dimanche 17 juin 2018

Le retour à Strasbourg





 Je me suis réveillé à sept heures et demie alors que je voulais faire la grasse matinée. J’avais vaguement l’impression que la vie dans le petit village durerait toujours, mais finalement, le jour du départ est arrivé. Après avoir fait la vaisselle et le ménage dans ma chambre, j’ai fermé ma valise. Vers dix heures, mon patron s’est levé (quel grand dormeur !), et m’a demandé d’appeler un taxi. Pendant que mon patron était allé remettre les clés de nos chambres, j’ai attendu devant l’appartement le taxi, en regardant pour la dernière fois ce paysage que j’ai vu tous les jours lors de mon séjour. À gauche, s’élevait l’église avec de grands orgues dont la cloche sonne même la nuit. Au début, mon patron se plaignait de ne pas pouvoir dormir à cause de ça, mais au fur et à mesure, il s’y est habitué, il la trouvait même agréable de sorte qu’il ne se réveillait pas avant dix heures du matin. Un jour, j’ai découvert un article disant que cette église avait été détruite dans un incendie il y a plus de cinquante ans, et avait été reconstruite. J’ai regardé quelques photos de l’époque. De la fumée épaisse et noire sortant de l’église couvrait entièrement le ciel. Après le désastre, il ne restait plus que des décombres qui ne laissaient pas soupçonner son apparence d'autrefois. L’appartement où j’étais hébergé existait-il à l’époque ? Je suppose que non, puisque son architecture semble plus moderne. Au-delà de l’église, il y a la boulangerie d’une vieille dame où j’avais acheté une baguette et une tarte aux pommes. La qualité n’était pas excellente. Mais qui pourrait demander à une grand-mère qui tient sa boulangerie peut-être depuis longtemps, toujours dans le même endroit, de faire du pain de bonne qualité comme celui des grandes villes ? Devant moi, il y avait un manège ambulant qui s’était installé quelques jours plus tôt pour les enfants du village. Les chevaux mécaniques étaient arrêtés à ce moment-là , mais j'ai vu tourner ce manège plusieurs fois en rentrant du travail, animé par les acclamations joyeuses de petits garçons et de petites filles. Tandis que j’étais plongé dans mes souvenirs, une fleuriste du rez-de-chaussée est sortie, et m’a dit : « Vous partez ? ». J’ai fait oui de la tête et je lui ai dit au revoir.

 Arrivés à Mulhouse, mon patron et moi avons déjeuné dans un restaurant espagnol où nous étions déjà allés deux fois. La serveuse, une jeune fille sans doute d’origine espagnole, puisqu’elle parlait dans cette langue avec ses collègues, nous a dit qu’on servait des paellas aujourd’hui. Je me souvenais très bien d’elle. J’ai aussi eu l’impression qu’elle nous reconnaissait, mais je ne lui ai rien demandé. Mon patron a choisi une paella comme d’habitude. J’ai pris un poulpe à la galicienne. Une télé était accrochée au mur, diffusant le match de football de la France contre l’Australie. Les clients y jetaient de temps à autre un coup d’œil curieux en mangeant tranquillement. Pendant le déjeuner, mon patron et moi avons échangé nos avis sur ce séjour singulier. Il m’a dit que c’était comme une sorte de vacances. C’était aussi mon avis. « J’avais toujours envie de rentrer, mais quand on doit réellement retourner au Japon, ça me manque en quelque sorte », a-t-il ajouté.

 Après avoir pris un café, j’ai marché avec lui jusqu’à la gare de Mulhouse en traînant ma grosse valise qui n’était pourtant pas très lourde. J’ai aidé mon patron à acheter un billet de TER parce qu’il avait envie de revoir son ami artiste avant de rentrer au Japon, et quant à moi, je serrais mon billet à destination de Strasbourg déjà froissé dans ma poche. Nous nous sommes dit au revoir dans le hall de la gare parce que l’heure de son TER approchait. Après qu’il a été dissimulé par les passagers qui venaient de descendre, je me suis à mon tour mis à marcher. Le train qui m’emmènerait à Strasbourg m’attendait sur le quai numéro un.

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