Aujourd’hui, c’était férié. On dit
que c’est ‘’le jour de la mer’’. Mais je ne sais pas ce qu’on doit faire le
jour de la mer. Faut-il aller à la plage et admirer la mer ? Au centre-ville,
il y avait plus de monde que d’habitude. Cette fois, il y avait beaucoup de
jeunes. Les Japonaises sont toutes petites et elles ont des proportions
semblables les unes aux autres. On dirait des poupées fabriquées en série. J’ai
vu aussi des touristes chinois. Devant une pharmacie, une jeune femme demandait
aux passants d’y entrer en mandarin. Il y a deux ans, lorsque des touristes chinois venaient à Hokkaidô en
masse, l’un des endroits où ils achetaient énormément de produits, c’était la
pharmacie. Je voyais très souvent des touristes chinois qui sortaient de la
pharmacie avec de gros sacs, l’air très contents. Mais qu’est-ce qui les attirent
autant ? Il n’y a que des choses banales là-bas, comme de la pommade, des
médicaments contre le rhume, des pilules et des capotes…
Je suis allé dans une librairie
d’occasion et j’ai acheté quatre livres pour lire dans l’avion du retour. Je
peux quand même lire des livres en français même si de temps en temps je tombe
sur des mots dont j’ignore le sens. Mais c'est plus facile et plus rapide de
lire dans ma langue maternelle, et je n’ai pas très envie de lire un roman qui
exige de moi une grande concentration quand je voyage en classe économique. Les
livres que j’ai choisis sont les suivants : « Dead Heat at a Carousel (titre en
anglais) » de Haruki Murakami, deux essais de Yoko Ogawa et « Femmes de sable »
de Kôbô Abe.
Au fait, au sujet des personnes
bilingues, un jour, une Française dont la mère est japonaise m’a raconté une
histoire intéressante. Elle parle couramment japonais aujourd'hui, mais elle a
appris cette langue toute seule grâce à ses efforts. Je lui ai demandé pourquoi
sa mère ne la lui a pas appris.
« Elle a essayé de me l’apprendre quand j’étais
petite. Mais si elle me parlait en japonais, j’avais l’esprit embrouillé et je
ne disais plus rien. Alors, elle a arrêté.
- Tu te souviens de ces moments ?
ai-je demandé.
- Pas du tout », m'a-t-elle dit.
Il semble que c’est quelque chose qui
arrive assez souvent. Il y a aussi des gens qui parlent ‘’plus ou moins’’ deux
langues, mais qui ne maîtrisent réellement aucune des deux langues. Être
bilingue naturellement, c’est comme si on mettait deux couleurs dans une
assiette. Si elles se mélangent, il ne restera qu’une seule couleur troublée. Ce
qui est nécessaire pour maîtriser deux langues différentes, c’est la capacité
de tisser une toile sans mélanger les deux couleurs, mais en les composant de
façon harmonieuse.
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