Je profite des vacances pour lire des
livres que j’avais laissés sur mon étagère. Pour l’instant, je lis « Le Jeu du
siècle » de Kenzaburô Oé que l’on m’avait offert l’an dernier.
Aujourd’hui, j’ai regardé sur Youtube
une interview de Kenzaburô Oé qui date de 2010. L’un des plus grands romanciers
du Japon dit des choses intéressantes dans cette vidéo. Par exemple, il dit que
pour lui le poème est la forme la plus aboutie de la littérature. Dans sa
jeunesse, il a essayé de lire des poèmes en anglais en tant que texte original,
mais à un moment, il s’est demandé s’il comprenait vraiment l’esthétique de ces
poèmes. Finalement, il eut l’impression qu’il comprenait mieux les poèmes, avec
leur version traduite en japonais par un traducteur qui avait un sens de l’écriture
avec la langue originale. Comme quelqu’un avait dit que le poème est
fondamentalement intraduisible, ce point de vue selon lequel on comprend mieux
les poèmes traduits, est intéressant pour moi.
Par ailleurs, Monsieur Oé dit que
beaucoup d’écrivains japonais de l’ère Taishô (de 1912 à 1926) à l’instar de
Shinichi Makino, Motojirô Kajii, Atsushi Nakajima, Shimei Futabatei, dans le
but de créer un nouveau style, faisaient l’effort d’importer le rythme et la
sonorité d’une langue étrangère tels que l’anglais, le français, le grec, le
chinois, le russe dans leur japonais. Il dit ensuite qu’à l’ère de Shôwa (de
1926 à 1989), surtout après-guerre, les écrivains ont commencé à interroger des
sujets lourds dans leurs œuvres si bien que leur style a perdu une certaine légèreté. Et durant cette ère, Monsieur Oé dit qu’il
essayait toujours de faire retentir la sonorité de la langue étrangère, et
selon lui, celui qui a achevé ce travail, et qui a réussi à acquérir une
importance internationale est Haruki Murakami.
J’apprécie ces deux écrivains depuis
longtemps et je trouvais toujours qu’il y a une ressemblance entre eux (la
présence de la violence et de citations, un univers mystérieux etc), mais je
n’avais jamais regardé leurs œuvres de ce point de vue. Dans l’interview,
Kenzaburô Oé parle de l’importance de l’élaboration de ses romans en montrant
ses manuscrits remplis d'innombrables ratures et ajouts. Il dit qu’il élabore
si obstinément que lorsqu’il achève un roman, les traces de la première version
sont presque invisibles. Haruki Murakami disait la même chose dans un de ses
essais. Mais la différence, c’est qu’Oé écrit à la main, et Murakami, avec un
Mac.
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