Le lendemain (plus exactement, ce
n’est pas ‘’le lendemain’’ car c’est dans la même journée), je me suis levé à
dix heures trente. Après avoir pris un bain, j’ai réalisé que le climatiseur
était trop fort et qu’il faisait très froid alors que j’étais au Moyen Orient.
J’ai cherché le bouton du climatiseur mais en vain. L’air glacé ne cessait de
couler d’orifices du plafond.
À midi moins dix, je suis descendu au
rez-de-chaussée avec le produit. Assis sur un sofa dans le hall de l’hôtel,
j’ai attendu le distributeur japonais qui allait venir le chercher. Quelques
minutes plus tard, j’ai entendu quelqu’un appeler mon nom. J’ai levé la tête.
Un Arabe aux grands yeux, légèrement barbu qui semblait être dans sa trentaine
d’année était debout devant moi. Cet homme m’a appelé de nouveau. À ce
moment-là, je me suis rendu compte que c’était le Japonais que j’attendais.
Mais à première vue, il ressemblait vraiment à un Arabe. Je sais que cette idée
est absurde, mais j’ai l’impression que les personnes qui habitent dans un pays
étranger ressemblent de plus en plus aux habitants de cette nation. Les
Français qui habitent au Japon depuis longtemps se rapprochent physiquement des
Japonais. Ou ce sont peut-être les gestes ou l’aura qui donnent cette
impression.
Après nous être présentés brièvement,
je lui ai donné le produit que j’ai apporté de France. Ma mission est terminée
à ce moment-là. Le distributeur japonais, Monsieur S m’a demandé si j’avais
quelque chose de prévu au Qatar. « Je vais peut-être me promener aux alentours
», ai-je dit. Il a demandé à un réceptionniste une carte du Qatar. En l’étalant
sur la table, il m’a expliqué que le musée islamique se trouvait ci, que le
célèbre ‘’West Bay’’ était là. Il a replié la carte et m’a dit : « Ça vous dit
de déjeuner ensemble ? ».
Une chaleur accablante comme si je me
trouvais dans un sèche-cheveux régnait dehors. La veille, j’étais arrivé la
nuit. D’ailleurs je n’étais presque pas sorti, si bien que je ne m’étais pas
aperçu de cette chaleur infernale. C’était en effet impossible de ‘’se promener
aux alentours’’.
Monsieur S a dit qu’il voulait
acheter un stylo. Nous sommes d’abord allés au supermarché. « Il fait 42 degrés
», m’a-t-il dit dans la voiture en indiquant le thermomètre. Au supermarché,
des portraits d’un même homme portant la tenue traditionnelle du Qatar étaient
accrochés au mur. J’ai demandé à Monsieur S qui c’était. « C’est le chef du
Qatar, m’a-t-il dit. C’est le chef le plus jeune du monde ».
Après avoir déposé le produit à son
bureau, il m’a demandé ce que je souhaitais manger. Comme j’hésitais, il m’a
donné le choix entre un restaurant italien, thaïlandais ou japonais-coréen.
J’ai poliment refusé l’italien car je me suis dit que la cuisine italienne était
meilleure en France. Au bout d’un moment, il a décidé de m’emmener au
restaurant japonais-coréen.
Monsieur S est visiblement un client
important pour ce restaurant. Tous les serveurs l’ont salué poliment. Nous
avons commandé un plat coréen de viande avec du riz. Pendant que nous mangions,
une serveuse nous a apporté des sushis et des sashimis que nous n’avions pas
commandés. C’était en fait un cadeau du restaurant. « Attaquez-les. Je peux en
manger n’importe quand », m’a-t-il dit. Les sushis sont mon mets préféré. Le poisson cru m'a fait plaisir.
Après le déjeuner, nous avons visité
le musée islamique et fait une randonnée en voiture dans le West Bay. Le Qatar
est l’un des pays les plus riche du monde, mais c’est un quartier
particulièrement opulent même dans ce pays. Des maisons princières s’alignaient
à l’infini. Les Qataris semblent avoir confiance dans les voitures japonaises.
Curieusement, la plupart des voitures que j’ai vues étaient des Toyota et
Nissan.
Dans la soirée, il m’a proposé de
regarder le match du foot dans un bar. « Y a-t-il un bar ? », ai-je demandé
étonné. Le Qatar est un pays islamique, mais il semble qu’on puisse boire de
l’alcool dans quelques endroits comme un hôtel étoilé. Nous sommes allés dans
un hôtel de luxe en taxi. À un étage, dans un endroit un peu compliqué se
cachait un bar. Il y avait déjà beaucoup de monde, et il n’y avait, semblait-il,
que des étrangers. Nous avons commandé des bières, et lorsqu’elles ont été
servies, le match du Mexique contre la Suède a commencé. Un groupe d’hommes et
de femmes qui étaient devant nous paraissait soutenir le Mexique. Ils criaient
« Me-hi-co ! » chaque fois que le Mexique était sur le point de marquer un but.
Assise à la droite de Monsieur S, une Suédoise entre deux âges faisait une terrible grimace. Comment ai-je deviné sa nationalité ? Elle avait mis un petit drapeau
suédois devant elle. À ma gauche, un groupe d’hommes blancs avec des costumes,
peut-être des Britanniques, parce qu’ils parlaient l’anglais avec l’accent de la
Grande-Bretagne regardaient le match en bavardant tranquillement entre eux.
Derrière nous étaient assises deux jeunes Coréennes dont le regard était rivé
sur le petit écran qui diffusait le match de la Corée du sud contre
l’Allemagne.
J’ai demandé à Monsieur S lequel
serait le gagnant, le Mexique ou la Suède. « Si on pense normalement, c’est le
Mexique », m’a-t-il dit. À ce moment-là, personne n’imaginait que la Suède
battrait le Mexique.
Dans le début du match, le Mexique a
fait de multiples attaques, mais beaucoup de joueurs suédois faisaient un mur devant
leur but, de sorte que le Mexique galérait à marquer. Peu après le début de la
seconde mi-temps, la Suède a marqué un but. La voisine suédoise de Monsieur S a
crié comme une folle en agitant le drapeau suédois, et elle a fait un tape m’en
cinq avec nous. Les supporteurs mexicains devant nous semblaient avoir perdu la
force de crier « Me-hi-co ! ». Ils poussaient des gémissements douloureux. Mais
ce n’était pas fini. Un moment plus tard, la Suède a marqué un deuxième but, et
finalement un troisième, le coup de grâce pour le Mexique. À chaque but, la
dame blonde a agité ses bras comme un taureau et a fait un tape m’en cinq avec
Monsieur S et moi.
Vers la fin du match, les deux femmes
coréennes ont aussi crié, puisque la Corée du Sud a battu l’Allemagne
contrairement à ce que tout le monde imaginait.
Éméchés, nous sommes montés dans un
taxi qui m’a conduit jusqu’à l’hôtel. Monsieur S m’a remercié d’avoir apporté
le produit au Qatar. Je l’ai remercié de m’avoir consacré sa journée et nous
nous sommes dit au revoir.
La nuit était tombée. Allongé sur le
grand lit de ma chambre, je me suis un peu endormi avant de faire ma valise.
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