mardi 15 août 2017

''Les bas'' Haruki Murakami

Alors maintenant, essayez d’imaginer s’il vous plaît.
C’est une petite pièce. Elle se situe au deuxième ou troisième étage d’un immeuble. Depuis les fenêtres,on peut apercevoir d’autres immeubles. Il n’y a personne dans cette pièce. Et là, un homme entre. Il est sur la fin de sa vingtaine d’année et a un visage pâle. On pourrait dire qu’il est beau mais sa tête ne laisse pas une impression particulière aux gens. Il est maigre et fait à peu près un mètre soixante-douze centimètres.
 Pouvez-vous imaginer tout ça ?
 Il tient un sac de voyage noir en plastique. Il le dépose sur la table qui est au milieu de la pièce. Il semble qu’il y ait quelque chose de lourd à l’intérieur. Il ouvre la fermeture à glissière et sort ce qu’il y a dedans. D’abord, ce sont des bas féminins noirs. Ce n’est pas un collant, ce sont des bas séparés de style traditionnel. Au total, il y en a une douzaine. Toutefois cet homme ne semble pas s’y intéresser. Sans même y jeter un coup d’œil, il les jette sur le sol. Il sort aussi des talons noirs mais il les jette aussi. Ensuite une grosse radiocassette apparaît. Après l’avoir regardée un instant, il la pose sur le sol d’un air indifférent. On comprend par son expression qu’il s’énerve de plus en plus. Puis il sort cinq ou six paquets de cigarettes. La marque est High Light. Il en ouvre un et il prend une cigarette et il l’essaye. Après avoir expiré deux ou trois fois, en secouant la tête, il l’écrase contre le sol.
 À ce moment-là, le téléphone sonne. Dringdringdringdringdring. Il décroche attentivement. « Allô. », dit-il d’une voix tranquille. Son interlocuteur lui dit quelque chose. « Non, c’est faux. », répond-t-il. « C’est totalement faux. Je n’ai pas de chat chez moi, je ne fume pas. Je n’ai pas mangé de crackers au fromage depuis dix ans. Non. La ligne Fukuchiyama n’a aucun rapport avec moi. Aucun, comprenez-vous ? » Et il raccroche.
 Il sort un paquet de crackers au fromage dont la moitié est intacte. Puis des bas apparaissent de nouveau. Il tend fort ces bas et il les regarde à contre-jours. Ensuite il fouille les poches de son pantalon, il sort toutes les pièces de monnaie et les met dans un vase vide qui est posé à côté de lui. Il met également les bas tendus dedans.
À ce moment-là, quelqu’un frappe à la porte. Toctoctoctoctoc. Il cache le vase dans un coin de la pièce et il ouvre doucement. De l’autre côté de la porte se tient un homme petit aux cheveux rares avec un nœud papillon rouge. Cet homme lui tend un journal roulé et dit d’une voix ferme : [...]
 Et là, une question.
 Qu’est-ce que cet homme aux cheveux rares lui a dit ?
 Vous avez quinze secondes pour répondre. Tic-tac, tic-tac.

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