lundi 7 janvier 2019

L'interview de Kenzaburô Oé




 Je profite des vacances pour lire des livres que j’avais laissés sur mon étagère. Pour l’instant, je lis « Le Jeu du siècle » de Kenzaburô Oé que l’on m’avait offert l’an dernier.
 Aujourd’hui, j’ai regardé sur Youtube une interview de Kenzaburô Oé qui date de 2010. L’un des plus grands romanciers du Japon dit des choses intéressantes dans cette vidéo. Par exemple, il dit que pour lui le poème est la forme la plus aboutie de la littérature. Dans sa jeunesse, il a essayé de lire des poèmes en anglais en tant que texte original, mais à un moment, il s’est demandé s’il comprenait vraiment l’esthétique de ces poèmes. Finalement, il eut l’impression qu’il comprenait mieux les poèmes, avec leur version traduite en japonais par un traducteur qui avait un sens de l’écriture avec la langue originale. Comme quelqu’un avait dit que le poème est fondamentalement intraduisible, ce point de vue selon lequel on comprend mieux les poèmes traduits, est intéressant pour moi.
 Par ailleurs, Monsieur Oé dit que beaucoup d’écrivains japonais de l’ère Taishô (de 1912 à 1926) à l’instar de Shinichi Makino, Motojirô Kajii, Atsushi Nakajima, Shimei Futabatei, dans le but de créer un nouveau style, faisaient l’effort d’importer le rythme et la sonorité d’une langue étrangère tels que l’anglais, le français, le grec, le chinois, le russe dans leur japonais. Il dit ensuite qu’à l’ère de Shôwa (de 1926 à 1989), surtout après-guerre, les écrivains ont commencé à interroger des sujets lourds dans leurs œuvres si bien que leur style a perdu une certaine légèreté. Et durant cette ère, Monsieur Oé dit qu’il essayait toujours de faire retentir la sonorité de la langue étrangère, et selon lui, celui qui a achevé ce travail, et qui a réussi à acquérir une importance internationale est Haruki Murakami.
 J’apprécie ces deux écrivains depuis longtemps et je trouvais toujours qu’il y a une ressemblance entre eux (la présence de la violence et de citations, un univers mystérieux etc), mais je n’avais jamais regardé leurs œuvres de ce point de vue. Dans l’interview, Kenzaburô Oé parle de l’importance de l’élaboration de ses romans en montrant ses manuscrits remplis d'innombrables ratures et ajouts. Il dit qu’il élabore si obstinément que lorsqu’il achève un roman, les traces de la première version sont presque invisibles. Haruki Murakami disait la même chose dans un de ses essais. Mais la différence, c’est qu’Oé écrit à la main, et Murakami, avec un Mac.

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