Aujourd’hui, je suis allé chez
l’oto-rhino-laryngologiste. Son cabinet se trouvait dans un appartement
ordinaire. La réceptionniste m’a demandé de lui montrer ma carte vitale. Mais
je n’en avais pas. Je n’avais que ma carte d’adhérent de mon assurance privée
MGEL. La réceptionniste m’a dit que c’était bizarre. Je lui ai dit que je
pensais moi aussi que c’était bizarre. Puis elle m’a dit d’attendre dans la
salle d’attente. J’ai tué le temps un lisant un magazine avec Isabelle Adjani
en couverture. L’article que j’ai lu parlait de jeunes auteurs américains
millionnaires. J’ai tourné les pages ; des photos de femmes en lingerie se
succédaient les unes après les autres. À ce moment-là, on m’a appelé.
L’oto-rhino-laryngologiste était une
femme blonde d’un certain âge. Elle m’a demandé ce que j’avais comme problème.
Je suis allergique aux pollens des bouleaux blancs. J’ai le nez qui coule.
Lorsqu’il ne coule pas, il est bouché, lui ai-je dit. Elle m’a demandé de me
coucher sur une longue chaise comme celle qu’on voit chez le dentiste. Ensuite,
elle a pris un instrument fin en aluminium et l’a enfoncé dans ma narine
droite, puis gauche, à l’aide d’une sorte de torche électrique. Pendant qu’elle
observait l’intérieur de mes narines, je me suis dit que je n’ai jamais regardé
l’intérieur du nez de quelqu’un, et qu’il se pouvait que cela ne m’arrive
jamais dans la vie. Mais ce fait ne m'a pas particulièrement déçu parce que je
n'ai pas particulièrement envie de le regarder. Cette oto-rhino-laryngologiste
avait sans doute regardé l’intérieur des narines de plusieurs centaines de
personnes. Elle a retiré l’appareil, et a dit : « Parfait ». Je voulais savoir
ce qui était parfait, mais je me suis tu.
Elle m’a demandé ce qu’on me
prescrivait au Japon. Je ne sais pas, lui ai-je dit. Était-ce un spray et des
comprimés ? m’a-t-elle dit. C’était en fait un spray et des comprimés, lui
ai-je dit. Elle m’a dit qu’elle me prescrivait un spray et des comprimés pour
trois mois. En faisant son ordonnance, elle m’a demandé si je connaissais
quelqu’un qui enseignait le japonais. Après avoir réfléchi un instant, j’ai dit
: « Moi-même » parce que je donne des cours de japonais une fois par semaine.
Elle m’a dit que sa fille voulait apprendre le japonais. « Sinon, à
l’université, il y a le département de japonais », lui ai-je dit. « Elle a onze
ans », m’a-t-elle dit.
Après avoir réglé, je suis allé à
l’agence de MGEL pour demander ma carte vitale. Je ne savais pas que c’était
anormal que je n’en ais pas car je n’étais jamais allé chez le médecin en
France. Une employée qui s’est occupée de moi, une femme d’un certain âge,
corpulente et de bonne humeur, m’a dit que je devais déclarer mon médecin
traitant, et que si je ne le faisais pas, je pouvais avoir des pénalités. J'ai
eu peur et pleuré. Je paye de l’argent pour ne pas payer trop au cas où je
tombe malade, mais il se peut que je doive payer des pénalités parce que je
suis adhérant à une assurance. « Mais il faut que je tombe malade pour déclarer
mon médecin traitant, n’est-ce pas ? lui ai-je demandé. – Oui, mais il faut
déclarer le médecin traitant, m’a-t-elle dit. – Mais il faut que je tombe
malade pour déclarer mon médecin traitant, n’est-ce pas ? lui ai-je demandé. –
Oui, mais il faut déclarer le médecin traitant, m’a-t-elle dit. – Mais il faut
que je tombe malade pour déclarer mon médecin traitant, n’est-ce pas ? lui
ai-je demandé. – Oui, mais il faut déclarer le médecin traitant, m’a-t-elle
dit. – Mais il faut que je tombe malade pour déclarer mon médecin traitant,
n’est-ce pas ? lui ai-je demandé. – Oui, mais il faut déclarer le médecin (…) »
Demain, je reviens chez le MGEL pour
chercher ma carte vitale.
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