Hier, je me suis réveillé avec un
mauvais pressentiment. J’avais légèrement mal à la tête. Aussitôt, je me suis
demandé si j’avais de la fièvre. J’ai pris ma température, mais le thermomètre
indiquait 35.6. C’est à cause de la fatigue, me suis-je dit. Vers midi, je suis
allé à Leclerc en tram pour acheter des souvenirs pour ma famille au Japon. Ils
m’avaient demandé d’acheter des produits du supermarché, car ce sont des choses
que les Français consomment quotidiennement. C’est un point de vue. J’ai regardé
un site qui avait mis un classement des souvenirs français les plus populaires
auprès des Japonais. Le cinquième était les savons de Marseille : le quatrième,
la crème de marrons et le troisième, le chocolat. Et le deuxième, les sacs à
provisions de Monoprix. En tête venaient les confitures de Bonne Maman. Je ne
suis peut-être pas doué pour choisir des souvenirs, car pour moi, le sac de
provisions à Monoprix n’est qu’un sac en plastique ordinaire, et le savon de
Marseille n’est qu’un savon. À Leclerc (désolé pour ma famille, ce n’est même
pas Monoprix), j’ai acheté de la confiture chez Bonne Maman que je n’avais
jamais achetée, et des petits gâteaux. J’ai aussi acheté une conserve de langue
de bœuf par curiosité. Pendant les courses, je me suis rendu compte que ma
migraine s’aggravait et que, comme un ivrogne, je n’arrivais pas à marcher
droit. La voix des gens résonnait de manière bizarre comme si je m’étais perdu
dans le rêve de quelqu’un. À ce moment-là, j’ai compris que mon intuition de ce
matin était juste.
Une fois sorti du supermarché, je
devais marcher jusqu’à l’arrêt de tram. J’avais chaud, mais je ne savais pas si
c’était à cause de la fièvre ou du soleil ; peut-être les deux. Mon sac à dos
rempli d’articles pesait sur mon épaule. J’arrivais à peine à tenir mon sac à
provisions qui me semblait lourd comme du plomb. L’arrêt de bus paraissait si
loin que j’avais l’impression que plus je marchais, plus il s’éloignait. À
mi-chemin, j’ai posé mon sac pour me reposer. Le soleil brûlait ma peau. Je ne
peux pas rester longtemps ici, me suis-je dit et j’ai recommencé à marcher.
Lorsque je suis enfin arrivé à l’arrêt de bus au bout d’une dizaine de minutes,
le monde autour de moi tournait comme un manège.
J’avais de plus en plus la nausée
dans le bus trop froid à cause du climatiseur. Heureusement, j’ai pu descendre
avant d’être pris de vomissements. Dès que je suis rentré dans ma chambre, je
suis tombé sur mon lit comme une souche. J’ai immédiatement pris ma
température. Elle était montée jusqu’à trente-huit.
Sans pouvoir dormir malgré le sommeil
accablant, j’ai gémi toute la nuit jusqu’à perdre conscience. Lorsque je me
suis réveillé ce matin, mon corps était devenu plus léger. J’étais guéri.
La douche était tiède et il faisait frais dans ma pièce. Mais je ne sais pas pourquoi j’ai attrapé un rhume pendant cette
canicule. Je pense que je suis la seule personne capable d'attraper froid au
beau milieu de ce bel été.
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