J’ai lu « Quand nous étions orphelins
» de l’écrivain britannique Kazuo Ishiguro, lauréat du prix Nobel de
littérature 2017. Kazuo Ishiguro est britannique, mais son nom ne sonne pas
très anglais. Pourquoi ? Parce qu’il est né à Nagasaki au Japon en 1954. La famille
a déménagé au Royaume-Uni lorsqu’il avait cinq ans pour le travail de son père.
Ishiguro dit dans une interview que ses parents avaient toujours l’intention de
retourner au Japon, mais la famille n’a finalement pas quitté le sol du
Royaume-Uni.
J’ai lu « Les Vestiges du jour » et «
Auprès de moi toujours » quand j’étais au lycée. J’ai eu l’impression que ces
livres étaient typiquement anglais et que rien ne rappelait son pays natal. Comme
dit l’écrivain, s'il n'y avait pas sa photo sur le livre et s'il avait un nom typiquement
anglais, personne ne croirait qu’il est d’origine japonaise.
Toutefois, il parle du Japon dans ses
premières œuvres que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire. Cette nation est
évoquée comme un endroit lointain dans « Quand nous étions orphelins » dont
l'’histoire se déroule à Shanghai dans les années 30.
Je résume l'histoire en faisant
attention à ne pas gâcher la fin. Dans les années 30, la Chine est dévastée par
l’importation de l’opium de l’Angleterre et l’invasion de l’armée japonaise.
Dans la Concession internationale de Shanghai qui est séparée des quartiers
pauvres vivent deux garçons, l'Anglais, Christopher et son ami japonais Akira.
Aucun d’eux ne parle chinois et ils communiquent en anglais, mais ils sont tous
les deux attachés à Shanghai : Christopher dit qu'il ne veut pas rentrer en
Angleterre et Akira a littéralement peur de devoir rentrer au Japon. Cependant
le jour de séparation arrive soudain, sans que rien ne l’ait laissé prévoir.
Christopher grandit à Londres et
devient un détective célèbre. C'est lui qui raconte l'histoire mais le lecteur
se rend compte aussitôt de l'imprécision de ses souvenirs. Au fur et à mesure,
on apprend que les parents de Christopher ont disparu il y a longtemps, sans
doute impliqués dans une affaire suspecte. Le jeune détective part pour
Shanghai de nombreuses années plus tard en quête de ses parents et son ancien
ami Akira.
On pourrait dire qu'il s'agit d'un
roman policier au sens large. Mais notre détective est quelque peu faible
malgré sa notoriété dans la haute société. Il n’est pas aussi perspicace que
Sherlock Holmes. Il n’est pas aussi dur à cuire que Philip Marlowe. Dans la
dernière partie de l’histoire, il perd souvent son sang-froid et insulte un
chauffeur chinois et un officier japonais bien qu’ils soient assez courtois.
En même temps, ce n’est vraiment pas
un roman policier, car Christopher se perd le plus souvent dans le récit (et
aussi dans les quartiers de Shanghai), et il ne résout pas vraiment l’affaire même
s’il arrive finalement à la vérité. Ici, le polar n’est qu’un véhicule pour un
thème. Je pense que le véritable thème de ce roman, c'est le sentiment de la
perte de quelque chose de précieux, soit quelqu'un soit un souvenir.
J’ai aussi remarqué que « Quand nous
étions orphelins » a une structure assez proche de « Auprès de moi toujours ».
Dans les deux cas, les narrateurs parlent de leurs souvenirs imprécis, et la
vérité bouleversante surgit plus tard. De plus, dans « Les Vestiges du jour »,
le héros, un ancien intendant anglais se rappelle les jours glorieux du
Darlngton Hall qui ne reviendront jamais.
Au fait, il semble que cette année,
le prix Nobel littérature ne soit pas décerné à cause du scandale de
harcèlement sexuel dans lequel est impliqué le mari d'un membre du jury. J’admets
évidemment que le prix Nobel est prestigieux. Ce n’est pas quelque chose que
tout le monde peut recevoir. Ce n’est pas comme le jouet dans un œuf chocolat
Kinder Surprise. Mais en même temps, je doute qu’il soit aussi important qu’on
le croit, car il y a beaucoup d’écrivains qui n’ont pas reçu ce prix, mais sont
toujours lus partout dans le monde. En revanche, certains lauréats du prix
Nobel de littérature sont plus ou moins oubliés aujourd’hui. Du moins, j'ai
appris que la confiance que les gens ont en ce prix est si fragile qu'elle est menacée
par un harcèlement sexuel. Les fesses de la femme sont-elles alors plus
puissantes que le prix Nobel de littérature ?
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