Aujourd'hui, je me suis couvert d'une
couette comme un escargot et j’ai lu le Journal d’Anne Frank toute la journée.
Tantôt ce livre me fait rire, tantôt il me rend triste. Pour tenir son journal,
Anne a inventé une lectrice imaginaire nommée ‘’Kitty’’, à qui elle raconte sa
vie quotidienne dans l’Annexe. Je pense que la présence de ‘’Kitty’’ permet à
son journal d’éviter d’être replié sur soi, ce qui le rend à la fois
divertissant et intéressant.
Je me demande si je vais créer aussi
un lecteur fictif pour mon journal. Mais comment s’appellera-t-il ? Il faut
imaginer aussi son apparence, son caractère et son âge. Si mon lecteur
imaginaire était un homme névrose, souffrant du délire de la persécution, et
arrêté sept fois pour viols et meurtres, je n’aurais plus envie de tenir mon
journal. Au contraire, si c'était une belle fille douce, j’écrirais que des poèmes
ratés. Il semble qu'il vaudrait encore mieux que je raconte ma vie quotidienne
à un chat, ce que je fais réellement de temps en temps.
Dans la soirée, j’ai regardé un film
dont l’histoire se déroule à Strasbourg. Ce film semble être sorti il y a plus
de dix ans, en 2007, mais ce décalage d’une décennie ne se sent pas trop. La
seule scène qui m’a rappelé la date de la réalisation du film est celle où la
femme que le héros suit dans les rues sort un téléphone portable pliable de son
sac. Aujourd’hui, tout le monde utilise un smartphone. Dans le film, Strasbourg
est comme aujourd’hui, le même tram, les mêmes cafés, les mêmes bâtiments. Mais
le magasin de meubles près de l’université a fermé il y a quelques mois et les
jeunes femmes présentes dans le film ont peut-être un peu plus de rides
aujourd’hui.
Ce film n’a pratiquement pas
d’intrigue. Un homme voit une femme qui lui en rappelle une autre qu’il a
rencontrée six ans auparavant, et il la suit dans les rues. Les mêmes
personnages sans paroles, les mêmes rues, le même graffiti (‘’Laure, je t’aime
!’’) apparaissent à plusieurs reprises, ce qui donne au spectateur la sensation
de se perdre avec le protagoniste. Le jeune homme adresse la parole à quelques
habitants, mais ils sont indifférents et il en est réduit à observer et
dessiner les gens autour de lui. C’est vrai que les Strasbourgeois sont un peu
réservés, mais j’aimerais dire pour leur défense qu’ils sont un peu plus
amicaux en réalité.
J’aime me perdre dans cette ville. Je
marche souvent au hasard et j’entre dans des ruelles inconnues comme le héros
de ce film. Ainsi, j'ai l'impression d'oublier mon passé, tout ce qui me
retient au présent jusqu’à mon identité. Toutefois, je n’ai pas encore eu
l’occasion de suivre quelqu'un dans les rues.
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