jeudi 14 février 2019

Ce soir, j'ai regardé "Le Locataire" de Roman Polanski


 Aujourd’hui, assis dans un coin de la bibliothèque, j’ai composé un poème pour tuer le temps. Je l’ai écrit sur une feuille de papier. Depuis longtemps je n’avais pas écrit un texte intime sur une feuille, je me suis souvenu qu’avant je n’arrivais pas à écrire à l’ordinateur. Sans la sensation contre ma main, je n’avais pas l’impression d’écrire. Cependant, quand on écrit sur l’ordinateur, on n’écrit pas, mais on tape. Mon poème débutait ainsi :
 Lorsque je suis rentré du travail (je travaille dans un laboratoire. Mon travail est d’examiner le vomi de vaches au microscope), j’ai réalisé qu’un bras était poussé sur l’un des murs de mon appartement. « C’est un bras », me suis-je dit. Après m’être gargarisé et lavé les mains (il y a une épidémie de grippe en ce moment), j’ai mangé une pizza (marguerita) que j’avais achetée à la pizzeria du coin. Le bras était blanc. Ses doigts étaient fins comme ceux d’un pianiste, et ses ongles vermis en écarlate. C'était donc le bras d'une femme. Ça m'a réjoui parce que j'étais célibataire. Le bras était immobile pendant que je mangeais ma pizza. J’ai examiné sa naissance ; il semblait poussé directement du mur comme une plante. « Est-ce le harcèlement de ma voisine ? », me suis-je demandé. Ma voisine était une femme d’environ soixante-dix ans qui vivait toute seule depuis qu’elle avait perdu son mari. Son fils était aussi mort d’un accident de voiture. Selon le gardien de l’appartement, ma voisine, toujours en pyjama (elle sort en cette tenue) et avec des bigoudis (elle sort avec), avant la mort de son mari, était une dame souriante qui aimait le jardinage, mais elle était déjà folle quand je me suis installé dans cet appartement. J'ai paniqué. Mon propriétaire se mettrait en colère si elle voyait qu’un bras était poussé dans mon studio. J’ai pris une fourchette, pour donner quelques stimulations au bras.
 Je n’ai pas achevé mon poème parce que j’avais faim, j’ai donc quitté la bibliothèque pour déjeuner. Le burger et les frites que j'ai mangés aux dépens de la culpabilité ― parce que je suis au régime en ce moment ― était délicieux.

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