lundi 11 juin 2018

Tête de veau




























 Au déjeuner, dans un restaurant, j’ai mangé de la tête de veau. Je n’en avais jamais mangé. Je ne savais même pas à quoi ce mets ressemblait. Un serveur a apporté une sorte de plaque de fer, et m’a dit de ne pas la toucher car elle était très chaude. Peu après, il a apporté une cocotte et l’a mise dessus. J’ai enlevé le couvercle ; la cocotte était remplie de plusieurs morceaux de viande, de pommes de terre et d’oignon. Craintivement, j’ai porté un morceau de veau à ma bouche, et j’ai été étonné de constater qu’elle était vraiment tendre et bonne. Dedans, il y avait aussi des morceaux de langue de la pauvre bête. On mange aussi de la langue de bœuf au Japon, mais elle est en général servie en tranche. La langue du veau devant moi était une grosse masse de chair. Sa surface était couverte de multiples stries. J’en ai coupé un morceau et j’ai goûté. C’était élastique comme du caoutchouc mais le goût n’était pas désagréable. J’avais cependant l’impression d’embrasser un veau, et je me suis dépêché d’avaler.

 Ensuite, mon patron et moi avons visité Munster. C’est une petite ville située près de Colmar. C’est une ville singulière, avec beaucoup de bâtiments d’une architecture étrange. Des objets représentant une personne qui joue d’un instrument de musique sont éparpillés partout dans les rues. C’était dommage que la plupart de magasins soient fermés parce que c’est dimanche. Toutefois la chance ne nous n’a pas abandonnés ; un marché assez grand se tenait devant la gare. Mon patron a acheté un porte-monnaie en cuir fait à la main et un pot de confiture comme souvenirs pour sa famille. Quant à moi, je n’ai rien acheté, cependant, en marchant, j’ai trouvé un objet brun sur le sol. Je me suis accroupi et je l’ai ramassé. C’était en fait un cheval aussi petit que le pouce. Je ne sais pas depuis combien de temps il était là, mais cette maquette minuscule semblait toute neuve sans aucune égratignure, et bien imité malgré sa taille. Je me suis demandé un instant si j’allais remettre ce cheval à l’endroit où il s’était couché, mais dans ce cas, il aurait sans doute été écrasé sous le pied de quelqu'un et son regard mélancolique m’attirait. Finalement, je suis rentré dans mon village avec ce petit cheval. Maintenant, l’air pensif, sur une étagère, il est debout à côté d’une clef, le regard toujours triste.

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