vendredi 19 juillet 2019

Le Planétarium (6)


 Chez moi, je songeais à ce que j’ai vu aujourd’hui. L’image de la tache rougeâtre répandue sur la poitrine de la jeune fille ne me quittait pas l’esprit. Ce qui s’était passé dans la grande maison était anormale. La fille dénuée de conscience était traitée comme une poupée de taille humaine. La domestique et la propriétaire de la maison ne semblaient pas s’en soucier. Combien de temps vivent-elles ainsi ? Je me suis demandé ce que je pouvais faire. Dire à la propriétaire que je ne pourrais pas continuer ce travail ? Téléphoner à la Chauve-souris ? D’ailleurs, c’était à cause de cet agent d’emploi que tout cela avait commencé. Mais j’avais l’impression que ça ne servirait pas à grand-chose. Je pouvais l’imaginer me dire : « Écoutez bien, Monsieur. Je ne suis qu’un entremetteur. C’est vous qui avez accepté cette offre d’emploi ». En même temps, j’avais une préoccupation financière. Ce travail de répétiteur me payait très bien. De plus, je pouvais faire ce que je voulais pendant mon temps libre. Même si je cherchais un autre travail, la condition ne serait pas aussi bonne que cet étrange travail. 

 J’ai éteint la lampe et je me suis endormi. J’ai rêvé que je dessinais une carte. La carte d’une ville qui n’existe nulle part. 
 Dès le lendemain, mon travail a commencé pour de bon. L’ustensile se trouvait dans le débarras au deuxième étage. Dans la chambre secrète du premier étage, j’ai balayé, puis nettoyé le sol avec un chiffon. Après avoir prix une courte pause, j’ai rempli un bassin d’eau chaude dans le lavabo et j’ai trempé une serviette propre dans l’eau. Ensuite, je devais déshabiller la fille, mais je ne savais pas comment je pouvais le faire. D’abord, j’ai passé ma main dans son dos pour la dresser. Puis, j’ai pris le bord de sa chemise de nuit que ’ai essayé de la faire passer par sa tête. Mais le pyjama s’est coincé à la mâchoire. J’avais oublié de déboutonner. Dès que son encolure a été relâché, ses deux seins de taille moyenne qui avait l’air souples sont apparus. Ensuite, j’ai décidé de lui enlever le vêtement par les manches. J’ai enfoncé les mains frêles de la fille dans les manches pour faire passer ses bras par l’encolure. Ses épaules nues sont apparues. Maintenant je pouvais enlever sa chemise de nuit par la tête. Alors que j’essayais de la lever, la fille a perdu l’équilibre et a failli tomber du lit. J’ai précipitamment soutenu son corps. Sa frange a touché mes lèvres. Ses cheveux étaient un peu gras, mais j’ai senti l’odeur de son shampoing emmêlé de sa sueur. 
 Comme j’ai pris du temps à la déshabiller, l’eau dans le bassin était devenue un peu tiède. J’ai tordu la serviette et je me suis mis à essuyer le corps de la fille. J’ai essuyé son visage, son cou, sa poitrine, son abdomen jusqu’à la plante du pied. Sa peau était mouillée et avait l’air fraîche. Un fils de salive coulait de ses lèvres entrouvertes. 
 De l’armoire, j’ai sorti une nouvelle chemise de nuit. Après en l’avoir habillée, je l’ai couchée et mis une couette dessus. 
 Je me suis assis sur la chaise et j’ai regardé par la fenêtre. Dans une pièce en face, j’ai vu qu’à travers le rideau fin que Madame Alekhine écrivait quelque chose assise à son bureau. Au-dessus, des nuages coulaient lentement dans le ciel d’automne. Le sifflet d’un bateau parvenait du port. 
 Quelques instants plus tard, on a frappé à la porte. Je l’ai ouverte. Madame Koenig est entrée avec un plateau. « Tout va bien ? », m’a-t-elle demandé. « Oui, j’ai essuyé le corps de la fille et j’ai changé son habit », ai-je dit. 
« Aujourd’hui, c’est le jour de bain, m’a-t-elle dit d’un air légèrement déconcerté.
– Je suis désolé. Je ne le savais pas.
- Ce n’est pas grave. On va la baigner demain ». 
 Sur le plateau était mis du pain, de la tête de veau et du café. La cuisine émettait un parfum appétissant. Sur une autre assiette était mise une sorte de souple blanchâtre et visqueuse, ressemblant à de la vomissure. « C’est pour la princesse », a dit la domestique en montrant du doigt la vomissure. J’ai été soulagé. « Après avoir fini, mettez les assiettes devant la porte », m’a-t-elle dit. Après avoir réfléchi un instant, je lui ai posé une question. « Quel est le métier de Madame Alekhine ? ». « Romancière », a-t-elle dit et elle a quitté la pièce.
 Le repas était incomparablement copieux par rapport à ce que je mangeais habituellement. Après avoir terminé mon déjeuner, je me suis installé au chevet de la fille. Avec une cuillère, petit à petit, je lui ai fait avaler la soupe ressemblant à de la vomissure d’un cholérique. Lorsque l’assiette s’est vidée, j’ai essuyé ses lèvres. J’ai posé la vaisselle sur le plateau et l’a mis en dehors de la chambre.

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