jeudi 24 mai 2018

La tarte flambée forestière












 Et voilà, je suis arrivé dans le petit village d’Alsace dont j’ai parlé hier. J’écris ce journal dans un appartement mansardé que j’avais déjà habité pendant peu de temps. Près de là, il y a une église qui a de grandes orgues, mais je ne suis jamais entré dedans. Le carillon sonne fréquemment, même pendant la nuit. Ce qui est bizarre, c’est qu’il sonne sans logique. Par exemple , il ne sonne pas à deux heures pile mais à deux heures treize. C’est quand même étrange, n’est-ce pas ? J’imagine qu’un nain habite dans le clocher. La nuit, solitaire, il sonne le carillon de l’église.

 Je suis arrivé à Mulhouse vers dix heures. Tandis que j’attendais devant l’hôtel juste à côté de la gare, j’ai vu que mon patron japonais me faisait signe.
À côté de lui marchait une femme que je n’avais jamais vue. C’était en fait une vraie interprète qui travaille toujours pour lui, mais on m’a dit qu’elle devait rentrer dans la journée.

 Aujourd’hui, j’étais donc une sorte d’assistant de cette interprète. Mais en réalité, je n’ai rien fait. J’ai assisté à une table ronde, toutefois c’était toujours elle qui traduisait. Elle habite en France depuis longtemps, depuis que j’étais bébé. Elle parle donc très bien français ; son niveau est presque natif. J’imagine qu’il est inutile de préciser qu’elle traduisait mieux que moi.

 Le seul moment où j’ai travaillé, c’était pendant le déjeuner. Au restaurant j’étais assis entre le président et le PDG. Mon patron japonais était assis en face de moi, et je devais traduire ce qu'ils disaient. J’ai pris une pizza marguerite qui était très bonne. Mais j’étais très tendu et j’avais complètement perdu l’appétit.

 Dans la soirée, j’ai dîné avec mon employeur dans un restaurant où il y avait toujours une patronne drôle à la forte personnalité. Mais aujourd’hui, nous ne la voyions nulle part, et une autre femme d’un certain âge aux cheveux blonds et courts s’occupait des clients. Plus tard, nous avons demandé à une autre serveuse où était la patronne. « Elle n’est plus là » a été sa réponse. À ce moment-là, la dame aux cheveux courts est intervenue et expliqué qu’elle avait acheté ce restaurant, qu’elle était donc la nouvelle patronne depuis cette année. Mon patron a choisi une tarte flambée forestière. J’ai pris un filet de bœuf à la sauce au poivre vert.

 À partir de demain, c’est moi qui dois tout traduire. Ça va quand même être dur.

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