samedi 8 décembre 2018

Monsieur G.


 Monsieur G, un fonctionnaire français dont j’admire le style en japonais, a avoué un jour qu’il a peaufiné son écriture dans cette langue pour séduire les jeunes filles, mais en vain. Une fois, je lui ai dit que sa prose en japonais était magnifique, et il m’a répondu : « J’aurais voulu que tu sois une fille lol ». Lorsque je lui ai demandé de m’épouser, il m'a ignoré.
 Moi aussi, j’aime les belles filles comme j’admire les œuvres d’art. J’aimerais bien enfermer une fille dans une cage en verre et l’observer. Toutefois, séduire une jeune femme pour parler de choses triviales, comme ce que je pensais de la couleur de ses ongles ou de sa coiffure à laquelle elle a consacré une certaine somme d’argent, m’intéresse beaucoup moins. J’écris ce texte parce que contrairement à ce qui est arrivé à Monsieur G, j’ai l’impression d’avoir réussi à séduire des jeunes femmes avec ma prose niaise et insignifiante. Lorsque j’ ai publié quelques textes sur une application de langue, bon nombre de jeunes filles françaises, et même quelques Japonaises apprenant le français, comme des bestioles attirées par la lumière jaunâtre d'un lampadaire, sont venues me parler. Il y a quelques jours aussi, une Parisienne m’a proposé de devenir amis et de se voir de temps en temps, ce que je n’ai pas accepté parce que j’ai peur des gens.
 Une seule fois cependant, j'ai eu envie d'attirer l'attention d'une fille avec ma prose. Parmi mes histoires ratées, j'ai choisi celle qui semblait la moins affreuse et la plus touchante, et je la lui ai montré. « Il y a des fautes », m'a-t-elle dit.

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