lundi 26 novembre 2018

L'art de ne rien faire


 J’ai passé ce week-end aussi sans sortir. Je n’ai rien fait. J’ai un peu lu un recueil de nouvelles de Steven Milhauser en anglais (c’est très bizarre). J’ai commandé une corde à sauter sur Amazon (pour maigrir). J’ai écouté la version théâtrale de « La Métamorphose » de Kafka sur BBC (c’était terrifiant et je ne l’ai pas écoutée jusqu’au bout).
 Chaque weekend, je pense à sortir et à avoir une vie. Si je sors, il y a peut-être des choses intéressantes à voir, un homme qui glisse et qui tombe, ou un chien qui promène une dame, par exemple. Tout d’abord, un conflit se crée dans mon esprit. Le sujet est si je dois sortir ou pas. Après une longue argumentation véhémente, l’idée de sortir est finalement approuvée (il faut souligner qu’une heure s’est écoulée jusqu’à ce moment). Ensuite, je dois me changer. Je dois mettre un pantalon, un pull et un manteau. Il fait très froid dehors. J’ai peut-être besoin de gants. Je cherche des gants dans le placard. Je n’en trouve qu’un. L’autre paire a disparu. Je fouille dans le placard, mais en vain. Je perds souvent une chaussette, une baguette aussi. Je suis complètement démotivé. J’abandonne l’idée de sortir. D’ailleurs, je n’ai pas grand-chose à faire dehors. Je peux restituer ce que je vais faire dans ma tête. Je m’habille ; j’ouvre la porte ; je prends le tram ; je vais à la gare ; j’incendie le sapin de Noël ; je fuis. Je décide de rester chez moi et de lire des livres ou de réviser un peu. Je regarde par la fenêtre. Il y a des gens qui se promènent. Ils sont dehors dans ce climat glacial. Pauvres gens. Je suis chez moi et je me tourne les pouces.

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