samedi 12 août 2017

Le sèche-cheveux

 Vers dix-neuf heures, tandis que je regardais un documentaire sur les créatures marines dangereuses sur Youtube(un plongeur qui a été mordu par un requin géant racontait son expérience douloureuse), quelqu'un a frappé sur la porte de ma chambre.
 De l’autre côté de la porte, à bonne distance se tenait un homme que je n'avais jamais vu. Il avait un grand front et courbait son dos. Il semblait avoir trente ans mais je ne suis pas sûr.

«Qui êtes-vous ? lui ai-je demandé.
- ah, do you have a drier ?» m'a-t-il bredouillé.
Comme il m'a tout à coup parlé en anglais, j'ai mis un instant pour comprendre ce qu'il a dit.
«Sèche-cheveux ? lui ai-je demandé.
- Oui.»

 Mais apparemment ses cheveux tout courts était sèches. Je ne comprenais pas pourquoi il avait besoin d'un sèche-cheveux. C'est un cinglé. J'ai commencé à regretter d'avoir ouvert la porte.
Comme s'il devinait mes pensées, il a dit,
«J'ai fait tomber mon ordinateur dans de l'eau. J'ai envie de le sécher.
- Mais s'il est tombé dans de l'eau, c'est déjà trop tard, n'est-ce pas ?
- il fonctionne encore mais il faut le sécher immédiatement.»

 J'ai pris mon petit sèche-cheveux bleu de Panasonic et je l'ai accompagné jusqu'à sa chambre qui était au bout du couloir.
En marchant je lui ai demandé s'il frappait à chaque porte. Il m'a dit que quelqu'un lui avait dit qu'une fille habitait dans ma chambre et qu'il a imaginé que dans la plupart des cas une fille a un sèche-cheveux.

 Mais j'habite tout seul dans ma chambre.
Et elle est trop étroite pour que deux personnes y vivent ensemble.
Si deux personnes vivaient dans cette pièce aussi petite qu'une cage à lapins, elles finiraient par fusionner comme deux morceaux de beurre.
Mais qui lui a dit qu'une fille habitait dans ma chambre ?
J'étais complètement perdu.

 Je n'étais presque jamais entré dans la chambre d'un inconnu. J'ai découvert que la disposition des meubles comme le lit, l'étagère était l'inverse de la mienne. La table était en désordre, mais sa chambre était tellement propre que j'ai compris qu'il avait l'habitude de la nettoyer. Je lui ai donné mon sèche-cheveux et je lui ai demandé quand il me le rendrait.
Il m'a dit que ça ne prendra que quelques minutes et de rester dans sa chambre.
 Il a branché le sèche-cheveux et a commencé à sécher son ordinateur.
La fenêtre était ouverte et il pleuvait dehors. Le parfum de la pluie et le vent froid s'introduisaient par l’ouverture.
En le séchant, il m'a demandé si j'étais coréen. Je suis japonais, lui ai-je dis. Excuse-moi, a-t-il dit. De quelle ville vous venez, lui ai-je demandé. Metz, m'a-t-il dit. Ce n'est pas loin, ai-je dit. Non, ce n'est pas loin...

 Ainsi pendant cinq minutes, je l'ai regardé sécher son ordinateur. Il m'a expliqué que cet ordinateur était équipé d'un logiciel spécial et qu'il était cher. J'ai hoché la tête mais j'étais attiré par la lumière jaunâtre d'un réverbère mouillé. .

 En fin de compte, son ordinateur noyé a été sauvé. Il m'a rendu le sèche-cheveux en me remerciant. Il avait l'air aussi heureux qu'un père ayant sauvé son fils de la noyade.
« Bonne soirée, m'a-t-il dit.
- Bonne soirée.» lui ai-je dit.
 Le sèche-cheveux bleu à la main, en marchant dans le couloir, je me suis dit que l'occasion de prêter un sèche-cheveux à un homme pour sécher son ordinateur, ne m'arriverait pas une deuxième fois dans ma vie.

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