Aujourd’hui, j’ai travaillé toute la
journée ma dissertation sur Simone de Beauvoir. Au début, j’étais plutôt
démotivé, mais en écrivant, je voyais des choses dont je ne m’étais pas aperçu
dans le texte et finalement je trouvais ça assez amusant, ce qui fait que j’ai
travaillé sans cesse jusqu’à six heures du soir. J’ai même largement dépassé la
limite du nombre de caractères qui est de 15 000. Je devrai donc supprimer bon
nombre d’éléments, et modifier pas mal de choses. Mais je ne peux pas garantir
la qualité de ma dissertation parce que je n’aime ni les dissertations ni les
analyses. La dissertation me rappelle toujours une autopsie. Un cadavre est
posé devant moi et je le découpe en plusieurs morceaux. Comme je suis
maladroit, je coupe par inadvertance une veine ; je découvre un organe étrange
que je n’identifie pas. Je jette à la poubelle cet organe incongru dont je ne
sais pas quoi faire. Et quand je présente le résultat de mon travail devant
tout le monde, c’est justement sur l’organe que j’ai jeté que le professeur m’interroge.
C’est alors que j’apprends qu’il était important. Voilà, c’est l’image qui me
hante quand je disserte quel qu’en soit le sujet.
On avait le choix entre Simone et
Annie. Je n’avais lu ni l’une ni l’autre quand j’ai choisi la première. Comme
l’autobiographie de la seconde m’a un peu ennuyé, je me suis dit que c’était
bien de choisir Simone.
Au fait, chaque fois que je vois les mots
« porte condamnée », je me demande à quoi la porte est condamnée. Est-elle
condamnée à deux ans de prison avec sursis ? Qu’est-ce qu’elle a fait pour mériter
ce châtiment ? A-t-elle violé une femme ? A-t-elle escroqué une grand-mère de
quatre-vingt dix ans ? A-t-elle cassé la vitrine d’une boutique ? « Je n’avais
pas l’intention de coincer les doigts de la victime….. je n’avais pas assez
dormi, j’avais un peu bu et…..Non, je n’ai pas d’enfant…oui, j’ai divorcé il y
a dix ans….» : est-ce là ce qu’elle a dit dans la salle d’interrogatoire ?