mercredi 21 juin 2017

Le musée historique de la ville de Strasbourg



Il y a une lumière qui éclaire les enfers.
Ce matin, le soleil brillait. 
Les oiseaux fredonnaient, les arbres murmuraient.
La cloche de l'église annonçait neuf heures du matin.
En regardant les toits de maison, je me suis dit que ce serait un jour idéal pour me rendre au musée historique de la ville de Strasbourg.

Avant d'aller au musée, je suis descendu à la station République et j'ai rendu deux livres de Yoko Ogawa à la BNU.
J'ai emprunté ''Les frères Karamazov'' et ''La marche de Mina''. 
Au moment où je suis sorti, une fille qui marchait devant moi a tenu la porte pour moi. 
Ses cheveux s'agitaient comme un écureuil qui danse. 
J'ai été étonné car aucune voix n'est sortie de ma gorge.

J'ai marché dans la direction de la Cathédrale en écoutant la neuvième symphonie de Schubert (dirigée par Seiji Ozawa). 
À vrai dire, je ne connaissais pas la localisation du musée. 
Je savais seulement qu'il était au bord de l'Ill, proche de la Cathédrale. 
J'ai traversé un pont et je suis passé par la Place Kléber.
Devant la Cathédrale il y avait beaucoup de monde, notamment des touristes âgés et des groupes d'adolescents, qui appréciaient la beauté de Strasbourg de la même façon.

Après avoir erré de ci de là, j'ai découvert un bâtiment blanc au toit triangulaire. 
Je l'ai immédiatement reconnu comme étant le musée que je cherchais. 
Il faisait frais à l'intérieur. 
Une femme asiatique à la peau brunâtre m'a accueilli avec un sourire aimable. 
J'ai regretté que le stock de mes sourires soit épuisé à ce moment-là. 
J'ai mis un jeton que j'avais reçu à la réception dans le portique et l'accès à la collection s'est enfin ouverte.

Isolée du monde extérieur, toute l'histoire de Strasbourg était éternisée au musée.
La collection commençait par l'ère où les Romains régnaient sur cette terre.
Allant jusqu'à la seconde guerre mondiale, elle s'achevait par la naissance de l'Union européenne.
L’abondance de la collection dépassait mon imagination.
Les objets tels que des monnaies, des canons, des épées, des armures, des tableaux ont stimulé ma curiosité et mon imagination.

J'ai notamment apprécié une vieille maison de poupées.
Elle était présentée dans une boîte obscure. 
Aussitôt que j'ai appuyé sur un bouton, la vie miniature des gens de cette époque est apparue dans la lueur.
Cette maquette était assez grande, l'intérieur était séparé en quatre pièces par des cloisons.
D'après l'explication, l'extérieur de la maison manquait mais l'intérieur était laissé dans un état favorable.

Assis à la table, un mari et une femme lisaient un livre.
Un ange était pendu au plafond.
Mais son visage était défiguré.
Si bien qu'il ressemblait plutôt à un condamné à mort pendu qu'un ange qui descendait.
À côté de cette pièce se trouvait une cuisine.
Une diversité de casseroles était accrochée aux murs.
Un four en forme d'une vase était posé à droite comme une marmite des enfers.
Au centre, une mère et sa fille dansaient.
Mais leurs membres étaient rigides somme si elles étaient victimes d'une paralysie.
Leurs regards étaient fixés dans différentes directions.
Lorsque la mère contemplait la Cathédrale, l'attention de la fille était fixée sur la Forêt noire.
En bas, un jeune couple en costume alsacien se regardait l'un l'autre.
La jeune femme tenait un bouquet de fleurs qu'elle venait sans doute de cueillir dans le jardin.
Le mari lui tendait la main en disant quelque chose.
Avaient-ils des modèles ?
Ou étaient-ils le fruit de l'imagination de l'auteur ?
La pièce voisine donnait vers l'extérieur de la maison.
Autour d'un puits, une femme était penchée contre la cloison.
À ses pieds se tenait une enfant mais la proportion étrange la faisait ressembler plutôt à une naine.
À l'opposé se penchait une autre femme contre la clôture.
Ces deux femmes se ressemblaient tellement.
Elles avaient presque le même visage.
Étaient-elles jumelles ?

En outre, la ville de Strasbourg en ruine après la guerre de 1870 m'a intéressé.
Deux judas rouge et vert permettent de voir en relief des photos de la ville de Strasbourg détruite. 
Devant les décombres, un groupe de soldats me regardaient.
Cette guerre a dévasté Strasbourg.
La ville a subi les bombardements de la Prusse pendant trente-quatre jours.
La bibliothèque et de nombreux édifices ont rejoint ce tas de gravats.
La Cathédrale de Notre-dame a aussi eu des dégâts.
Deux cent Strasbourgeois ont succombé, trois cent citoyens ont été blessés.
Environ 10,000 habitants ont perdu leur domicile.
L'Alsace-Lorraine est tombée.

Après la défaite de l'Allemagne à la première guerre mondiale, la République d'Alsace-Lorraine a revendiqué son indépendance.
Mais la France en a repris possession, mettait fin à ce court épisode d'indépendance. 
À ce moment-là, l'usage de l'alsacien et l'allemand a été interdit.
Le français est redevenu la langue officielle. 
Cependant, la paix n'a pas duré longtemps.
Durant la seconde guerre mondiale, en 1940, Paris a capitulé face à l'Allemagne.
Le destin de la France est tombé entre les mains de Hitler.
La même année, le 7 août, les Nazis qui considéraient les Alsaciens comme une race germanique mineure ont annexé l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne.
C'est alors que naquit l'expression ''Malgré-nous'', qui désigne les Alsaciens incorporés dans l'armée allemande contre leur gré. 

Dans la section consacrée à la seconde guerre mondiale, on trouve trois écrans. 
Chaque écran affiche les portraits de trois Strasbourgeois.
Si on clique sur le profil d'une personne, son histoire s'affiche.
C'étaient des gens ordinaires dont les noms sont inconnus, comme la plupart d'entre nous.
Une fonctionnaire, un chauffeur, un professeur, une mère...
Certains ont survécu, d'autres ne sont jamais revenus.

J'ai particulièrement apprécié la salle dans laquelle était exposée une énorme maquette représentant la ville de Strasbourg au Moyen Âge.
Lorsque j'y suis entré, la salle était obscure.
Au moment où je me suis approché de la maquette, une lumière détectant mon mouvement s'est allumée pour l'éclairer.
Au fond de la salle, des jumelles étaient posées sur un parapet. 
Elles permettaient de regarder la ville dans ses moindres détails.
J'étais tout seul dans la pénombre.
Un silence total régnait dans la pièce.
J'ai pu constater qu’une église, la cathédrale ainsi que les ruelles aux alentours demeuraient inchangées depuis cette époque
J'ai souhaité qu'il neige sur ces toits en brique orange.
Les gens de l'époque ont sans doute regardé la neige couvrir tendrement les maisons de Strasbourg.

J'ai rendu l'audioguide à la réception.
J'ai dit au revoir à la même femme et je suis sorti.
Trois heures s'étaient écoulées dans le musée.
Afin de fuir la chaleur insupportable, je suis rentré en longeant l'Ill jusqu’à la station Galia, en songeant au général Kléber et à Gutenberg, à Reichsland et au tableau du maire Küss dans les ruines.
Près d’un pont, des garçons en bermuda s'exposaient au soleil.

Situé à l'extrémité Est de la France, au centre de l'Europe, Strasbourg est une ville, qui malgré les destructions et les bombardements subis, se dressait devant moi comme si elle n'avait pas été altéré par le temps.

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