mardi 12 décembre 2017

Pauline, encore

 De temps à autre, j’invente un écrivain. J'imagine sa biographie et j’écris mon avis sur ses œuvres. Billy Hartmann est né aux États-Unis en 1943. Après avoir fini ses études au lycée, il a travaillé à la poste en tant que facteur. À l’âge de vingt-et-un an, sa première nouvelle « 23 Rue de Flandre » a paru dans le magazine littéraire local « Jacobin’s». Il s’agit d’une histoire d’amour entre une femme mariée et un facteur qui a distribué une lettre chez elle par erreur. Après la naissance de son premier fils, il a commencé à souffrir d’hallucination. L'auteur affirme qu’il a été enlevé plusieurs fois par les Martiens et qu'il a passé cent million d’années parmi eux. Son soi-disant ‘’reportage’’, « Le guide de Mars : Le mode de vie des Martiens » qui a été publié en 1976, est considéré comme son chef d’œuvre par ses fans, qui ne sont pas très nombreux.

 Il y a quelques semaines, j’ai parlé d’une écrivaine hongroise et de ses œuvres à Pauline. J’ai pensé que ça pourrait l’aider à écrire son dossier sur la propagande nazie. Elle m’a dit qu’elle ne connaissait pas du tout cette écrivaine. Elle m’a complimenté en me disant que j’étais vraiment quelqu’un d’intelligent et de cultivé.  C’était normal qu’elle ne la connaisse pas. C’est une auteure que j’ai inventée, lui ai-je dit.

 Il y a quelques jours, je lui ai parlé cette fois-ci de Truman Capote. Je lui ai dit que j’adorais ses nouvelles, particulièrement "Le faucon sans tête'' et ''Fermez la dernière porte". Pauline m’a dit qu’elle ne connaissait pas trop la littérature américaine et qu’elle ne lisait habituellement que la littérature française. Quant à moi, j’aime aussi la littérature française, mais j’ai une préférence pour la littérature américaine. Quelques instants plus tard, je lui ai demandé si elle pensait vraiment que Truman Capote existait. À ce moment-là, elle semblait complètement perdue dans ses pensées. Elle m’a dit qu’elle n’en avait aucune idée. Capote existe bel et bien, lui ai-je dit. Ce n’est pas drôle de me faire douter comme ça, m’a-t-elle dit.

 Parfois, je me demande si ma correspondante Pauline, une fille aux yeux bleus qui aime jouer aux jeux vidéos, qui écrit une thèse sur la propagande nazie et qui n'aime pas qu'on l'appelle ''Popo'' existe vraiment. Je me demande si elle n'est pas aussi mon invention. 

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