mercredi 24 janvier 2018

Get Wild and Tough

 J’ai fait un drôle de rêve et je me suis réveillé à quatre heures du matin. Dans mon rêve, je montais dans une locomotive avec d’autres personnes mais elle ne roulait pas dehors. Elle circulait dans un palais en ruine. Quand elle s’est arrêtée, les autres se sont mis à la démonter. J’étais réticent à la détruire parce que je savais que, sans elle, on ne pourrait plus jamais rentrer. Mais j’étais tout seul contre ceux qui la démontaient. Que pouvais-je faire ? Et c'était la fin de ce cauchemar. Quand on écrit de cette manière, ça n’a pas du tout l’air effrayant, mais en réalité ce rêve était si terrifiant que je ne pouvais plus me rendormir.

 J’avais donc un mauvais pressentiment depuis le matin. Si je commence par la conclusion, ça a été une journée affreuse. Après le cours d’ancien français, la tête brumeuse, je suis sorti du bâtiment. Devant moi, il y avait deux garçons de la classe que j’avais déjà vus mais avec qui je n'avais jamais parlé. J’ai vu qu’ils parlaient de quelque chose avec une fille qui tenait une plaque. Quelques instants plus tard, ils sont partis. Cette fille m’a ensuite adressé la parole, mais elle parlait d'une manière très bizarre. Alors que normalement j’ignore les inconnus, je me suis arrêté pour essayer de comprendre ce qu’elle me disait. Au bout d’un moment, j’ai compris qu’elle était sourde et muette, ou qu’elle faisait semblant d’être sourde et muette. Elle m’a demandé de signer la liste qu’elle tenait. Par la suite, elle m’a demandé de lui donner de l’argent et c’est à ce moment-là que j’ai eu la conviction que c’était une escroquerie. Mon cerveau s'est tout à coup réveillé mais c'était trop tard.
« Combien ? ai-je demandé, tout résigné.
- Cinquante », a dit tout de suite la putain.
 Espèce de connasse, t’es pas sourde toi !
 Je lui ai donné un billet de dix euros pour me débarrasser de ce parasite. Voilà, c’est ainsi que j’ai perdu dix euros aujourd’hui. Si elle avait été belle, j’aurais pu encore me convaincre que ce que j’avais fait qui avait un sens. Mais elle était moche, petite, idiote, connasse, putain, porteuse du sida, infectée de toutes les maladies sexuelles existant sur la terre.

 Je suis ensuite allé à la bibliothèque de japonais, cette fois pour m’y inscrire. J’ai donné un chèque de cent cinquante euros comme caution à la bibliothécaire qui a une tête de bébé. Je me suis mis à choisir des livres. Alors que j’étais venu pour lire un livre de Yukio Mishima, tout à coup, mon corps a commencé à résister à lire son livre. Il faut rappeler que la lecture c’est aussi quelque chose de physique, pas seulement intellectuel. J’ai finalement choisi « La classe de lettres de Yukio Mishima » qui était le plus fin et semblait le plus facile à lire. Avec ce livre, j’apprendrai à écrire une belle lettre. Mais à qui je vais l'envoyer ? J’ai emprunté aussi « Sanshirô » de Sôseki. Pourtant je ne sais pas si j’aurai le temps de lire ce dernier.

 Lorsque j’attendais le tram à l’arrêt Esplanade pour rentrer chez moi, cette fois, c’est un autre type qui s’est approché de moi. Ce gars avec un gobelet de papier n’était pas très vieux. Il portait un manteau sale, une casquette qui ne servait sans doute pas à protéger ses oreilles du froid. Il m’a dit « S’il vous plaît, give me money ». Sa manière de parler m'a rappelé les mômes japonais qui demandaient du chocolat aux soldats ricains juste après la guerre. Il me faisait pitié, mais j’avais déjà donné dix euros à la putain. Je ne voulais absolument pas perdre davantage d’argent. Ne m'en veux pas, plains-toi à la putain. Par ailleurs, s’il voulait de l’argent, il devait faire quelque chose. Cirer des chaussures, raconter une histoire intéressante, chanter et danser etc. Je lui ai dit en français que j’étais désolé. Il est parti vers d’autres personnes.

 C’était sans conteste une journée merdique. Mais j’ai fait aussi une découverte. J’ai trouvé une boisson au soja au supermarché. Je me suis demandé pourquoi il y en avait alors qu’il n’y a pas de tofu en France. Comme je déteste le lait, quand j’étais au Japon, j’utilisais une boisson de soja comme substitut. De toute façon le lait ne sert à rien aux Japonais. Pourquoi ? Parce que la plupart des Japonais ont une intolérance au lactose. Ils ne peuvent pas le digérer. En japonais, le lait se dit « Gyû-nyû ». Ici Gyû signifie la vache, et Nyû, le lait. Ça veut dire donc ‘’Le lait de vache’’ littéralement. Évidemment, on ne doit pas priver les veaux du lait de leur mère. C'est la raison pour laquelle je refuse d'en boire.

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