Aujourd’hui, j’avais une épreuve de
quatre heures en littérature générale et comparée à quatorze heures. Je n’avais
donc pas besoin de me lever tôt ce matin, mais j’étais sans doute
inconsciemment tendu. Bien que je sois un grand dormeur d’habitude, j’ai mal
dormi. J’oscillais entre éveil et sommeil comme une barque flottant sur les
vagues.
Je suis sorti un peu plus tôt que
d'ordinaire car l’épreuve allait avoir lieu à l’Institut de Psychologie où je
n’étais jamais allé.
L’Institut de Psychologie se trouvait
près de l’Institut de Botanique et du musée zoologique. Le bâtiment était d’une
belle architecture traditionnelle et avait l’air ancien. L’amphithéâtre Gaston
Viaud dans lequel notre épreuve a eu lieu était relativement petit ; la lumière
du soleil avait au fil des ans fané le jaune du papier peint des murs. Il y
avait de grandes fissures sur le mur de derrière et le plancher en bois grinçait
chaque fois que l’on marchait dessus.
Quand j’entre dans ce genre de
bâtiments historiques, je ne peux m’empêcher d’espérer la présence de pièces
secrètes qui n’apparaissent pas sur les plans. L’année dernière, quand je
m’ennuyais, j’explorais souvent l’université. Une fois, j’ai trouvé un long
tunnel dans le sous-sol du Patio. Il y avait aussi un long couloir tout obscur
où aucune pièce n’était utilisée. J’ai essayé d’ouvrir la porte qui était
pourtant verrouillée.
Comme l’épreuve de littérature
française d’hier, nous avions le choix entre deux sujets, la dissertation et le
commentaire composé. Cette fois, j’ai fait les deux plans, plans pour la
dissertation et le commentaire, et finalement j’ai choisi le dernier. Quand on
a des idées, la dissertation paraît mieux, car elle semble offrir plus de
liberté que le commentaire, mais l’avantage du commentaire composé, c’est que
l’on a moins de risque de digresser, puisque l’on est obligé de suivre le
texte.
J’étais plus à l’aise qu’à l’épreuve
de littérature française, mais je ne sais pas si j’ai réussi. Tout ce dont je
me souviens, c’est que j’ai soupiré au moins dix fois pendant l’épreuve et que
j’avais mal au poignet. Du moins, j’aimais « Le Ravissement de Lol V. Stein »
de Marguerite Duras que j’ai dû analyser. À première lecture, ce livre laisse une
impression insaisissable, mais quand on le lit attentivement, on comprend qu'il
est basé sur la haute technique de l'auteur et que le récit repose sur un
équilibre subtil.
Quatre heures passées, j’avais déposé
tous mes fardeaux. Je me sentais complètement épuisé comme un vieux chiffon. J'étais trop fatigué pour
cuisiner ; je suis allé au Macdonald et j’ai acheté un double cheese burger et
des nuggets pour le dîner.
De retour chez moi, je n'avais plus
de batterie. Je me suis endormi pour la première fois depuis trois jours. C’était
un sommeil profond comme si j'étais tombé dans une crevasse sans fond, où il
n’y avait ni méduse, ni Marguerite Duras, ni double cheese burger.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire