jeudi 9 mars 2017

La poupée de Robespierre



J'avais une poupée de Robespierre. 
Il y a quelques semaines, j'ai lu sur Internet un article sur la reconstitution faciale de ce fameux dictateur de la Révolution française.
En bref, contrairement à ce que les documents historiques disaient, le visage reconstitué de Robespierre était laid.
À travers l'écran, ses petits yeux bleu-gris me transperçaient, son nez était bas telle une colline érodée.
Ses lèvres opiniâtrement serrées m'ont rappelé un coquillage bivalve qui ne s'ouvrait jamais.
D'ailleurs, sa peau était couvert de multiples petits trous comme la surface de la lune.
Cependant, ce Robespierre reconstitué à nouveau avait quand bien même des traits communs avec son portait peint au XVIIIe siècle.
Le profil, les lèvres droites, ses sourcils montraient sa volonté obstinée de ne jamais renoncer à la Révolution.
Par contre, sur ce portrait, sa peau est lisse comme une mer sans vague.
Ce fait prouve que l'auteur de ce portrait, qu'on a jamais pu identifier avait réellement vu ce jeune révolutionnaire.
Mais si ce visage a été reconstitué correctement, ça veut dire que ce portait est beaucoup plus embelli que la réalité.
Alors pourquoi ce peintre inconnu l'avait-il embelli ?
Il était sans doute un de ses partisans.
Il devait le voir comme un ange qui venait d'arriver sur la terre, et l'ange ne contracte jamais la variole.
Sinon, il peut-être avait peur d'être envoyé à l'échafaud s'il avait peint un portait réel de Robespierre.
Heureusement, ma poupée se différait de la reconstitution faciale.
Elle était plus proche du portait historique.
Ce Robespierre miniature, mesurant environ vingt centimètres, avait la peau lisse telle une faïence.
Ses lèvres roses esquissaient un sourire angélique.
Son visage cependant était aussi dénué d'expression qu'un masque de nô, mais il me semblait toujours qu'il fronçait un peu le sourcil à travers ses lunettes de poupée comme s'il essayait de voir au loin.
Cette poupée était minutieusement faite, pas seulement son corps, mais aussi l'habit qu'il portait et la note qu'il tenait à la main.
C'est comme si ces objets avaient été rapetissés par une force surnaturelle.
Il avait des articulations sphériques aux membres.
Ainsi je pouvais lui donner la position que je le voulais.
Je l'ai mis dans une boîte en verre, je l'ai posée à côté de la fenêtre.
Je me plaisais à le contempler.
À cause de la douceur de la lumière matinale, ses joues avaient un effet rosâtre comme s'il était réellement en vie.
Il lisait attentivement sa note sur une chaise de poupée en bois.
Peut-être était-ce une liste des gens à guillotiner.
Le verre a reflété de temps à autres mon visage qui l'admirait.

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