Monsieur G. un fonctionnaire
français, grand amateur de filles, particulièrement de filles asiatiques, que
j’admire pour sa prose singulière et talentueuse en japonais, et qui m’a aussi
plus ou moins influencé de façon négative ou positive, exprime dans un article son
envie de collectionner les signatures de jeunes filles. Il voudrait les
collectionner pour une raison assez tragique. Bien qu’il adore les filles et
qu’il y songe tout le temps et malgré ses multiples tentatives d’avoir une jeune
fille comme petite amie, il n’a pas réussi une seule fois. Il est repoussé par
les femmes si terriblement que même les femmes pour qui il tient la porte ne
lui disent jamais « Merci ». En lisant à plusieurs reprises son livre favori, «
Les Belles endormies » de Yasunari Kawabata, son désir s’est accru d’une façon
si étrange qu’il a finalement eu l’idée de récolter des signatures de jeunes
filles, car même si on n'arrive pas à avoir une jeune fille comme petite amie,
il est encore possible d'avoir sa signature. Jusqu’à ce que je lise son
article, je n’avais jamais prêté attention aux écritures des filles.
Contrairement à Monsieur G., les lignes courbes et sautillantes tracées par la
main d’une fille ne suscitent aucune émotion chez moi. Cependant, je trouve intéressante
cette idée de collectionner des signatures des filles dans un agenda. J’ai
imaginé de nombreuses écritures de filles différentes des unes des autres,
juxtaposées dans mon petit cahier. Chaque tic fait partie de leur personnalité.
C’est comme si on les possédait dans une cage. Mais comment pourra-t-on
demander à des filles d’écrire leurs noms dans son agenda ? Je me pose aussi
cette question que Monsieur G. se pose lui-même. J’ai laissé un commentaire en
guise de plaisanterie, en disant : « Va-t-on faire une compétition ? Toi et
moi, qui aura le plus de signatures de filles ? ». « C’est injuste, tu as déjà
quelques amies », m’a-t-il dit. Cette réponse triste m'a fait verser une larme.
Je n’ai pas répondu. Quelques heures plus tard, il a mis un nouveau commentaire
: « Et si on collaborait, plutôt ? lol ». Il avait mis « lol », mais ce « lol »
qui est apparu soudain montrait qu’il était sérieux. En définitive, je n'arrive
pas à m'intéresser ni à l’écriture des filles ni aux crayons qu’elles ont
utilisés. J’éprouve un sentiment de défaite inexplicable.
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