Il y a une
lumière qui éclaire les enfers.
Ce matin, le soleil brillait.
Les oiseaux fredonnaient, les arbres
murmuraient.
La cloche de
l'église annonçait neuf heures du matin.
En regardant
les toits de maison, je me suis dit que ce serait un jour idéal pour me rendre
au musée historique de la ville de Strasbourg.
Avant
d'aller au musée, je suis descendu à la station République et j'ai rendu deux
livres de Yoko Ogawa à la BNU.
J'ai
emprunté ''Les frères Karamazov'' et ''La marche de Mina''.
Au moment où je suis sorti,
une fille qui marchait devant moi a tenu la porte pour moi.
Ses cheveux
s'agitaient comme un écureuil qui danse.
J'ai été étonné car aucune voix n'est
sortie de ma gorge.
J'ai marché
dans la direction de la Cathédrale en écoutant la neuvième symphonie de
Schubert (dirigée par Seiji Ozawa).
À vrai dire, je ne connaissais pas la
localisation du musée.
Je savais seulement qu'il était au bord de l'Ill, proche
de la Cathédrale.
J'ai traversé un pont et je suis passé par la Place Kléber.
Devant la
Cathédrale il y avait beaucoup de monde, notamment des touristes âgés et des
groupes d'adolescents, qui appréciaient la beauté de Strasbourg de la même
façon.
Après avoir
erré de ci de là, j'ai découvert un bâtiment blanc au toit triangulaire.
Je l'ai
immédiatement reconnu comme étant le musée que je cherchais.
Il faisait frais à
l'intérieur.
Une femme asiatique à la peau brunâtre m'a accueilli avec un
sourire aimable.
J'ai regretté que le stock de mes sourires soit épuisé à ce
moment-là.
J'ai mis un jeton que j'avais reçu à la réception dans le portique
et l'accès à la collection s'est enfin ouverte.
Isolée du
monde extérieur, toute l'histoire de Strasbourg était éternisée au musée.
La
collection commençait par l'ère où les Romains régnaient sur cette terre.
Allant jusqu'à la
seconde guerre mondiale, elle s'achevait par la naissance de l'Union
européenne.
L’abondance
de la collection dépassait mon imagination.
Les objets
tels que des monnaies, des canons, des épées, des armures, des tableaux ont
stimulé ma curiosité et mon imagination.
J'ai notamment
apprécié une vieille maison de poupées.
Elle était présentée dans une boîte obscure.
Aussitôt que j'ai appuyé sur un bouton, la vie
miniature des gens de cette époque est apparue dans la lueur.
Cette
maquette était assez grande, l'intérieur était séparé en quatre pièces par des
cloisons.
D'après
l'explication, l'extérieur de la maison manquait mais l'intérieur était laissé
dans un état favorable.
Assis à la
table, un mari et une femme lisaient un livre.
Un ange était pendu au plafond.
Mais son
visage était défiguré.
Si bien
qu'il ressemblait plutôt à un condamné à mort pendu qu'un ange qui descendait.
À côté de
cette pièce se trouvait une cuisine.
Une
diversité de casseroles était accrochée aux murs.
Un four en
forme d'une vase était posé à droite comme une marmite des enfers.
Au centre,
une mère et sa fille dansaient.
Mais leurs
membres étaient rigides somme si elles étaient victimes d'une paralysie.
Leurs
regards étaient fixés dans différentes directions.
Lorsque la
mère contemplait la Cathédrale, l'attention de la fille était fixée sur la
Forêt noire.
En bas, un
jeune couple en costume alsacien se regardait l'un l'autre.
La jeune
femme tenait un bouquet de fleurs qu'elle venait sans doute de cueillir dans le
jardin.
Le mari lui
tendait la main en disant quelque chose.
Avaient-ils
des modèles ?
Ou
étaient-ils le fruit de l'imagination de l'auteur ?
La pièce
voisine donnait vers l'extérieur de la maison.
Autour d'un
puits, une femme était penchée contre la cloison.
À ses pieds se tenait une enfant mais la proportion étrange la faisait ressembler plutôt à une naine.
À l'opposé
se penchait une autre femme contre la clôture.
Ces deux
femmes se ressemblaient tellement.
Elles
avaient presque le même visage.
Étaient-elles jumelles ?
En outre, la
ville de Strasbourg en ruine après la guerre de 1870 m'a intéressé.
Deux judas
rouge et vert permettent de voir en relief des photos de la ville de Strasbourg détruite.
Devant les
décombres, un groupe de soldats me regardaient.
Cette guerre
a dévasté Strasbourg.
La ville a subi
les bombardements de la Prusse pendant trente-quatre jours.
La
bibliothèque et de nombreux édifices ont rejoint ce tas de gravats.
La
Cathédrale de Notre-dame a aussi eu des dégâts.
Deux cent
Strasbourgeois ont succombé, trois cent citoyens ont été blessés.
Environ
10,000 habitants ont perdu leur domicile.
L'Alsace-Lorraine
est tombée.
Après la
défaite de l'Allemagne à la première guerre mondiale, la République
d'Alsace-Lorraine a revendiqué son indépendance.
Mais la France en a repris possession, mettait fin à ce court épisode d'indépendance.
À ce
moment-là, l'usage de l'alsacien et l'allemand a été interdit.
Le français
est redevenu la langue officielle.
Cependant, la paix n'a pas duré longtemps.
Cependant, la paix n'a pas duré longtemps.
Durant la
seconde guerre mondiale, en 1940, Paris a capitulé face à l'Allemagne.
Le destin de
la France est tombé entre les mains de Hitler.
La même
année, le 7 août, les Nazis qui considéraient les Alsaciens comme une race
germanique mineure ont annexé l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne.
C'est alors que naquit l'expression ''Malgré-nous'', qui désigne les Alsaciens incorporés dans l'armée allemande contre leur gré.
Dans la
section consacrée à la seconde guerre mondiale, on trouve trois écrans.
Chaque écran
affiche les portraits de trois Strasbourgeois.
Si on clique sur le profil d'une personne, son histoire s'affiche.
C'étaient
des gens ordinaires dont les noms sont inconnus, comme la plupart d'entre nous.
Une
fonctionnaire, un chauffeur, un professeur, une mère...
Certains ont
survécu, d'autres ne sont jamais revenus.
J'ai
particulièrement apprécié la salle dans laquelle était exposée une énorme
maquette représentant la ville de Strasbourg au Moyen Âge.
Lorsque j'y
suis entré, la salle était obscure.
Au moment où je me suis approché de la maquette, une lumière détectant mon mouvement s'est
allumée pour l'éclairer.
Au fond de
la salle, des jumelles étaient posées sur un parapet.
Elles permettaient de regarder la ville dans ses moindres détails.
Elles permettaient de regarder la ville dans ses moindres détails.
J'étais tout
seul dans la pénombre.
Un silence
total régnait dans la pièce.
J'ai pu
constater qu’une église, la cathédrale ainsi que les ruelles aux alentours
demeuraient inchangées depuis cette époque
J'ai souhaité qu'il neige sur ces toits en brique orange.
Les gens de
l'époque ont sans doute regardé la neige couvrir tendrement les maisons de
Strasbourg.
J'ai rendu
l'audioguide à la réception.
J'ai dit au
revoir à la même femme et je suis sorti.
Trois heures
s'étaient écoulées dans le musée.
Afin de fuir
la chaleur insupportable, je suis rentré en longeant l'Ill jusqu’à la station
Galia, en songeant au général Kléber et à Gutenberg, à Reichsland et au tableau
du maire Küss dans les ruines.
Près d’un
pont, des garçons en bermuda s'exposaient au soleil.
Situé à
l'extrémité Est de la France, au centre de l'Europe, Strasbourg est une ville,
qui malgré les destructions et les bombardements subis, se dressait devant moi
comme si elle n'avait pas été altéré par le temps.
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