samedi 1 décembre 2018

FLE (7)


 Pendant le cours de FLE, mon enseignante m’a dit qu’on allait faire la troisième revue de presse aujourd’hui et m’a demandé si j’avais la fiche. En gros, la revue de presse est un exercice qui consiste à présenter un article de journal. Le thème était le « mal-logement en France ». Il y a quelques semaines, j’avais fait des recherches sur ce sujet avec une Brésilienne qui était absente aujourd’hui. « J’ai ma fiche sur mon portable », ai-je dit. L’enseignante a eu l’air sceptique.
 Un certain moment plus tard, avec quelques filles, nous sommes allés dans une autre salle. Il y avait une fille blonde et mince, peut-être russe, une fille ressemblante à une Indienne, mais peut-être était-elle anglaise, une Brésilienne et une Asiatique sans doute venant d’un pays de l’Asie du sud-est. À ce moment-là, les autres se sont mises à étaler sur la table des feuilles de papier. La Russe a étalé environ dix pages devant elle. L’Anglaise et la Brésilienne avaient des morceaux de papier qu’elles avaient remplis petits caractères. L’Asiatique avait un ordinateur devant elle. Et moi, j’avais mon iphone. Oui, on peut faire une revue de presse si vous avez un iphone.
J’ai été pris d’angoisse. Tout le monde demeurait silencieux et lisait ses notes. J’ai consulté ma messagerie. J’étais harcelé par la SNCF. J’aimerais savoir comment je pourrais me désabonner de leurs newsletters.
 Quelques instants plus tard, l’enseignante est entrée dans la salle. Elle nous a dit qu’on devait faire une sorte de discussion et qu’on ne devait pas se contenter d’écouter l’exposé des autres. Elle a demandé à la Russe à commencer son exposé. Elle a parlé assez longuement de la fondation de l’Abbé Pierre. L’enseignante nous a demandé qui était l’abbé Pierre. Personne ne le connaissait. Elle a nous a demandé ce que voulait dire « abbé ». « C’est une fonction catholique », ai-je dit. Ensuite, d’autres se sont mises à parler plutôt librement, mais la discussion était majoritairement occupée par l’Anglaise et la Russe. La Brésilienne parlait un peu. L’Asiatique, pas beaucoup et ni moi non plus. L’Asiatique avait l’air timide. Je n’étais pas intimidé. Je ne parlais pas, parce que je n’avais pas suffisamment de renseignements. L'Anglaise et la Russe ont eu pitié de moi et partagé avec moi une partie de leurs notes. J’en suis tombé amoureux.

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