Aujourd’hui, c’était le dernier jour
de l’année. Je suis allé saluer les deux chats de ma résidence. Le gros chat,
nommé Patience faisait une longue sieste tandis que la petite, Mimi guettait
les gens qui entraient et sortaient, assise sur son lit. Lorsque je me suis accroupi
devant elle, elle m’a salué d’un miaulement. Je lui ai caressé la tête et je
suis parti.
J’ai longé le Rhin. J’ai croisé
quelques couples de vieillards. Le courant du fleuve était lent et tranquille. Sous
la surface, une immense quantité d’algues flottait comme les cheveux d’une
femme. J’ai traversé un pont, et je suis arrivé devant un petit élevage de
chèvres. Les bêtes étaient en train de brouter. Il y en avait une qui était
noire, une autre était marronne. Elles avaient des cornes blanches. Il y en
avait aussi deux petites. Étaient-elles leurs bébés ?
Elles me fixaient toutes d’un regard
curieux. Quelques instants plus tard, la chèvre noire s’est approchée de moi.
Je suis désolé, je n’ai rien à te donner, lui ai-je dit dans ma tête. Nous nous
sommes regardés un certain temps, puis je l’ai quittée.
Je suis ensuite allé au parc de l’Orangerie.
Les animaux du parc de l’Orangerie ont l'air malheureux. Ce n'est en fait pas
un vrai zoo. C'est juste un parc immense où il y a des animaux. Les grilles
sont doublées si bien qu'ils sont loin. De plus, la vitre reflète la lumière et
cela empêche de bien voir à quoi ils ressemblent.
J’ai vu un animal semblable à un
cerf. Il était loin et reniflait le sol. Des flamants se tenaient debout sur
une seule patte. Les cigognes que j’avais vus pendant l’été avaient migré
quelque part. Les serpents se cachaient dans leurs abris. Un perroquet essayait
d’ouvrir la porte qui l’emprisonnait en poussant des cris terribles. Des paons
dodelinaient nonchalamment de la tête. Et la cage des genettes était vide.
J’ai trouvé le hibou intéressant. Tandis que
je l’observais, une mère, son mari et leur bébé sont venus à côté de moi. La
mère a imité les cris du hibou : hooo, hooo, hooo. Seule la tête du hibou s’est
tournée vers la mère, puis il a tourné à nouveau la tête.
Il y avait aussi beaucoup d’humains. Ils n’étaient pas dans des cages. Ils marchaient librement sur leurs deux pieds. Il y en avait de petits et de grands. Les petits étaient des enfants, ou sinon des vieillards. Les grands étaient des adultes. Les mâles étaient barbus, les femelles étaient imberbes et avaient souvent de longs cheveux. Assis sur un banc, j'ai contemplé les visiteurs du parc d’Orangerie du dernier dimanche de 2017, et je suis rentré chez moi.
En 2016, je n’ai parlé à personne
sauf aux caissiers du supermarché (‘’Bonjour’’, ‘’Par carte, s’il vous plaît’’,
‘’Au revoir’’). En 2017, j’ai parlé un peu avec des gens en dehors de
l’université. J’ai travaillé pour la première fois en tant qu’interprète. J’ai
traduit pour la première fois un livre entier en français. C’était juste pour
mon plaisir, et je ne peux pas assurer la qualité de ma traduction, mais ce
travail a beaucoup amélioré mon français. Je pense donc que 2017 a été quand
même plus riche que 2016 où j’avais été désespéré pendant toute l’année. Je me
demande à quoi ressemblera mon année 2018. Elle sera sans doute semblable aux
autres années de ma vie, rien de spécial, un néant total. Ou il se peut que je
meure dans un accident de voiture, ou que je sois poignardé par quelqu'un qui
ne m'aime pas. En tous cas, cette année, j’aimerais apprendre à faire une jolie
omelette. Une omelette d’un jaune soleil, ovale, parfaitement gonflée et
délicieuse.
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