c’était mon anniversaire. Je suis allé au restaurant avec ma copine et nous avons regretté ma naissance qui avait eu lieu il y a déjà plus de vingt ans. Mais lorsque j’y pense, aujourd’hui n’a rien à voir avec mon anniversaire. Je n’ai pas de copine. Je ne suis pas allé au restaurant.


lundi 1 avril 2019

L'Eva n'est pas un robot


 Je répète encore et encore que l’Evangelion n’est pas un robot. Je répète : l’Evangelion n’est pas un robot. Astro Boy est un robot. Doraemon est un robot. Gundam est un robot. Mais l’Evangelion n’est pas un robot. L’Evangelion est un humain artificiel gigantesque.
 C’est son armure qui fait ressembler l’Éva à un robot. En réalité, il est fait de chair et d’os, et il saigne lorsqu’il est blessé. Dans la série télévisée, lorsque l’Eva 01, piloté par Shinji Ikari, se bat contre le quatorzième Ange, Zeruel, il est amputé du bras gauche duquel jaillit une fontaine de sang. Par la suite, l’Eva 01 arrache l’un des bras de cet Ange, et s’en sert pour régénérer son bras perdu. À ce moment-là, ce bras ressemble à celui d’un être humain sans armure. Sinon, dans « Evangelion : 2.0 You Can (Not) Advance », l’Eva 01 manipulé par le Dummy Plug, massacre totalement l’Eva 03, et on voit des organes et une abondance de sang de l’Eva 03 éparpillés dans toute la ville. Il y a de nombreuses autres scènes qui montrent que les Eva sont des humains artificiels (la scène où l’Eva 02 est massacré par des Eva de production en masse etc.), mais je ne cite pas tout.
 À propos, chaque Eva comprend l’âme de la mère de son pilote (sauf l’Eva 00 dont on ne sait pas grand chose). L’Eva 01 comprend donc l’âme de la mère de Shinji, Yui Ikari, morte d’un accident lors de l’expérience de l’activation de l’Eva. (C’est par exemple la raison pour laquelle Gendo Ikari, lorsque le Dummy Plug est rejeté par l’Eva 01, murmure : « Pourquoi tu me rejettes, Yui ? »). Rei Ayanami est l’hybride de Yui et de l’un des premiers Anges, Lilis, de sorte qu’elle est le sosie de la mère de Shinji, et c’est pourquoi Gendo la traite d’une manière particulière. Il est froid avec Shinji parce qu’il est « jaloux ». Lorsque l’armée de défense attaque le siège de NERV, il dit : « je n’ai jamais éprouvé d’amour paternel envers Shinji voire même je le haïssais en tant qu’être qui a m’a privé l’amour de Yui ». Le Plan de la complémentation de l’humanité a pour objectif d’unifier tous les êtres humains et d’en faire un seul être harmonieux. « The End of Evangelion » permet de comprendre que les êtres humains « complétés » se transforment en un liquide orange, appelé LCL. On peut alors approximativement dire que les SEELE et Gendo Ikari partagent le même objectif, celui de « compléter l’humanité ». Toutefois, tandis que les SEELE cherche l’ascension de l’humanité et l’émancipation du péché original, Gendo veut seulement revoir Yui dans un monde où l’humanité est réunie en un seul être. Si on ne saisit pas cet élément, la série télévisée serait totalement incompréhensible.
 Il y a une autre chose sur laquelle je veux insister : je préfère mille fois Asuka à Rei. On m’a dit qu’avec l’âge, on commence à aimer Misato. Pour l’instant, je trouve qu’Asuka est la plus attrayante de toutes les héroïnes.