Les mangas
(bandes dessinées japonaises), ce n'est pas que Naruto, One Piece ou Dragon
Ball.
J'ai passé ce
dimanche à lire des mangas de Jyunji Ito. Avec son prédécesseur Kazuo Umezu, il
est considéré comme le maître du manga d’horreur. En ce qui concerne Umezu
Kazuo, lorsque j’étais écolier, j’ai lu ‘’L’école emportée’’ à la bibliothèque
municipale de ma ville natale. Je me suis sérieusement demandé si j’arrêtais
d’aller à l’école dès le lendemain tant ce manga était si effrayant et
traumatisant. Kazuo Umezu, aujourd’hui très âgé, est un homme excentrique avec
une coiffure ébouriffée et un objet fétiche, un T-shirt à rayures rouges et
blanches. Comparé à ce grand pionnier du manga d’horreur, Jyunji Ito semble
normal, du moins en photo. Cependant, ses œuvres sont aussi effrayantes et
ornées d’images incroyables. Même un ogre affamé perdrait l’appétit s’il lisait
ses mangas. J’aime particulièrement son style de dessin. Les lignes qu’il trace
sont claires et fermes. La perspective est toujours correcte comme dans la
peinture occidentale. Les filles qu’il dessine sont particulièrement réputées,
même si elles subissent souvent un destin cruel.
''Tomie''(Jyunji Ito)
À part lui, je
suis un grand fan de Yoshiharu Tsuge. Il est âgé aujourd’hui, et vit
modestement avec son fils qui souffre d’une maladie mentale. Il y a plusieurs
années qu’il a quitté le monde du manga. Je ne pense pas qu’il soit très connu
du public, mais c’est une légende dans l’histoire de la BD japonaise. En
France, seul ‘’L’homme sans talent’’ semble être traduit. Si je compare son
dessin à celui de Jyunji Ito, les lignes de Tsuge sont instables. La forme des
personnages et les paysages sont parfois étranges. Mais cela donne un effet
spécial à son monde mélancolique et surréel. Son œuvre la plus connue est sans
doute ‘’Neji-Shiki’’. Ce manga que Tsuge dit avoir dessiné à la suite d’un rêve
étrange est bouleversant et mystérieux. Au début, il y a une scène où le héros
dit ‘’Zut, il n’y a que des oculistes ici’’, et des panneaux sur lesquels des
yeux sont peints apparaissent. Il y a en fait une scène similaire dans ‘’Le
voyage de Chihiro’’ de Hayao Miyazaki. Je me demande si Miyazaki connaissait
aussi cette BD. Mon manga préféré de cet artiste est ‘’L’homme-oiseau’’.
Tsuge dessinait
pour ‘’Garo’’, un magazine qui n’existe plus aujourd’hui. Ce magazine
accueillait surtout des mangas dont le style était étrange, mélancolique et
parfois grotesque, et qui étaient souvent refusés par les autres éditeurs. Beaucoup
d’œuvres de dessinateurs comme Suehiro Maruo, Shigeru Mizuki, Usamaru Furuya,
et Kazuichi Hanawa sont parues dans ‘’Garo’’, y compris celles de Nekojiru et
de Hanako Yamada qui se sont suicidées.
''Neji-Shiki''(Yoshiharu Tsuge)
''Gensenkan-Shujin''(Yoshiharu Tsuge)
Au début de sa
carrière, Maki Sasaki publiait aussi ses mangas qu’il appelait ‘’non-sens’’
dans ce magazine. En fait, il n’a pas dessiné beaucoup de mangas, parce qu’il
est devenu illustrateur plus tard. Cette transition ne m’étonne pas car ses
premiers mangas n’avaient déjà pas d’histoire, il n’y avait que très peu de
paroles et ses dialogues n’avaient souvent aucun sens. Mais ce sont ses mangas
que j’appréciais vraiment lorsque j’étais au lycée. Chaque fois que j’ouvrais
‘’La ville sur la plage’’, je pouvais me perdre dans son monde : une ville
européenne, une fille aux grands yeux sans expression, un monde labyrinthique
qui s’étend sous terre …
''Umibe no machi'' (Maki Sasaki)
Maki Sasaki s’est occupé aussi des couvertures des premiers romans d’Haruki Murakami, de ‘’Écoute le chant du vent’’ jusqu’à ‘’Danse, danse, danse’’, si je ne me trompe pas.
''Pinball, 1973'' (Haruki Murakami)
Finalement, le
Japon a deux grands maîtres, les dessinateurs Fujiko F. Fujio et Osamu Tezuka. Beaucoup
de gens pensent souvent que Fujio F Fujio est un dessinateur pour enfants parce
que son manga le plus connu est ‘’Draemon’’. Si on lisait ses recueils
d’histoires courtes, l'image que l'on se fait de lui changerait instantanément.
Quand j’étais enfant, je me faisais une joie d'acheter ‘’Draemon’’ avec de l'argent
de poche. Plusieurs années plus tard, j’ai lu les mangas ‘’noirs’’ de Fujiko F
Fujio et j’ai découvert que ce sont ses côtés obscurs qui rendent ‘’Draemon’’
attirant.
''L'assiette de Minotaure''(Fujiko F Fujio)
Quand j’avais
neuf ans, j’ai choisi Osamu Tezuka comme thème de devoir de vacances d’été
parce que j’étais déjà épris de ‘’Black Jack’’ à cette époque-là. Je regrette
d’avoir jeté tous les volumes usés de ‘’Black Jack’’ lorsque j’ai déménagé. Même
s’il y a beaucoup de dessinateurs talentueux, Tezuka est incomparable pour
l’abondance de ses créations, la diversité des thèmes (Amour, science-fiction,
aventure, médecine, théâtre, littérature, horreur, philosophie, occultisme
etc.) et la qualité de son travail.
''Black Jack''(Osamu Tezuka)
Ses dessins
influencés par Walt Disney sont fluides. À l’apogée de sa carrière, on dit
qu’il assurait à la fois plusieurs séries de mangas dans différents magazines.
On dirait vraiment Mozart réincarné en dessinateur.
C’est vraiment
difficile de choisir mes mangas préférés de Tezuka, parce qu’il y en a
beaucoup et qu'ils sont tous bien. Mais si j 'en recommandais quelques-uns à
quelqu’un, je choisirais sans doute ‘’Black Jack’’, ‘’Phénix’’ et ‘’Ayako’’. Il
n’est pas très connu, mais personnellement, j’aime aussi beaucoup ‘’L’Ara aux
sept couleurs’’.
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