Depuis que la relation avec
une amie que je considérais comme mon âme sœur s’est effondrée (ça s’est
terminée comme si un film était soudainement coupé au beau milieu de sa
projection), j'ai la tête dans les nuages. J’ai l’impression de rêver en étant
réveillé. Par exemple, hier matin, j’ai été réveillé par l’alarme de mon
portable. Au moment où j’ai essayé de l'éteindre, ma main a touché un verre qui était posé juste à côté ; il est
tombé et s’est brisé en mille morceaux. Aujourd’hui, j’ai pris comme d’habitude
le tram pour rentrer. J’ai sorti un livre de poche qu’une autre amie m’avait
offert il y a quelques jours. Ce livre s’intitule « Si les chats
disparaissaient du monde ». La personne qui me l’a offert m’a dit qu’elle ne
l’a pas lu, et qu’elle l’a acheté parce que le titre et la couverture de ce
roman (un chaton noir) lui a fait penser à moi. Je connaissais ce livre. C’est
le livre que j’avais acheté pour ma meilleure amie qui ne me parle plus. Je le lui avais offert sans le lire. Et en ce
moment, je lis ce roman, souvent dans le tram. C’est l’histoire d’un homme de
30 ans, solitaire, qui vit avec un chat, Chou. Un jour, il s’avère
qu’il est atteint du cancer en phase terminale et qu’il ne lui reste que
quelques mois à vivre. À ce moment-là, un diable en chemise hawaïenne apparaît
et lui fait la proposition suivante : s’il fait supprimer une chose sur Terre,
sa vie se prolonge pendant vingt-quatre heures. Le héros, qui, selon le diable,
va mourir le lendemain, accepte cette proposition. Il décide d’abord d’effacer
le chocolat du monde, puis le téléphone portable… Voilà, c’est l’intrigue du
livre. Lorsque j’ai relevé mes yeux de la page, j’ai réalisé que le paysage que
je voyais tous les jours était différent de d’habitude. C’est alors que je me
suis rendu compte que j’avais pris un mauvais tram et que j’étais allé jusqu’à
l’arrêt Homme de fer. Descendu du tram, le livre dans la poche de mon manteau,
j’ai dû rebrousser chemin jusqu’à la place de la République.
L’amie
qui m’a offert ce livre avait inséré dans le livre un marque-page sur lequel sont
imprimés un haïku et un calendrier de mai.
« Pourquoi mai ? On est encore en
mars, lui-ai-je demandé.
-
Parce que je sais que tu es né en mai, m’a-t-elle dit.
-
Comment as-tu su que je suis né en mai ? Je n’ai dit mon anniversaire à
personne.
-
J’ai vu ta date de naissance quand les notes d’un examen étaient affichées,
m’a-t-elle dit.
-
Tu sais quel jour je suis né ?
-
Au milieu de mai ?
-
En effet. Devine ».
Elle
a dit 15, 14, 13…en s’approchant petit à petit de la date de mon anniversaire.
C’est pourquoi sur le mini calendrier de ce marque-page, un jour de mai est
entouré d’un petit cercle bleu.
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