Voilà, je suis arrivé au Japon hier.
Mon avion a d’abord atterri à Tokyo vers quinze heures après un vol de onze
heures. Je n’avais pas du tout sommeil dans l’avion et j’ai regardé cinq films d’affilée.
« Pacific Rim Up Rising », « Wonder Wheel », « La Forme de l’eau », « Le 15h17
pour Paris », et « La La Land ». Les plus impressionnants étaient « La Forme de
l’eau » et « La La Land », mais « Le 15h17 pour Paris » est aussi un excellent
film qui vaut la peine d’être vu. J’ai adoré l’univers de « La La Land ». La
photographie était un plaisir pour les yeux : les chansons étaient joyeuses et
Emma Stone était adorable. Cependant, l’avion a atterri à l’aéroport de Haneda
peu avant la fin, pendant la scène où le musicien de jazz se dispute avec sa
petite amie au dîner, de sorte que je ne connais pas la conclusion. Se sont-ils
séparés ou se sont-ils réconciliés ? Le musicien a-t-il pu ouvrir le bar de ses
rêves ? La jeune femme est-elle devenue actrice ? Ou ont-ils échoué et sont-ils
condamnés à vivre une vie insipide ?
J’ai marché sur le sol du Japon après une
absence de presque deux ans. Les Japonais paraissaient étrangers à mes yeux. La
première surprise, c’est que j’ai dû me concentrer pour comprendre le japonais
bien que ce soit ma langue maternelle. Si je n’y faisais pas attention, elle
sonnait comme une langue étrangère ressemblant au français. Était-ce à cause de
la fatigue ? En tous cas, c’était une expérience intéressante, puisque j’ai appris
comment ma langue maternelle sonne aux étrangers.
Je me rappelle que j’avais dit un
jour que les contrôleurs de l’immigration sont maussades dans tous les pays
sans aucune exception. J’ai donc été étonné lorsque le contrôleur japonais m’a
dit « Bonjour » avec un léger sourire. Jusqu’ici, tous les contrôleurs ne
disaient ni bonjour ni adieu ni je t’aime. Sans rien dire, ils jetaient un coup
d’œil sur mon visage comme s’il contemplait une sculpture ratée, et estampaient
mon passeport. Le douanier aussi était sympathique. Il a regardé mon sac de
papier rempli de paquets de chocolat et de macarons, et m’a dit en souriant : «
Oh, ce sont des souvenirs ? Vous pouvez passer ».
Cependant, comme je ne suis pas
tokyoïte, je devais prendre encore un autre avion, celui qui va de Tokyo à Sapporo.
La fatigue que les films m’avaient fait oublier pesait de plus en plus sur moi.
Dans mon deuxième avion, je me suis endormi et le vol d’une heure et demi m’a
semblé aussi court que s’il n’avait duré que cinq minutes. « Il fait froid ! »
: c’était mon impression lorsque je suis sorti de l’avion. J’ai entendu
d’autres passagers dire la même chose autour de moi.
Je n’avais pas d’appétit, mais j’ai dîné
dans un restaurant de soba dans l’aéroport. Les nouilles semblaient différentes
de ce qu’elles étaient dans mon souvenir. Elles n’avaient pas de goût. Ou
j’étais incapable de sentir le goût à cause de la fatigue.
Près de ma maison natale, des feux
d’artifice, tirés l’un après l’autre éclairait le ciel nocturne. Cependant la
soirée semblait s'approcher déjà de sa fin. Deux grandes gerbes se sont épanouies
dans le ciel. Des étincelles ont jailli dans toutes les directions en émettant
des crépitements, puis la nuit est revenue.
Je suis encore fatigué et je dors mal.
Je me sens bizarre comme si seul mon corps était venu au Japon, en laissant mon
âme en France.
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