dimanche 6 mai 2018

Nager avec un éléphant




 Aujourd’hui, je suis retourné à la poste. Elle est animée le samedi, car chaque semaine, un petit marché s’ouvre devant. Il y a des stands de fromage, de légumes, de charcuterie etc. Malheureusement, je n'ai jamais rien acheté là. 
 Contrairement à l’ambiance radieuse du samedi matin, mon cœur était plein d’inquiétude. En quelque sorte, j’ai quand même confiance en ma poste, car elle n’a pas (encore) perdu mes colis. Par contre, elle ne me laisse pas le retirer facilement et il faut y aller à plusieurs reprises. Je ne comprends pas pourquoi elle complique ainsi les choses.
 Cette fois, je me suis présenté à une employée d’un certain âge qui avait l’air sympathique, ce qui est assez rare, car la plupart des employés de ce bureau travaillent l’air morose comme s’ils avaient découvert que tous leurs poissons rouges étaient morts chez eux le matin. À ce moment-là, une lueur d’espoir est née dans mon esprit. La femme à qui je me suis présenté était souriante ; c’était bon signe. À l’instar d’hier, je lui ai montré mon avis de passage et une pièce d’identité, et elle a lu le code-barre avec un lecteur. Elle a froncé les sourcils comme un médecin qui a trouvé une ombre suspecte sur la radiographie de son patient. « Je vais chercher avec votre nom », m'a-t-elle dit et elle a disparu dans l’entrepôt. Pendant ce temps, je pensais au sort de mon colis. Se trouvait-il encore dans le camion ? N’était-il pas violé par un méchant employé de poste ?
 Quelques minutes plus tard, elle est revenue avec un grand carton et m’a demandé de signer. Pendant que je signais maladroitement mon nom sur un écran tactile, elle m’a expliqué que le lecteur affiche toujours que le colis n’est pas là, alors qu’en réalité, il l’est. Donc, mon colis se trouvait déjà à la poste quand je suis venu hier.
 J’ai ouvert le colis chez moi. Il contenait des produits alimentaires, des gâteaux et du thé vert. Je vais en donner à mes amis français. J’ai trouvé aussi les livres que j’avais demandés : « Le petit joueur d’échec » de Yoko Ogawa (mais le titre original de ce livre signifie littéralement ‘’Tenir un chat dans les bras et nager avec un éléphant’’), « Kifujin A no sosei (La réanimation de Madame A) » (celui-là n’est pas traduit en français) et quelques essais de Haruki Murakami. Et il y avait un manga que je ne me souviens pas d’avoir demandé, ‘’Un gentleman et un chat’’. J’ai lu un peu ; c’était l’histoire d’un homme veuf qui vit avec un chat gros.

 L’après-midi, j’ai travaillé sur les notes de ma traduction qui va sortir chez une maison d’édition. Ce que je pense sincèrement, c’est que s’il n’y avait pas Internet, la traduction serait beaucoup plus difficile. Par exemple, je ne comprends pas du tout les poèmes en ancien japonais ou en ancien chinois. Mais si j’entre ces mots dans le moteur de recherche, je peux souvent trouver la version française ou anglaise de ces textes, même si ce n’est pas toujours le cas. S’il n’y avait pas eu Internet, j’aurais peut-être dû m’enfermer dans une bibliothèque et me prendre la tête entre les mains pendant des jours, plongé dans des montagnes de livres. Le progrès de la civilisation apportent souvent des problèmes, mais il y aussi des avantages.

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