Aujourd’hui,
j’avais rendez-vous avec ma psychiatre. Je lui ai parlé de beaucoup de choses,
de la mort de Yukio Mishima, de « Un bonbon ou une balle ? » de Kazuki Sakuraba
que j’ai traduit et de la petite coïncidence selon laquelle lorsque j’ai
terminé de traduire un de ses livres, une maison d’édition française a publié « La légende des Akakuchiba » alors que jusqu’ici c’était une écrivaine
totalement inconnue dans l’Hexagone. Je lui ai aussi parlé de la série sur
Hannibal Lecter. Comme le frère d’« Un bonbon ou une balle ? » est un
hikikomori, je lui ai demandé si elle connaissait ce terme. Elle a acquiescé.
Avant j’avais déjà regardé une émission française sur les hikikomori. Une mère française
d’un certain âge disait d’un air triste que son fils était un hikikomori.
C'était bizarre que ce mot sorte de la bouche d'une Française.
Je me suis
rendu compte que ma psychiatre ressemble un peu à celle du célèbre cannibale. Hannibal
est lui-même un psychologue mais il va chez la psychiatre Madame Du Maurier. Évidemment,
il ne lui révèle pas que tuer des gens et les manger lui font plaisir, mais Madame
Du Maurier se rend compte par elle-même de la singularité du Docteur Lecter. Elle refuse qu’il vienne chez elle. Cependant, dans la troisième saison, ils vivent
ensemble comme un vrai couple en Italie pour une raison inconnue. La série
Hannibal dont la quatrième saison a été annulée, se termine par la scène où Du
Maurier est à la table. La caméra montre d’abord une jambe rôtie qui a l’air
vraiment délicieuse sur la table. Sous la table, on remarque que Du Maurier a
perdu l’une de ses jambes.
Je n’ai pas
pris de prochain rendez-vous pour le moment parce qu’en ce moment, je déprime
moins qu’avant même si la communication avec les autres m'effraie toujours. Je
peux communiquer par écrit, mais à l’oral je dois gérer beaucoup plus de choses
en même temps (le ton de la voix, l’expression du visage, la manière de parler,
le choix des mots) et je panique intérieurement quand je parle avec des gens
face à face. On dit que Kafka écrivait énormément de lettres à sa copine, au
moins une par jour, mais qu’il était souvent réticent à la voir. Je crois
comprendre un peu ses sentiments. Clairement, je ne suis pas fait pour vivre
dans ce monde. Je ne trouve ma place nulle part dans la société. Mais je sais
bien que je ne pourrai pas vivre tout seul.
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