« Devant Shigeru Saino et Michio Maga s'ouvrait un chemin infini.Maintenant les deux garçons ont mis le pied sur cette voie !Ce chemin n'était autre que le "manga-michi", la voie du manga qui s’étendait à perte de vue !! »
Je
parle de mon manga préféré, « manga-michi » (littéralement « le chemin vers le
manga, ou le chemin du manga », de Fujiko Fujio A. J’ai vu que de nombreux
mangas sont traduits en français, mais cette œuvre n’est pas, et ne sera
peut-être pas publiée en France malgré sa qualité et son importance
incontestables.
Avant
de présenter l’intrigue, il faut souligner qu’au Japon, il y avait un duo de
dessinateurs de manga légendaire, le défunt Fujiko F Fujio, auteur de «
Doraemon » (Hiroshi Fujimoto) et Fujiko Fujio A (Moto-o Abiko). Ce duo a
dessiné pendant longtemps de nombreux mangas, jusqu’à ce qu’ils se séparent
naturellement en 1987. « Manga-michi » est une œuvre de Fujiko Fujio A, qui a
été prépubliée de 1977 à 1982 dans le magazine « Weekly Shônen King ».
Il
y a plusieurs années, il y avait un manga des auteurs de « Death Note », sur un
duo de dessinateurs imaginaires, intitulé « Bakuman ». « Manga-michi » est un
peu comme « Bakuman », sauf que le premier est beaucoup plus ancien et que
c’est une non-fiction.
«
Manga-michi » est un manga autobiographique racontant le parcours de Fujiko F
Fujio et Fujiko Fujio A, remontant jusqu’à leur rencontre à l’école primaire à
la campagne au Japon. Leurs noms ont été modifiés. Dans le manga, Fujio F Fujio
s’appelle « Shigeru Saino », et Fujiko Fujio A « Michio Maga ». Un garçon qui
aime dessiner, Miciho Maga, rencontre un autre garçon talentueux et fasciné par
les mangas, Shigeru Saino. Ils deviennent tout de suite très intimes, et
commencent à dessiner des mangas ensemble. Au collège, ils créent un magazine
de manga écrit à la main, qui a énormément de succès auprès des garçons de leur
village. Au lycée, ils commencent à envoyer leurs œuvres sous le pseudonyme de
« Shigemichi Ashizuka » à un magazine de manga « Shônen Gahô » qui a réellement
existé. On est à l’aube du manga japonais où Osamu Tezuka est encore très
jeune, mais est déjà l’un des auteurs les plus populaires. À l’époque, le manga
désignait principalement « yon-koma (manga en quatre cases) » et il s’agissait
le plus souvent de gags. Et c’est surtout Osamu Tezuka qui a développé le manga
que l’on connait aujourd’hui, qui raconte une histoire originale et une
aventure. À un moment, le duo « Shigemichi Ashizuka » obtient pour la première fois
sa place dans un journal local, avec son manga en quatre cases « Tenshi no Tama
chan (Tama l’ange) », ainsi que leur salaire. Cependant, le journal arrête un
jour de publier leur manga sans prévenir les auteurs. Cela a été à la fois leur
succès et échec. A la même époque, Saino et Maga envoient une lettre
d’admirateur accompagné de leur premier long manga, à Osamu Tezuka qui leur
répond plus tard et les invite chez lui ! Saino et Maga qui habitent la
préfecture de Toyama, dans le nord du Japon, partent pour Osaka où vit Tezuka.
Tezuka exhorte les jeunes lycéens à continuer à dessiner. Saino et Maga
apprennent que Tezuka avait dessiné plus de 1000 pages pour un manga de 400
pages, et ils en sont étonnés. Devant eux, Tezuka se met à travailler sur le
premier épisode de son nouveau manga en feuilleton « Leo, le roi de la jungle
». Cette rencontre a laissé une forte impression aux jeunes garçons qui rêvent
de devenir dessinateurs de manga. De retour à Toyama, ils jettent les
manuscrits de « L’Utopie », l’œuvre sur laquelle ils travaillaient et décident
de tout recommencer.
Ils
continuent à dessiner et leurs mangas ont été publiés dans plusieurs magazines,
mais ils terminent leurs études secondaires sans parvenir à devenir professionnels.
Maga commence à travailler pour le bureau d’un journal et Saino pour une
entreprise. Toutefois, le lendemain, Saino avoue à Maga qu’il a démissionné, et
qu’il va se consacrer uniquement au manga. Maga est choqué de cette nouvelle
parce que Saino est quelqu’un de très sérieux et de consciencieux. Maga va
toujours travailler pour le bureau du journal, tout en continuant de dessiner
avec Saino……
On
est encore au début de l’histoire. Ce manga devient encore plus intéressant dès
que le duo prend la décision de s’installer à Tokyo. Au début, ils louent une
chambre incroyablement petite (de seulement deux tatamis de superficie, soit
guère plus de 3 mètres carrés) dans la maison de la tante de Maga, jusqu’à ce
qu’ils emménagent dans le célèbre appartement « Tokiwa-sô » qu’habitaient
beaucoup de dessinateurs légendaires, Osamu Tezuka, Shôtarô Ishinomori, Hiroo
Terada, Fujio Akatsuka etc. À Tokyo, le duo a quand même assez de succès quoique
les deux dessinateurs soient toujours pauvres. Mais obtenir une place dans les
magazines est tellement difficile. Même si on y réussit, si l'œuvre n’attire
pas suffisamment de lecteurs, elle sera immédiatement retirée. Un jour, le duo
subit un grave échec et perd sa position dans les milieux du manga.
Ce
manga est non seulement palpitant, mais il permet également de comprendre de
quelle manière le manga japonais s’est développé. L’art de la narration de
Fujiko Fujio A est si habile que j’ai lu tous les tomes d’une traite. J’espère
qu’il sera traduit et publié en France, le deuxième pays consommateur de
mangas.
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