‘’Une existence tranquille’’ de Kenzaburo Oe est
l’histoire d’une famille japonaise. Le père appelé K est un écrivain. Il subit
‘’une crise’’ qui a commencé depuis qu'il a échoué à réparer les égouts de sa
maison, et il part en Californie en tant que ''writer in residence'' avec sa
femme en laissant ses enfants au Japon.
La fille aînée s’appelle Mâ. Elle est
étudiante en littérature française. Elle est sérieuse, gentille et sensible. Le
fils aîné est appelé Eoyore. Il souffre d'un handicap mental, mais il a des talents de compositeur. Le fils cadet O, caractérisé par son sang-froid,
prépare son concours d’entrée à l’université pour l’année suivante. Ils sont
tous appelés par leurs surnoms, et on ne connait pas leurs vrais prénoms sauf
celui d’Eoyore, Hikari, le même prénom que le fils handicapé mental de
l’auteur.
Pendant
l’absence de leurs parents, ils doivent garder la maison si bien que l’histoire
décrit leur vie quotidienne la plupart du temps. Toutefois, on ne sait pas
vraiment s’ils mènent ‘’une existence tranquille’’. Ce titre me semble
paradoxal, puisque l’héroïne Mâ vit plusieurs expériences périlleuses :
elle rencontre un satyre attaquer une fillette, un personnage se
fait casser les clavicules, un autre personnage se fait agresser si violemment
qu'il est défiguré. Dans le bus, une jolie lycéenne insulte son
frère handicapé. Et vers la fin du récit, Mâ subit un incident grave que l'on ne peut vraiment pas qualifier de ''tranquille''.
Ce
livre me semble être basé sur une tension extrême comme un numéro de funambule. L’histoire est tendue entre la vie quotidienne d’une famille et le monde obscur
où règnent la froideur de la société, la discrimination et la violence.
J’ai
personnellement aimé le passage où Mâ exprime son opinion sur ‘’Rigodon’’ de
Céline, autours duquel elle souhaite rédiger son mémoire.
« Céline ? Une jeune fille de bonne famille qui ne sait rien de la vie feindrait-elle une adorable fascination pour le mal ? »Ce à quoi je répondais, fuyante :« Plutôt que Céline, j’aime les chats, alors je pense relever les expressions qui les concernent ».
«…nos petits crétins eux sont placés, ils ont plus à s’occuper de nous, suédois qu’ils sont, baveux, muets, sourds… je pense là à eux, trente ans plus tard, s’ils vivent toujours foutre qu’ils sont grands l’heure actuelle, là-haut…aussi peut-être qu’ils ne bavent plus, qu’ils entendent très bien, absolument rééduqués…des vioques rien à espérer n’est-ce pas ? mais des mômes, tout… » Je suis bien incapable de critiquer un style en français, mais j’aime la manière d’écrire de Céline qui, contrairement à ce que j’imaginais au départ, traite avec légèreté, sans fioritures, les questions graves.
Je n’ai jamais lu ‘’Rigodon’’, mais ce livre
d’Oe m’a donné envie d'essayer. En outre, j’ai trouvé que la personnalité et
la manière de parler de Mâ ressemblent à celles de Pauline. Elles sont toutes
les deux étudiantes en littérature française et aiment les chats. Je lui ai
donc envoyé quelques extraits. Elle m’a dit : « Tu trouves ? J’ai déjà entendu
parler de ce livre. C’est d’Oe, pas vrai ? ». Mâ est préoccupée par sa tête en
forme de petit ballon, tandis que celle de Pauline n’est pas ronde.
Ce roman a été adapté au cinéma par Jyûzo Itami en 1995 avec la musique de Hikari
Oe en personne, néanmoins il reste plutôt enseveli parmi les films de ce
cinéaste.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire