vendredi 1 juin 2018

L'éléphant


 Aujourd’hui, c’était mon dernier jour de repos, car mon patron reviendra demain. Je ne suis pas sorti. Je suis resté chez moi et j’ai lu « Fouché » de Zweig toute la journée. Je vais bientôt le finir, mais je lis lentement, et le style de cet écrivain autrichien est plutôt alambiqué, quoiqu’élégant et que ses pensées soient claires. Depuis que je suis arrivé dans ce village, je n’ai pas fait grand-chose. J’ai traduit quelques documents du japonais au français et j’ai également transmis quelques messages. Outre cela, faire des commentaires sommaires aux histoires de mon patron en hochant de temps en temps la tête fait partie de mon travail, même si je ne suis pas très éloquent. En revanche, je pense que je serai très occupé à partir de la semaine prochaine, car ce sera le début de notre mission principale.  

 Je suis content d’avoir été seul ces trois jours. J’ai lu quelques livres, j’ai joué aux échecs (j’ai perdu d’innombrable fois contre l’ordinateur) et j’ai un peu dessiné. Il y a peut-être deux types de personnes au monde : ceux qui ne supportent pas la solitude et ceux qui l’apprécient. Bien entendu, j’appartiens au dernier. Dire que je ne me sens jamais triste d’être solitaire serait mentir, mais il est aussi vrai que je ne m’ennuie pas quand je suis seul. Au contraire, si je reste trop longtemps avec quelqu’un, il me semble que j’étouffe, même si j’apprécie sa compagnie. Parfois, il y a des gens qui trouvent ce caractère étrange. En effet, aux yeux de ceux qui ne supportent pas la solitude, ce mode de vie ressemblerait à celui d’un ascète. En l'occurrence, je dois m'efforcer de sourire et leur expliquer que je n'y peux rien, et que c’est comme si on demandait à un nuage pourquoi il prend cette forme, ou à une étoile pourquoi elle se trouve là, loin des autres, ou à un éléphant pourquoi il possède une trompe si longue.

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