dimanche 29 juillet 2018

L'hirondelle


 Le typhon numéro douze, nommé « Jongdari » arrive dans la région du Kantô. Selon les actualités, « Jongdari » est un mot coréen qui signifie « hirondelle », mais sa puissance est plutôt celle du vautour. À la télé, un reporteur avec un imperméable qui tenait son casque sur sa tête, essayait d'expliquer la véhémence de l’hirondelle. Toutefois, son corps trempé de la pointe des pieds jusqu’à la tête l'exprimait mieux que ses mots.
 Le typhon Jongdari a dérivé vers l’ouest. Selon la météo, il arrivera dans la région du Tôkai de la nuit à l’aube, sans que sa zone de tempête ne s’affaiblisse.
 Chaque année, un, ou parfois plusieurs typhons arrivent au Japon en cette saison, sauf à Hokkaidô. Pourquoi Hokkaidô est-elle une exception ? En fait, les typhons, nés souvent dans les mers du sud, s’affaiblissent et disparaissent avant d’arriver au nord de l’archipel. Dans le reste du Japon, les maisons ont des portes coulissantes qui peuvent couvrir les fenêtres pour les protéger de la tempête, ce qui n’est pas le cas à Hokkaidô. Je n’ai donc presque jamais fait l’expérience d’un typhon. Ce que diffuse la télé lors du passage d'un typhon semble être un événement d’un pays étranger.
 Mais dans mon enfance, une fois seulement, un typhon a débarqué sur Hokkaidô en gardant sa puissance. J’étais écolier, mais comme je ne me rappelle ce jour que partiellement, j’étais peut-être encore petit. Je ne sais pas si l’école a été annulée ce jour-là. Ma mère était au travail et mon père vivait dans une ville lointaine. Tandis que je restais à la maison avec mon petit frère, tout à coup, le ciel s’est assombri, et un vent violent a commencé à souffler en apportant une pluie diluvienne. Les arbres devant chez moi ployaient comme un arc et ils avaient l’air souples. Quelques heures plus tard, ma mère est rentrée du travail. Elle s’est mise à remplir un seau d'eau pour se préparer à une éventuelle coupure d’eau. Il n’y a pas de portes coulissantes contre la tempête à Hokkaidô. La vitre était la seule chose qui nous protégeait du vent violent. Dès que l’on a fermé les rideaux, j’ai eu l’impression que la maison était projetée dans l’espace. Pendant que nous regardions la télé, la lumière s’est éteinte. C’était une panne d’électricité. Un cable électrique a été coupé non loin d’ici. Ma mère a cherché une lanterne dans le débarras et l'a mise sur la table de la salle à manger. Nous avons dîné tranquillement en entendant le bruit du vent qui soufflait.
 Le lendemain, lorsque je me suis réveillé, le typhon était passé comme si de rien n'était. L’électricité était rétablie et toutes les chaînes parlaient des dégâts qu'il a laissés. Je me suis promené dans la ville. Quelques arbres déracinés. La rivière qui coulait d'habitude doucement, était boueuse et ondulait. Pour l’instant, c’est le seul souvenir de typhon que je garde.

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