L’année
dernière, j’ai travaillé dans un petit village en France en tant qu’interprète.
Mon travail consistait en particulier à traduire des échanges techniques en
français et en japonais. Je pense que je parle français plus ou moins
couramment, même s’il y a parfois des mots que je ne comprends pas. Cependant,
je suis loin d’être un interprète professionnel. De plus, c’était la première
fois que je faisais ce travail, de sorte que mon interprétation était très
maladroite.
Heureusement,
mon travail se passait dans une usine et il ne s’agissait pas d’un colloque
académique quelconque. S’il y avait quelque chose que je ne comprenais pas, je
pouvais demander des explications. L’ambiance était plutôt détendue et le
paysage campagnard de la France était si beau que j’ai eu l’impression de me
perdre dans l’univers d’un conte de fée. Je me demandais si les gens du petit
village n’étaient pas hostiles envers les étrangers. Ils étaient au contraire
très curieux et amicaux.
Tous
les soirs, mes patrons japonais et moi avons dîné au restaurant et on m’a
souvent offert de la bière et du vin. Comme je ne suis qu’un étudiant pauvre
qui essaie de survivre en mangeant des pâtes, c’était le grand luxe.
En
même temps, je culpabilisais. Mon travail comme interprète n’était carrément
pas du niveau professionnel. De plus, comme je ne savais rien des questions
techniques, pendant que les Français et les Japonais travaillaient, je n’avais
souvent rien à faire et j’étais debout comme un idiot. En bref, j’avais
l’impression que je ne méritais pas le salaire que je recevais.
Mon
premier travail comme interprète m’a appris plusieurs choses. Par exemple,
quand on interprète du japonais au français, il faut souvent attendre que le
locuteur termine sa phrase, car le verbe vient presque toujours à la fin dans
cette langue. Par ailleurs, il y a parfois des gens qui croient que l’interprétation
consiste à remplacer un mot par un autre. En réalité, il faut comprendre le
contexte et la phrase pour traduire, puisque l’on est souvent obligé de
reformuler la structure phrastique qui diffère en français et en japonais. Et
évidemment, l’ambiguïté du japonais pose aussi de temps en temps des problèmes.
Quand on traduit un texte d’une langue à une autre, on a le temps de réfléchir.
Quand on interprète à l’oral, on n’a évidemment pas le temps de réfléchir sur
l’interprétation d’un mot pendant des jours.
Hier,
quand j’ai acheté « Le Vent se lève » à la librairie Kléber, le vendeur était
un jeune Chinois. (Je pense que c’était un Chinois et pas un Français d’origine
chinoise car il avait un accent). Et j’ai eu envie de trouver, moi aussi, un
job pour l’été. Honnêtement, je l’ai un peu envié car j’aimerais aussi
travailler dans une librairie. Mais ma mission d’interprète était déjà
terminée. Si je voulais gagner de l’argent, je devais chercher un travail
moi-même, ce qui exigerait de moi beaucoup d’efforts avec mon caractère
introverti. Il y a quelques jours, j’ai reçu un mail du patron japonais qui me
proposait de faire l’interprète pendant un mois. Ce n’est pas encore décidé,
mais j’espère que cette année, l'été sera aussi enrichissant que l’année
dernière.
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