Lorsque je suis arrivé au
cours de FLE, les gens s’étaient déjà installés aux tables et ils écrivaient. Je me
suis approché de mon enseignante. Elle était en train de discuter avec un autre
étudiant asiatique qui, j’ai aussitôt deviné, n’était pas japonais. « Tu
penses que tu as quel niveau ? lui a-t-elle demandé.
–
C1 ? a-t-il répondu d’un air hésitant.
– As-tu
passé le DELF ?
–
Oui, j’ai B2.
–
Ok…, a-t-elle dit d’un air pensif, je te mets quand même C1 ».
Elle lui a attribué le niveau C1 alors qu’il
n'a pas officiellement ce niveau ! Et elle m’avait mis dans le groupe de B2
tandis que je suis titulaire du niveau C1 depuis longtemps !
Ensuite,
elle m’a demandé de discuter avec ce garçon et de rédiger une dissertation sur
le sujet qu’elle me donnait. « Tu es japonais et il est coréen. Vous ne
parlez pas la même langue ? », nous a-t-elle dit. « Si, je connais
quelques mots coréens. ‘’Bonjour’’, ‘’Je t’aime’’ et ‘’Comment allez-vous ?’’ ».
Le sujet que l’enseignante nous a donné, c’était
« Travailler le dimanche ». Je devais jouer le rôle d’une personne
qui soutient cette idée, et mon interlocuteur, devait être contre. Le Coréen
parlait en fait un excellent français bien qu’il n’apprenne pas cette langue
depuis longtemps. J’étais à la fois impressionné et honteux. Au début, nous argumentions
sérieusement, mais sans nous rendre compte, nous nous sommes mis à bavarder
librement. Nous avons regardé sur Youtube des extraits de films coréens ou un
discours d’Emmanuel Macron. Le son était mauvais et qu’on ne comprenait rien. Nous
avons parlé d’André Gide et de musique classique. Nous étions contraints d’avoir
des opinions différentes sur ‘’le travail le dimanche’’, mais nous étions d’accord
sur le fait que le K-pop et le J-pop sont merdiques. À un moment donné, en
parlant de nourriture, il m’a dit qu’il n’aime pas le kimchi. Un Coréen qui n’aime
pas le kimchi ! C’est un Allemand qui n’aime pas les saucisses, un Français qui
n’aime pas les fromages (il y en a pas mal quand même) ou un Japonais qui n’aime
pas les sushis (mon frère) ! Même moi qui n’aime pas trop la nourriture épicée,
j’aime le kimchi.
Le Coréen était
très sérieux et il réfléchissait beaucoup sur l’introduction de notre
dissertation tandis que je soufflais à son oreille de la bâcler parce que ce ne serait pas noté. Au bout d’une heure,
nous avons réussi à produire quelque chose qui ressemblait à une dissertation. Je
craignais que l’enseignante ne relève nos dissertations avortées, mais elle est
partie sans les ramasser.
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