1. Le téléphone a sonné
Cet après-midi, tandis que je traduisais un document sur la saturnie, mon téléphone portable a sonné. Elle sonnait de manière étrange comme si elle parvenait du fond d’un puits qui se trouve quelque part dans la forêt. J’ai essayé de l’ignorer et continuer de traduire le texte. « Les larves de la saturnie n’apparaissent qu’une fois dans l’année. Elles passent l’hiver en état d’œuf. Après avoir mué quatre fois, elles se mettent à former des cocons émeraude…… ». Le téléphone ne cessait de sonner pendant ce temps. J’ai arrêté mes mains un instant et j’y ai jeté un coup d’œil. Sur l’écran, il était affiché seulement : « Chauve-souris ». Ce nom ne me disait rien. Au moment où je l’ai remis sur le bureau, la sonnerie a cessé. Après un bip, le locuteur s’est mis à laisser un message. Sa façon de parler aussi était étrange. C’était comme si on mettait une cassette audio à l’envers et j’ai dû me concentrer pour comprendre ce qu’il disait.
Cet après-midi, tandis que je traduisais un document sur la saturnie, mon téléphone portable a sonné. Elle sonnait de manière étrange comme si elle parvenait du fond d’un puits qui se trouve quelque part dans la forêt. J’ai essayé de l’ignorer et continuer de traduire le texte. « Les larves de la saturnie n’apparaissent qu’une fois dans l’année. Elles passent l’hiver en état d’œuf. Après avoir mué quatre fois, elles se mettent à former des cocons émeraude…… ». Le téléphone ne cessait de sonner pendant ce temps. J’ai arrêté mes mains un instant et j’y ai jeté un coup d’œil. Sur l’écran, il était affiché seulement : « Chauve-souris ». Ce nom ne me disait rien. Au moment où je l’ai remis sur le bureau, la sonnerie a cessé. Après un bip, le locuteur s’est mis à laisser un message. Sa façon de parler aussi était étrange. C’était comme si on mettait une cassette audio à l’envers et j’ai dû me concentrer pour comprendre ce qu’il disait.
« Allô, allô. Vous êtes là ? Hé, hé, hé. Je sais bien que vous êtes là. Vous êtes assis sur le bureau. Vous étiez en train de travailler, n’est-ce pas ? Ou sinon vous lisiez un livre. Peu importe. En tous cas, je sais bien que vous m’écoutez laisser ce message sur votre téléphone. Oups, pardon. J’ai trop parlé. C’est ma mauvaise habitude. En fait, j’ai un travail à vous présenter. Si vous êtes disponible, venez à l’adresse suivante : 16 Rue du……».
Un bip a sonné de nouveau. La fin du message.
J’allais supprimer ce message, mais il y avait quelque chose d’intrigant. Cet homme parlait comme s’il savait tout ce que je faisais. J’ai relevé le store, mais personne ne me guettait dans les rues. J’ai regardé le judas, mais le couloir était désert. J’ai regardé les coins du plafond, mais il n’y avait pas de caméra. Je réfléchissais trop. Si je me rendais à cette adresse, que se passerait-t-il ? De quel travail s’agit-il ? Après que j’ai terminé mes études à l’université, je travaillais en faisant de petits boulots comme cette traduction sur la saturnie. Si ce travail était terminé, je devais chercher un autre travail. Aller chez la Chauve-souris ne semblait pas une mauvaise idée. Elle n’a pas déterminé la date du rendez-vous. J’ai attendu qu’il m’appelle de nouveau, mais en vain.
C’était une semaine plus tard que je suis allé à cette adresse. Je l’ai entrée dans le moteur de recherche de Google Map. Cependant, il n’y avait rien sur la photo aérienne. L’endroit où le bâtiment devait se trouver n’était qu’un espace entre deux immeubles. Je me suis convaincu que la photo était ancienne, ou l’homme s’était trompé de l’adresse.
J’ai pris le métro et je suis descendu à quatrième arrêt. C’était un quartier où je n’étais jamais allé. Il y avait un parc d’attraction fermé il y a longtemps. Au loin, je pouvais apercevoir une grande roue toute rouillée grincer dans le vent. Passé par une rue marchandise dont la plupart des magasins étaient fermés, près de l’ancienne carrière, le bâtiment que l’adresse indiquait, mais qui n’existait pas sur la carte, se trouvait.
C’était un vieux bâtiment en bêton. Les murs, couverts par des lierres étaient fissurés par-ci et par-là. Quelques fenêtres brisées étaient réparées avec des rubans adhésifs. À première vue, l’immeuble ressemblait à une ruine. J’ai aperçu une lueur à l’autre côté d’une fenêtre. J’ai poussé la porte de fer principale qui s’est ouverte en faisant un grincement terrible ressemblant aux cris stridents d’une femme dans un film d’horreur merdique. L’intérieur était obscur. J’ai cherché le bouton de lumière à tâtons. Après avoir crépité quelques fois, les lampes fluorescentes ont éclairé les alentours de sa lumière verdâtre. À droite, il y avait des boîtes aux lettres en fer desquelles débordaient une multitude de prospectus et de journaux. J’en ai pris un journal pour voir la date. Il datait d’il y a plus de cinquante ans. Au fond, un ascenseur se trouvait au centre. Avant que je m’appuie sur le bouton, l’ascenseur est descendu tout seul. La porte s’est ouverte, mais il n’y avait personne à l’intérieur. Le vieux miroir collé au mur reflétait mon visage apathique. Je suis monté dedans, et j’ai découvert qu’un bouton était déjà allumé.
Je suis descendu sur le septième étage. Dans le couloir, des plaques illisibles étaient pendues sur quelques portes. Le panneau vert indiquant la sortie du secours clignotait. Je me suis aperçu d’une lumière orange qui s’infiltrait d’une porte. J’ai eu l’impression que la Chauve-souris était là.
Dans cet immeuble délabré, cette porte avait une aura particulière. D’abord, elle était ornée de décoration d’or méticuleuse et somptueuse comme dans un palais. À côté, il était écrit en rouge : « Agent de placement privé : La Chauve-souris ». J’ai sonné à la porte. Mais personne ne me répondait. J’ai appuyé mon oreille contre la porte. J’ai entendu quelqu’un parler en téléphone. Un instant plus tard, la porte s’est ouverte. Un homme d’un certain âge, aussi petit qu’un enfant de douze ans, se tenait debout en souriant, et m’a dit d’entrer.
Il n’y avait qu’une pièce à l’intérieur. Le sol était couvert d’un tapis rouge. Il y avait une grande table en face de la fenêtre de laquelle on pouvait voir la grande roue. Au milieu de la pièce, il y avait un divan en cuir. Les murs étaient couverts par les étagères qui atteignaient le plafond.
Je me suis installé sur la chaise devant la table. Le nain a sorti un épais dossier de l’une des étagères et a posé sur son bureau. Il a tourné les pages avec ses doigts potelés en marmonnant quelque chose d’incompréhensible. Alors que son corps était obèse, sa tête était disproportionnellement petite. Le sommet de son crâne était chauve, ses yeux était strabiques et le centre de son visage était saillant. Dix personnes sur dix diraient qu’il ressemblait à une chauve-souris.
Il a arrêté ses mains sur une page et a toussé quelques fois. « Pardon, pardon, a-t-il dit. Je vous attendais. Et alors, vous êtes quand même intéressé par mon message ?
- Qui êtes-vous ?
- Je ne vous avais pas encore dit mon nom. Voici, c’est mon nom », a-t-il dit en me donnant sa carte de visite. Le morceau de papier était un peu jauni. Il y avait une tache étrange sur le bout.
« Je suis agent d’emplois, a-t-il continué. En bref, mon travail se constitue de présenter des personnes disponibles à mes clients. Mes clients me demandent diverses missions. Certaines personnes cherchent quelqu’un qui peut tordre la pelouse de leur jardin. D’autres demandent de nettoyer leurs maisons. De temps en temps, il y a des demandes étranges. Écrire une lettre d’amour ou de plainte, chercher un certain insecte rare etc. Et mon travail, c’est de chercher la personne idéale, appropriée, parfaitement adéquate, pour accomplir la demande de mes clients, vous voyez.
- Mais pourquoi vous avez mon numéro ? Je me suis jamais inscrit dans ce genre d’agence…, ai-je demandé.
- Vous savez, Monsieur. De nos jours, il n’y a pas de secret. En quelque sorte, nous sommes tous surveillés. Votre historique d’achats sur Internet est conservé quelque part. Dans les rues, les caméras de surveillance nous surveillent où que ce soit. De la même manière, moi aussi, j’ai des connections qui me permettent d’identifier une personne idéale pour une tâche. »
Il y avait une sonorité étrange dans sa voix. C’est comme si j’écoutais un enregistrement automatique. Jusqu’ici, il a dû répéter la même phrase encore et encore. L’apparence physique plutôt pauvre de l’homme dans cette pièce somptueusement décorée me faisait perdre la sensation de la réalité.
« Et si je refusais ? lui ai-je dit après avoir réfléchi un instant.
- Vous ne refuserez pas », m’a-t-il dit. Ses prunelles noires brillaient. Qu’est-ce qu’il connaissait ? Il semble que cet homme connaissait tout sur moi, ou sur la ville. La nuit, il devait se transformer en une vraie chauve-souris. Il volait dans le ciel nocturne, pour épier la vie des habitants par les fenêtres de tous les appartements. Un silence a régné dans la pièce. Au bout d’un moment, il a rouvert la bouche :
« Ma cliente souhaite vous voir.
- Qui est-ce ?
- Je ne suis qu’un intermédiaire. J’approche le demandeur et le fournisseur et rien de plus. Si vous êtes intéressé, rendez-vous à cette adresse demain », a-t-il dit en me tendant une note, sur laquelle il était écrit une adresse d’une écriture tremblante à l’encre bleue.
« Est-ce que je peux poser une question ? ai-je demandé, au moment de quitter la pièce.
- Je vous en prie !
- De quel type de travail s’agit-il ?
- Répétiteur ».
Et la porte s’est fermée.
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