jeudi 28 septembre 2017

Une brioche sucre cannelle

Toutes les semaines, j’achète une grosse brioche à la boulangerie.
De retour chez moi, je la coupe en cinq et j'en mange un morceau par jour au déjeuner.

Aujourd’hui, lundi, le début de la semaine, je suis allé à la boulangerie comme d’habitude. Une femme que je n’avais jamais vue se tenait au comptoir. Ses cheveux étaient blonds, ses yeux bleus tombants donnaient l’impression qu’elle avait sommeil.
Sans réfléchir, je lui ai dit en indiquant la vitrine que j’aimerais acheter une brioche sucre cannelle et un bretzel gratiné. À ce moment-là, elle s’est accroupie. Je ne comprenais pas pourquoi elle devait s’accroupir alors que la brioche que je voulais était dans la vitrine, pas sur le sol. Elle a sorti un petit sac de papier. Je me suis rendu compte qu’elle allait mettre une petite brioche sucre cannelle dedans. Effectivement j’avais oublié d’ajouter l’adjectif ‘’grosse’’. J’aurais pu lui dire effectivement en lui adressant un sourire angélique ; « Non, mademoiselle, ce que je veux, c’est une grosse brioche, pas une petite. »
Toutefois je suis extrêmement introverti. Je suis si timide que je n’ai eu que quelques amis dans ma vie, et je les ai tous perdus de vue. (Ils sont peut-être morts. C'est triste).
« Ah, ah… », ai-je gémi comme le sans-visage dans ‘’Le voyage de Chihiro’’. Toutefois j’étais plutôt un sans-voix. Parce que j’ai un visage, ce que je manque, c’est une voix. Mais dans ma tête, je lui disais « Qu’est-ce que tu fais ! Je ne veux pas de petite brioche, merde ! Comment veux-tu que je coupe cette petite brioche en cinq et que j'en mange pendant cinq jours ? Je suis pas grand mais je ne suis pas une puce ! »
Si j'étais un personnage d'un roman de Dostoïevski, je me serais évanoui sur place.

Pendant ce moment, en cachette, la blonde aux yeux bleus tombants comme ceux du Général De Gaulle a mis une petite brioche sucre cannelle dans le petit sac de papier. Elle a ensuite mis un bretzel gratiné dans un autre sac de papier.
« Trois euros cinquante, s’il vous plaît, m’a-t-elle dit.
- Puis-je payer par carte ? » lui ai-je dit.
« Puis-je payer par carte ? »
Qu’est-ce que je dis !
« Puis-je payer par carte ? »
Ce n’est pas ce que je voulais lui dire !

J’ai payé trois euros cinquante et j’ai mangé la petite brioche sucre cannelle et le bretzel gratiné. C’étaient bons.

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