mardi 25 juillet 2017

Les chaussures



 Il était évident aux yeux de tous que mes chaussures venaient à la fin de leur vie. Elles étaient entièrement fatiguées, ma chaussure gauche avait deux trous, ma chaussure droite en avait trois dont l’un était grand. Je me suis promené en faisant attention aux pieds des piétons. Il y a diverses sortes de gens au monde ; les enfants, les vieillards, les adultes, les adolescents, les hommes et les femmes, etc. Mais j'étais la seule personne qui marchais avec des chaussures trouées. Même un mendiant portait des chaussures de cuir de couleur maronne qui n'avaient pas de trou. Mes chaussures m’étaient confortables. Lorsque je sortais avec, j’oubliais même leur présence. C’était normal parce que je les porte depuis deux ans. Je les avais achetées chez ABC Mart qui se trouvait dans la gare de Sapporo. Maintenant elles sont tout à fait ajustées à la forme de mes pieds. Mais les trous ne disparaissent pas. La semelle est devenue extra-fine à cause de multiples frottements sur le sol. C’était le moment d’en changer.

Par chance, j’avais un billet de cent euros que mon patron m’avait donné. Je l’ai mis dans ma poche et je suis sorti en ville. Aujourd’hui, il m'a semblé qu’il y avait encore moins de monde que d’habitude à cause du mauvais temps. Mais quand je suis sorti, il ne pleuvait plus. J’ai pris le tram E et je suis descendu à la station République. Je pouvais prendre le tram C pour me rendre à la station Brogile mais j’apprécie de marcher dans ce quartier. De plus, aujourd’hui était le dernier jour du travail de mes sneakers noirs. Je ne m’étais pas rendu compte jusqu’à présent, mais il y avait beaucoup de magasins de chaussures au centre-ville de Strasbourg.
 Près de la station Brogile, je suis entré dans une ruelle déserte. Aussitôt j’ai trouvé un magasin de chaussures. Dans la vitrine était discrètement exposée une variété de chaussures. Le prix que les étiquettes indiquaient était un peu cher, mais j’y suis entré. Le magasin n’était pas grand, mais il était calme et propre. La radio diffusait ‘’Show must go on’’ de Queen d’un petit volume. Au comptoir, un homme robuste d’âge mûr aux cheveux blancs était assis. Visiblement, j’étais le seul client. Après lui avoir dit bonjour, j’ai regardé des produits. Après un moment, il m’a dit, « Et si je vous aidais ? ». À vrai dire, je ne connaissais même pas ma taille en France. Je lui ai donc demandé de m’aider. Il m’a demandé si je voulais des chaussures de sport ou des chaussures en cuir. Je lui ai dit que je préférais les chaussures de sport. Le costume, la cravate, les chaussures en cuir, ce sont des choses que je n’aime pas beaucoup. « Quelle est votre taille ? m’a-t-il demandé.
- Je ne connais pas ma taille. Mais au Japon, c’était entre vingt-cinq et vingt-six centimètres, lui ai-je dit.
- Ah. C’est comme ça au Japon. »

Quelques instants plus tard, il m’a apporté des chaussures bleues. Il m’a dit que ces chaussures étaient du 40. Je ne comprends pas pourquoi la France n'adopte pas le système métrique pour les vêtements et les chaussures alors que cela a été inventé en France. (A-t-il été adopté sous Napoléon ? Plus tard, il s’est répandu dans le monde entier sauf aux États-Unis.) Mais ce n’était pas le moment d’argumenter. C’était le moment d’essayer des chaussures. Et elles étaient innocentes. Toutefois celles que le patron m’a suggérées étaient trop petites. J’avais un peu mal au bout de mes pieds. Et j’ai mis un peu de temps pour les mettre. Il a fait un commentaire sur mes pieds en disant qu’ils n’étaient pas petits mais larges. Il a ensuite apporté d’autres chaussures. Cette fois, elles étaient noires. Je les ai essayées. Celles-ci étaient beaucoup mieux que les bleues mais elles étaient un peu trop larges. Il a alors apporté les mêmes chaussures noires mais d'une pointure plus petite. C’était le moment de la rencontre entre mes nouvelles chaussures et moi. Elles n’étaient ni trop petites ni trop grandes, elles étaient confortables. Le design était simple et chic.
Au départ, elles coûtaient 179 euros, mais grâce aux soldes elles étaient à 80 euros.
J'ai remercié le Dieu des soldes et le patron. Lorsque je suis sorti du magasin, je portais mes nouvelles chaussures. Elles faisaient un bruit sec à chaque pas.

À la place Kléber, un bouquiniste vendait des livres d’occasion comme d’habitude. J’ai trouvé dans le wagon ‘’Le procès-verbal’’ du Clézio et ‘’Madame Bovary’’ de Flaubert mais je ne les ai pas achetés. Je me suis dit qu'il me fallait d'abord finir ‘’Les frères Karamazov’’ et ‘’La montagne magique’’.

Il a commencé à pleuvoir. Mais je n’ai pas pris le tram. Même si la pluie mouillait mon corps, je voulais marcher jusqu’à ce que je sois fatigué.

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