vendredi 15 décembre 2017

''L’œillette rouge'' Haruki Murakami

 Je me suis rappelé que je devais maintenant masser les épaules de ma mère. Je suis sorti sur la véranda ensoleillée, mais ma mère n’était pas là. Il n’y avait qu’une œillette rouge qui riait dans le jardin. Seul un coussin était laissé à l’abandon.
« Hahahahahaha » riait l’œillette à haute voix. On aurait dit qu’elle avait aligné les syllabes ‘’ha’’, et qu’elle les lisait une à une, en les détachant ; c’était ce genre de rire.
J’ai regardé autour de moi mais ma mère n’était nulle part.
« Maman », ai-je appelée d’une voix forte mais il n’y avait aucune réponse. Pendant ce temps, l’œillette riait toujours de la même manière.
« Hahahahahahahaha »
« Où est ma mère ? », ai-je demandé, debout sur la véranda, et d’un ton tranchant, à l’œillette rouge qui riait.
 Mais elle n’a pas répondu à ma question. Elle continuait à rire « Hahahahahahahaha ».
« Dis donc, tu dois savoir où est ma mère. Elle m’attendait sur la véranda pour que lui je masse les épaules. De plus, comme elle a du mal à marcher, elle ne peut pas être allée loin. Tu étais toujours là, et tu as dû voir où est allée ma mère. Arrête de rire bêtement et dis-le-moi tout de suite. Je n’ai pas de temps à gaspiller. »
« Hahahaha », a ri l’œillette encore plus fort. « Hahahahahahaha »
« Au fait, j'espère que tu n'as pas mangé ma mère », lui ai-je dit, inquiet.
« Hahahaha, hahaha, hahahahaha »
 Alors, l’œillette s’est tordue de rire plus violemment. Je ne comprenais pas du tout ce qui la faisait autant rire. Mais en l'écoutant rire, je devenais aussi de plus en plus joyeux. Mes joues se sont détendues sans que je m'en rende compte et j’ai laissé échapper un éclat de rire.
« As-tu vraiment mangé ma mère ? » lui ai-je demandé en essayant de ne pas rire, mais j’ai finalement pouffé. « Hahahaha », ai-je aussi ri comme si je lisais à haute voix les syllabes de ‘’ha’’. Lorsque j’ai ri, l’œillette a ri encore plus fort. Elle s’est littéralement tordue de rire, elle roulait d’un côté et de l’autre. Elle respirait à peine, il y avait même de la sueur sur son front. Mais son rire n’a pas cessé. Au bout d’un moment, elle s’est convulsée de rire et a sursauté plusieurs fois. Et au moment où elle s’est tordu le ventre, elle a craché ma mère.
« Oh là là, enfin », ai-je dit en secouant la tête. Ma mère est très douée pour chatouiller les gens depuis longtemps.

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