Au déjeuner, dans un restaurant, j’ai
mangé de la tête de veau. Je n’en avais jamais mangé. Je
ne savais même pas à quoi ce mets ressemblait. Un serveur a apporté une sorte
de plaque de fer, et m’a dit de ne pas la toucher car elle était très chaude.
Peu après, il a apporté une cocotte et l’a mise dessus. J’ai enlevé le
couvercle ; la cocotte était remplie de plusieurs morceaux de viande, de pommes
de terre et d’oignon. Craintivement, j’ai porté un morceau de veau à ma bouche,
et j’ai été étonné de constater qu’elle était vraiment tendre et bonne. Dedans,
il y avait aussi des morceaux de langue de la pauvre bête. On mange aussi de la
langue de bœuf au Japon, mais elle est en général servie en tranche. La langue
du veau devant moi était une grosse masse de chair. Sa surface était couverte
de multiples stries. J’en ai coupé un morceau et j’ai goûté. C’était élastique
comme du caoutchouc mais le goût n’était pas désagréable. J’avais cependant l’impression
d’embrasser un veau, et je me suis dépêché d’avaler.
Ensuite, mon patron et moi avons
visité Munster. C’est une petite ville située près de Colmar. C’est une ville
singulière, avec beaucoup de bâtiments d’une architecture étrange. Des objets
représentant une personne qui joue d’un instrument de musique sont éparpillés
partout dans les rues. C’était dommage que la plupart de magasins soient fermés
parce que c’est dimanche. Toutefois la chance ne nous n’a pas abandonnés ; un
marché assez grand se tenait devant la gare. Mon patron a acheté un
porte-monnaie en cuir fait à la main et un pot de confiture comme souvenirs
pour sa famille. Quant à moi, je n’ai rien acheté, cependant, en marchant, j’ai
trouvé un objet brun sur le sol. Je me suis accroupi et je l’ai ramassé.
C’était en fait un cheval aussi petit que le pouce. Je ne sais pas depuis
combien de temps il était là, mais cette maquette minuscule semblait toute
neuve sans aucune égratignure, et bien imité malgré sa taille. Je me suis
demandé un instant si j’allais remettre ce cheval à l’endroit où il s’était
couché, mais dans ce cas, il aurait sans doute été écrasé sous le pied de
quelqu'un et son regard mélancolique m’attirait. Finalement, je suis rentré
dans mon village avec ce petit cheval. Maintenant, l’air pensif, sur une
étagère, il est debout à côté d’une clef, le regard toujours triste.
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