jeudi 22 novembre 2018

''Le tout est la vanité'' (1) Sachiko Kishimoto


 Le moyen le plus simple de classer les gens en deux catégories, je pense que c’est « ceux qui ont le sens mathématique et ceux qui ne l’ont pas ». Évidemment, j’appartiens au second. Ceux qui n’ont pas le sens mathématique, ce sont les gens qui ne sont pas intimement persuadés que 1+1=2. Logiquement, 1+1=2 paraît correct. Mais j’ai l’impression que selon la nature de l’objet ajouté ou les sentiments de la personne qui l’ajoute, cela peut être 2,0013, ou 1,99875. En bref, c’est ce que j’entends par « ceux qui n’ont pas le sens mathématique ».
 Bien sûr, je comprends que l’addition énorme de 1+1=2 permet de construire un train à moteur linéaire ou une navette spatiale. Cependant, quelque part dans mon esprit, je pense qu’ils sont en réalité mus par la force de volonté ou par la persévérance. Je ne sais pas pour les autres. Moi, du moins, je suis ainsi.
 Toutefois, au début, je n’étais pas aussi nulle en mathématiques. Jusqu’à l’étape qu’on appelait « arithmétique », je parvenais à me maintenir au niveau. Aux examens, je trouvais même amusant de résoudre des questions de calcul simple. Mais si c’était une question un peu plus complexe, je n’en pouvais plus. Supposons qu’il y ait la question suivante : « Une personne a acheté 7 pommes de 20 yens dans un magasin de fruits, mais il lui manquait 10 yens pour les payer. Combien d’argent avait cette personne ? ». Je commence à m’inquiéter terriblement pour « cette personne ». Est-elle pauvre ? Est-ce tout l’argent qu’elle avait chez elle ? À quel point a-t-elle été chagrinée voire bouleversée au moment où elle a compris qu’elle ne pouvait pas acheter sept pommes ? Il arrivait que ce sentiment se transforme en léger amour. Pendant que je me disais : « ‘’Cette personne’’, je l’aime, ah… », la voix du professeur retentissait : « C’est fini. Posez vos stylos ».

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