J’ai enfin terminé « Les
Démons » de Dostoïevski. Je l’ai lu en français, mais les grandes lignes d’une
édition japonaise présentent ce roman ainsi : « Un homme surhumain et
diabolique, Stavroguine dirige une organisation révolutionnaire ». Je me
demande l’auteur de ces lignes a vraiment lu ce roman, car en réalité, ce n’est
pas du tout ce dont il est question. C’est essentiellement Piotor Stépanovitch
qui contrôle les membres de l’organisation révolutionnaire et leur fait
assassiner quelqu’un dans le but de renforcer leur solidarité. En même temps,
Nicolas Stavroguine est aussi diabolique, puisqu’il agit sans morale et avoue
qu’il a autrefois violé une fillette qui s’est suicidée par la suite (c’est la
célèbre ‘’ Confession de Stavroguine’’ qui a été censurée et perdue à
l’époque). Toutefois, personnellement, je n’ai pas pu m’empêcher de
m’identifier à Stavroguine. Je me suis demandé à plusieurs reprises si c’était
vraiment une ‘’canaille’’ et immorale. C’est un esprit pensant et souffrant.
Sinon, pourquoi aurait-il eu besoin de se suicider, solitaire, dans cette mansarde
obscure ? Pourquoi n’arrivait-il pas à se débarrasser de l’image de la suicidée ?
C’est un roman extraordinaire qui englobe et approfondit plusieurs thèmes, de
sorte qu’il est difficile de le comprendre à la première lecture. Je devrai
peut-être le relire plus tard.
Aujourd’hui,
j’ai dû aller à Strasbourg avec mon patron pour une affaire. Comme nous avions
beaucoup de temps, je lui ai demandé si je pouvais chercher des livres. Sur la
place Kléber, un marché de livres d’occasion s’ouvrait comme à l’accoutumée. Je
n’avais pas l’intention d’acheter quelque chose, mais j’ai pris un livre, puis
un autre, en examinant du coin de l’œil les titres d’une multitude de livres
jaunis. Je ne sais combien de minutes plus tard, j’ai acheté, pour deux euros,
un livre du Clézio dont la lecture du premier paragraphe m’avait plu.
J’ai
regardé autour de moi. Alors que mon patron contemplait des albums de photos de
Strasbourg tout à l’heure, maintenant il avait disparu. J’avais peut-être
cherché des livres trop longtemps. Il s’était ennuyé et était allé quelque
part. Tant pis, ai-je soupiré et je suis entré dans la librairie Kléber. Après
avoir erré d’étal en étal, j’ai finalement choisi deux livres : « Le Boulevard
périphérique » de Henry Bauchau et « L’Amour aux temps du choléra » de Garcia
Marquez. Je ne connais pas le premier. Je l’ai acheté parce que j’ai eu envie
de découvrir un nouvel auteur. Chez moi, j’ai déjà bon nombre de livres qui
sont entassés sans jamais être ouverts. Aurai-je le temps de les lire tous ?
Lorsque
je suis sorti de la librairie, mon patron était là, à l’endroit où il était
tout à l’heure. Je me suis excusé d’avoir pris trop de temps à choisir des
livres, puis je lui ai demandé où il était allé. À mon grand étonnement, il m’a
dit qu’il n’avait pas bougé, qu’il avait regardé des albums de photos de
Strasbourg. « Ce n’est pas vrai ! », ai-je failli m’écrier. J’avais regardé
plusieurs fois cet endroit, mais je ne l’avais vu nulle part. C’est étrange.
M'étais-je peut-être trop plongé dans ma lecture, de sorte que je ne voyais pas
le monde tel qu’il s’imprimait sur ma rétine ?
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