lundi 5 juin 2017

''Le stylo'' Haruki Murakami

Le magasin de stylos se situait au milieu d'une rue commerçante à environ deux rues depuis le boulevard.
L'entrée étaient composées de deux portes vitrées, sans panneau. 
Il était juste écrit en petits caractères, ''la boutique de stylos'' à côté de la plaque.
Les portes ont grincé terriblement, je me suis dit qu'on aurait besoin de deux semaines pour les refermer.

Une carte de recommandation est nécessaire. 
Le patron exige également du temps et une certaine somme. 
Mais il crée un stylo idéal qui convient parfaitement au client, m'avait-dit un ami. 
C'est la raison pour laquelle je m'y suis rendu aujourd'hui.

Le patron avait environ soixante ans. 
Il était semblable à un oiseau gigantesque qui habite au fin fond d'une forêt.
''Tendez-moi la main'', m'a dit cet oiseau.

Il a mesuré la longueur et la grosseur de tous mes doigts, il a vu le gras de ma peau, il a vérifié la dureté de mes ongles avec une aiguille. 
Ensuite, il a noté tous les types de cicatrices présentes sur ma main. 
En effet, ma main comportait toute une variété de cicatrices.

''Enlevez vos vêtements'', m'a-t-il dit brièvement.
Sans comprendre son intention, j'ai enlevé ma chemise. 
Lorsque j'ai essayé d'enlever le pantalon, le patron m'en a empêché avec précipitation. 
Le torse, ça suffit.

Il s'est déplacé derrière mon dos, il a appuyé avec ses doigts ma colonne vertébrale de haut en bas. 
''L'homme pense et écrit avec chaque élément de la colonne vertébrale'', m'a-t-il dit. 
''Je ne crée donc que des stylos qui conviennent à la colonne vertébrale du client.''

Il a ensuite demandé mon âge, mon lieu de naissance ainsi que mon salaire mensuel. 
Et au final, il m'a demandé ce que j'écrirais avec son stylo.

Trois mois plus tard, le stylo était prêt. 
C'était un stylo de rêve qui m'allait parfaitement. 
Mais évidemment cela ne veut pas dire qu'il me permet d'écrire des phrases dont je rêve.

J'imagine que dans la boutique de phrases de rêve qui conviennent parfaitement au corps, même si j'enlevais mon pantalon, ça ne serait pas suffisant pour en avoir une.