samedi 12 janvier 2019

''Manga-michi'' de Fujiko Fujio A


« Devant Shigeru Saino et Michio Maga s'ouvrait un chemin infini.Maintenant les deux garçons ont mis le pied sur cette voie !Ce chemin n'était autre que le "manga-michi", la voie du manga qui s’étendait à perte de vue !! »
 Je parle de mon manga préféré, « manga-michi » (littéralement « le chemin vers le manga, ou le chemin du manga », de Fujiko Fujio A. J’ai vu que de nombreux mangas sont traduits en français, mais cette œuvre n’est pas, et ne sera peut-être pas publiée en France malgré sa qualité et son importance incontestables.
 Avant de présenter l’intrigue, il faut souligner qu’au Japon, il y avait un duo de dessinateurs de manga légendaire, le défunt Fujiko F Fujio, auteur de « Doraemon » (Hiroshi Fujimoto) et Fujiko Fujio A (Moto-o Abiko). Ce duo a dessiné pendant longtemps de nombreux mangas, jusqu’à ce qu’ils se séparent naturellement en 1987. « Manga-michi » est une œuvre de Fujiko Fujio A, qui a été prépubliée de 1977 à 1982 dans le magazine « Weekly Shônen King ».
 Il y a plusieurs années, il y avait un manga des auteurs de « Death Note », sur un duo de dessinateurs imaginaires, intitulé « Bakuman ». « Manga-michi » est un peu comme « Bakuman », sauf que le premier est beaucoup plus ancien et que c’est une non-fiction.
 « Manga-michi » est un manga autobiographique racontant le parcours de Fujiko F Fujio et Fujiko Fujio A, remontant jusqu’à leur rencontre à l’école primaire à la campagne au Japon. Leurs noms ont été modifiés. Dans le manga, Fujio F Fujio s’appelle « Shigeru Saino », et Fujiko Fujio A « Michio Maga ». Un garçon qui aime dessiner, Miciho Maga, rencontre un autre garçon talentueux et fasciné par les mangas, Shigeru Saino. Ils deviennent tout de suite très intimes, et commencent à dessiner des mangas ensemble. Au collège, ils créent un magazine de manga écrit à la main, qui a énormément de succès auprès des garçons de leur village. Au lycée, ils commencent à envoyer leurs œuvres sous le pseudonyme de « Shigemichi Ashizuka » à un magazine de manga « Shônen Gahô » qui a réellement existé. On est à l’aube du manga japonais où Osamu Tezuka est encore très jeune, mais est déjà l’un des auteurs les plus populaires. À l’époque, le manga désignait principalement « yon-koma (manga en quatre cases) » et il s’agissait le plus souvent de gags. Et c’est surtout Osamu Tezuka qui a développé le manga que l’on connait aujourd’hui, qui raconte une histoire originale et une aventure. À un moment, le duo « Shigemichi Ashizuka » obtient pour la première fois sa place dans un journal local, avec son manga en quatre cases « Tenshi no Tama chan (Tama l’ange) », ainsi que leur salaire. Cependant, le journal arrête un jour de publier leur manga sans prévenir les auteurs. Cela a été à la fois leur succès et échec. A la même époque, Saino et Maga envoient une lettre d’admirateur accompagné de leur premier long manga, à Osamu Tezuka qui leur répond plus tard et les invite chez lui ! Saino et Maga qui habitent la préfecture de Toyama, dans le nord du Japon, partent pour Osaka où vit Tezuka. Tezuka exhorte les jeunes lycéens à continuer à dessiner. Saino et Maga apprennent que Tezuka avait dessiné plus de 1000 pages pour un manga de 400 pages, et ils en sont étonnés. Devant eux, Tezuka se met à travailler sur le premier épisode de son nouveau manga en feuilleton « Leo, le roi de la jungle ». Cette rencontre a laissé une forte impression aux jeunes garçons qui rêvent de devenir dessinateurs de manga. De retour à Toyama, ils jettent les manuscrits de « L’Utopie », l’œuvre sur laquelle ils travaillaient et décident de tout recommencer.
Ils continuent à dessiner et leurs mangas ont été publiés dans plusieurs magazines, mais ils terminent leurs études secondaires sans parvenir à devenir professionnels. Maga commence à travailler pour le bureau d’un journal et Saino pour une entreprise. Toutefois, le lendemain, Saino avoue à Maga qu’il a démissionné, et qu’il va se consacrer uniquement au manga. Maga est choqué de cette nouvelle parce que Saino est quelqu’un de très sérieux et de consciencieux. Maga va toujours travailler pour le bureau du journal, tout en continuant de dessiner avec Saino……
 On est encore au début de l’histoire. Ce manga devient encore plus intéressant dès que le duo prend la décision de s’installer à Tokyo. Au début, ils louent une chambre incroyablement petite (de seulement deux tatamis de superficie, soit guère plus de 3 mètres carrés) dans la maison de la tante de Maga, jusqu’à ce qu’ils emménagent dans le célèbre appartement « Tokiwa-sô » qu’habitaient beaucoup de dessinateurs légendaires, Osamu Tezuka, Shôtarô Ishinomori, Hiroo Terada, Fujio Akatsuka etc. À Tokyo, le duo a quand même assez de succès quoique les deux dessinateurs soient toujours pauvres. Mais obtenir une place dans les magazines est tellement difficile. Même si on y réussit, si l'œuvre n’attire pas suffisamment de lecteurs, elle sera immédiatement retirée. Un jour, le duo subit un grave échec et perd sa position dans les milieux du manga.
 Ce manga est non seulement palpitant, mais il permet également de comprendre de quelle manière le manga japonais s’est développé. L’art de la narration de Fujiko Fujio A est si habile que j’ai lu tous les tomes d’une traite. J’espère qu’il sera traduit et publié en France, le deuxième pays consommateur de mangas.

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