lundi 22 janvier 2018

''Les Gommes'' Alain Robbe-Grillet


 J’avais entendu dire que les livres du ‘’nouveau roman’’ étaient difficiles. Personnellement j’ai trouvé que ’’Les gommes’’ d’Alain Robbe-Grillet était si intéressant que je n’ai pas pu m’empêcher de lire toute la nuit.
 Quelqu'un a écrit que ce roman n’avait pas d’intrigue. Au contraire, j’ai eu l’impression que la composition de cette œuvre est solidement élaborée.

 Normalement dans les romans policiers, le héros cherche quelque chose. Dans ce récit aussi, le protagoniste, le jeune inspecteur Wallas essaie d’éclaircir une affaire louche. Il trouve quelques indices. Toutefois, on n’a pas l’impression qu’il approche de la vérité. Il erre dans de mêmes rues : il croise les mêmes personnes : il entre plusieurs fois dans des papeteries pour acheter la gomme d’une marque particulière mais il ne la trouve pas : on lui dit que le louche suspect présumé lui ressemble beaucoup physiquement et un ivrogne lui pose des devinettes sans réponse dans un bar. Des épisodes semblables se répètent comme des motifs dans une composition de musique classique. Mais le récit avance en changeant petit à petit la sonorité des motifs répétitifs. Le héros s’implique de plus en plus dans cette affaire sans s’en rendre compte.
L’écriture n’a rien de compliqué. Elle est simple et descriptive. Il n'y a presque pas d’analyse psychologique des personnages. Parfois on a même l’impression de lire un rapport scientifique.

 Une histoire générale avance d'un point A à un point B tel le courant de la rivière. Il y a un héros qui rencontre tel ou tel personnage il fait ceci ou cela et l’histoire se termine. Dans ‘’les gommes’’, plusieurs dimensions, comme des escaliers, s’entremêlent horizontalement et verticalement. En les suivant, le lecteur perd le sens de l'orientation mais il approche peu à peu du sommet. Je pense que c’est ce qui donne l’impression aux gens que c’est un roman difficile, bien que tous les aspects de l’affaire soient précisés depuis le début.

 La gomme semble être un objet symbolique, puisque beaucoup de choses disparaissent dans ce livre. La gomme que le héros recherche, le cadavre de la victime, les bonnes réponses aux devinettes que pose l’ivrogne, le sosie du héros et l’auteur du crime, où sont-ils ? D’ailleurs, on ne sait pas trop pourquoi Wallas veut cette gomme. Ce n’est qu’une gomme… Après avoir tourné la dernière page de l’épilogue, j’ai eu l’impression que la gomme avait effacé quelque chose d’important de ma mémoire.

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