dimanche 20 janvier 2019

Le planétarium


 Il y a quelques jours, tandis que nous contemplions les jambes des filles, un ami qui s’appelle O, m’a dit soudain qu’il voudrait aller au planétarium. J’allais au planétarium dans mon enfance, mais ces mots d’O que prononçait O m’ont rappelé que cela faisait déjà plusieurs années que je ne l’avais pas visité. « On y va », lui ai-je dit.
 Ainsi, nous sommes allés au planétarium cette après-midi. Nous nous sommes retrouvés à la gare centrale, et nous avons pris le tram pour un trajet de deux heures. Le planétarium était situé à côté de l’observatoire. Il y avait longtemps que j’avais envie d’entrer dans la partie ronde de l’observatoire, sans jamais en avoir l'occasion. Je me disais que ce serait chouette si j’observais le ciel nocturne depuis cet œil de bœuf. Le planétarium était un bâtiment blanc, moderne et carré. Il me faisait penser à un tombeau gigantesque. J’ai eu l’impression que le planétarium y avait soudain apparu comme un monolithe.
 Nous avons pris nos tickets à la réception au guichet. Nous nous sommes assis sur nos places et avons attendu que la séance commence. Le plafond hémisphérique était d’un blanc crème, et il semblait extrêmement loin. Pendant que je le regardais dans un second état, des motifs que l'on voit dans les tableaux de Raouls Duffy ont émergé et ébloui mes yeux. Au centre se trouvait un projecteur perforé de trous. Il y avait des spectateurs clairsemés dans la salle de projection. Quelques minutes plus tard, une alarme a retenti et la lumière s’est éteinte doucement.
 Quelques étoiles ont commencé à se dessiner sur le plafond obscur. L’obscurité s’est remplie d’innombrables petits points de lumière. Une voix douce de femme s’est mise à donner des explications sur les constellations que nous pouvions observer en hiver.
« Si on reliait Bételgeuse de l’Orion à Sirius du Grand Chien et à Procyon du Petit Chien, cela donnerait le célèbre Triangle d’hiver. Par ailleurs, si on prolongeait la ligne que forment les trois étoiles voisines de l’Orion vers la droite, on arriverait à Aldébaran du Taureau… »
 À la fin de la séance, le ciel nocturne s’est mis à tourner au-dessus de nos têtes. L’horizon a commencé à blanchir. L’aube était proche.
 « J’ai eu un vertige », m’a dit O, en sortant de la salle de projection. « L'Orion ne ressemblait pas à un chasseur, mais à un sablier », ai-je dit. Ainsi, nous avons fêté notre retour sur la Terre. 
 Mais maintenant que j’y pense, je ne suis pas allé au planétarium. Je n’ai pas d’ami qui s’appelle O. Je ne sais pas si c’est un bâtiment blanc, carré et qu’il se situe à côté de l’observatoire. Tout ce que j’ai fait aujourd’hui, c’est de regarder un vieux film de David Lynch, sans jamais sortir de chez moi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire