samedi 6 octobre 2018

L'atelier (2)


 Ce matin, je me suis levé à huit heures bien que je n’aie pas eu cours, pour aller à un atelier de français. Cette fois, je suis allé à un atelier du niveau C1. J’ai attendu que les étudiants de l’atelier précédent sortent de la salle de cours. Lorsque j’y suis entré, deux femmes, une blonde et une châtaine, aussi jeunes l’une que l’autre, étaient en train de discuter. En regardant la scène, je me suis dit sans raison particulière que la blonde était prof et la châtaine, étudiante. Peu après, la blonde a remercié l’autre et elle est partie. La prof était la châtaine.
 Elle était jeune et semblait avoir à peu près le même âge que moi. Elle était enrhumée. Elle était légèrement enrouée et elle se mouchait de temps en temps. Quelques instants plus tard, une autre femme souriante au teint un peu sombre nous a rejoints. C’était une Péruvienne. La prof nous a donné la liste des étudiants inscrits sur laquelle ne figuraient que deux noms. L’un était le mien, l’autre était celui de la fille.
 L’enseignante nous a demandé de débattre sur différents sujets qu’elle allait nous donner. Avant de commencer le débat, nous avons vérifié quelques mots utiles dans une discussion, comme « Je pense que… », « Je crois que… », « Tu as raison ». Elle nous a demandé si nous avions des idées de phrases semblables. Comme la Péruvienne s’est mise à citer des exemples, je me suis aussi hâté de chercher ce genre de phrases dans mon esprit. À ce moment-là, je me suis souvenu d’une vidéo qu’un ami m’avait montrée récemment. Dans cette vidéo, lors d’un débat, un certain Alain Finkielkraut s’échauffait et criait à son interlocuteur « Taisez-vous ! Taisez-vous ! ». J’avais adoré cette vidéo et l’avais regardée plusieurs fois. Sa voix criant « Taisez-vous ! Taisez-vous ! » résonnait dans ma tête. Je me suis également rappelé qu’en vociférant ces mots, il avait réussi à faire taire son adversaire, ce qui montrait que cette formule magique a pour effet d’étouffer les avis que l’on ne veut pas entendre. Mais je n’ai pas suggéré à l’enseignante « Taisez-vous ! » parce que mon éducation japonaise m’a appris à me taire dans certaines situations. J’ai dit humblement « En bref » et rien de plus.
 Ensuite, la Péruvienne et moi avons débattu sur différents sujets comme « Homme ou femme ? » ou « Livre ou film ? ». Finalement. nos propos ressemblaient plus à une discussion qu’une argumentation. Nous avons longuement parlé de Garcia Marquez. Elle était étonnée que j’aie lu ses livres en français et m’a appris que l’écriture de cet écrivain est difficile même dans le texte original en espagnol.
 Une chose étrange, c’est que la prof, une véritable Française des pieds à la tête, ne connaissait pas le mot « polar ». J’ai pensé que je l’avais mal prononcé et l’ai épelé. Elle ne comprenait toujours pas. « Je croyais que c’était un terme français…..ce mot désigne les romans policiers », ai-je dit. La Péruvienne le connaissait. J’ai montré à la Française la définition du mot « polar ». Elle a eu l’air convaincue quoiqu’intriguée.

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