Bien que j’aie imaginé une
vieille dame méchante aux dents jaunies avec un fouet à la main, la professeure
chargée du cours de ce matin était tout le contraire. Elle est très jeune et
pleine de vitalité comme l’héroïne d’une comédie musicale. Elle m’a demandé
pourquoi j’étais absent la semaine dernière. « Je dormais », ai-je
répondu honnêtement. Ce matin, j’avais réussi à me réveiller à six heures, mais
à vrai dire j’étais encore moitié endormi. Je me suis rendu compte que j’avais
acheté le premier tome des ‘’Mille et une nuits’’, alors que ce dont on avait
besoin dans le cours, c’était le troisième. C’est parce que je n’étais pas là
la semaine dernière.
Je
n’ai jamais lu ‘’Les milles et une nuits’’. Si je ne me trompe, c’est
l’histoire d’une fille qui s’appelle Shéhérazade. Elle est obligée de raconter
une histoire chaque nuit au roi pour survivre. Quand j’étais enfant, j’ai
regardé ‘’Doraemon : Nobita’s Dorabian Night’’, mais je pense que c’est
différent des ‘’Mille et une nuit’’.
Ce
cours a l’air intéressant. S’il commençait un peu plus tard, il serait encore
plus intéressant.
Ensuite, je suis allé au secrétariat pour
récupérer ma copie du partiel de la littérature française du XVIII siècle. J’ai
demandé à une femme qui ressemblait à une grenouille de la chercher. Elle s’est plainte de ce
que le professeur n’avait pas classé les copies par ordre
alphabétique. Elle a regardé les copies une par une. À ce moment-là,
j’ai su intuitivement que je n’avais pas eu une bonne note, parce que des
chiffres tels que ‘’7’’, ‘’2’’, ‘’6’’, ‘’9’’ défilaient devant moi comme un
manège. En bref, tout le monde avait de mauvaises notes. Et cette présomption s’est
avérée exacte. Néanmoins, j’ai à peine pu valider cette matière. Depuis ma
première année, j’ai de mauvaises notes en littérature française et de bonnes
notes en littérature générale et comparée. En première année, j’ai étudié un
roman français datant du XVI siècle et ça s’est terminé en désastre. Je ne
voulais plus qu’il soit dans mon champs de vision et je l’ai jeté. En revanche,
j’ai eu un résultat relativement satisfaisant pour des dissertations sur Thomas
Mann, Stephan Zweig et Jack London. Ils sont tous étrangers. Je trouve la
littérature française merveilleuse et incomparablement féconde. Mais les œuvres
imposées dans des cours ne m’ont pas vraiment attiré.
J’ai
déjeuné tard vers 15 heures. J’ai cherché une place mais comme il n’y en avait
pas, je me suis installé sur une chaise qui se trouvait au premier étage du
Patio. Le sac de papier qui contenait mon sandwich était trempé d’huile. Plus
je mâchais, moins je savais si je mangeais du papier ou un sandwich. À un
moment donné, deux hommes de service de l’université se sont approchés de moi.
J’avais mis un casque anti-bruit et je ne pouvais pas les entendre. Mais comme
l’un de ces deux hommes a commencé à ranger une table à côté de moi, j’ai
compris qu’ils me demandaient de partir. J’ai perdu à nouveau ma place.
Je me suis donc déplacé à la cafétéria sale du
Patio, mais il n’y avait pas de place. À vrai dire, il avait quelques places,
mais je n’avais pas le courage de me mettre entre des gens qui bavardaient
joyeusement entre amis. J’ai trouvé une table dans un coin. Une fille qui avait
l’air sombre y travaillait toute seule. Peut-être écrivait-elle les noms des
gens qu'elle n'aimait pas dans son "death note’’. Un instant, je me suis
demandé si c'était ainsi que les autres me voyaient. Mais c'était une question
ridicule. De toute façon, personne ne me prêtait attention. Je lui ai demandé
si je pouvais m'installer à cette table. Je me suis assis avant qu’elle me
réponde. La table était sale. Il y avait des taches de café et des miettes de
gâteaux.
Le
vendredi, je ne vais pas à l’université.
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