samedi 12 mai 2018

''Quand nous étions orphelins'' Kazuo Ishiguro


 J’ai lu « Quand nous étions orphelins » de l’écrivain britannique Kazuo Ishiguro, lauréat du prix Nobel de littérature 2017. Kazuo Ishiguro est britannique, mais son nom ne sonne pas très anglais. Pourquoi ? Parce qu’il est né à Nagasaki au Japon en 1954. La famille a déménagé au Royaume-Uni lorsqu’il avait cinq ans pour le travail de son père. Ishiguro dit dans une interview que ses parents avaient toujours l’intention de retourner au Japon, mais la famille n’a finalement pas quitté le sol du Royaume-Uni.

 J’ai lu « Les Vestiges du jour » et « Auprès de moi toujours » quand j’étais au lycée. J’ai eu l’impression que ces livres étaient typiquement anglais et que rien ne rappelait son pays natal. Comme dit l’écrivain, s'il n'y avait pas sa photo sur le livre et s'il avait un nom typiquement anglais, personne ne croirait qu’il est d’origine japonaise.
 Toutefois, il parle du Japon dans ses premières œuvres que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire. Cette nation est évoquée comme un endroit lointain dans « Quand nous étions orphelins » dont l'’histoire se déroule à Shanghai dans les années 30.

 Je résume l'histoire en faisant attention à ne pas gâcher la fin. Dans les années 30, la Chine est dévastée par l’importation de l’opium de l’Angleterre et l’invasion de l’armée japonaise. Dans la Concession internationale de Shanghai qui est séparée des quartiers pauvres vivent deux garçons, l'Anglais, Christopher et son ami japonais Akira. Aucun d’eux ne parle chinois et ils communiquent en anglais, mais ils sont tous les deux attachés à Shanghai : Christopher dit qu'il ne veut pas rentrer en Angleterre et Akira a littéralement peur de devoir rentrer au Japon. Cependant le jour de séparation arrive soudain, sans que rien ne l’ait laissé prévoir.

 Christopher grandit à Londres et devient un détective célèbre. C'est lui qui raconte l'histoire mais le lecteur se rend compte aussitôt de l'imprécision de ses souvenirs. Au fur et à mesure, on apprend que les parents de Christopher ont disparu il y a longtemps, sans doute impliqués dans une affaire suspecte. Le jeune détective part pour Shanghai de nombreuses années plus tard en quête de ses parents et son ancien ami Akira.

 On pourrait dire qu'il s'agit d'un roman policier au sens large. Mais notre détective est quelque peu faible malgré sa notoriété dans la haute société. Il n’est pas aussi perspicace que Sherlock Holmes. Il n’est pas aussi dur à cuire que Philip Marlowe. Dans la dernière partie de l’histoire, il perd souvent son sang-froid et insulte un chauffeur chinois et un officier japonais bien qu’ils soient assez courtois.
 En même temps, ce n’est vraiment pas un roman policier, car Christopher se perd le plus souvent dans le récit (et aussi dans les quartiers de Shanghai), et il ne résout pas vraiment l’affaire même s’il arrive finalement à la vérité. Ici, le polar n’est qu’un véhicule pour un thème. Je pense que le véritable thème de ce roman, c'est le sentiment de la perte de quelque chose de précieux, soit quelqu'un soit un souvenir.

 J’ai aussi remarqué que « Quand nous étions orphelins » a une structure assez proche de « Auprès de moi toujours ». Dans les deux cas, les narrateurs parlent de leurs souvenirs imprécis, et la vérité bouleversante surgit plus tard. De plus, dans « Les Vestiges du jour », le héros, un ancien intendant anglais se rappelle les jours glorieux du Darlngton Hall qui ne reviendront jamais.

 Au fait, il semble que cette année, le prix Nobel littérature ne soit pas décerné à cause du scandale de harcèlement sexuel dans lequel est impliqué le mari d'un membre du jury. J’admets évidemment que le prix Nobel est prestigieux. Ce n’est pas quelque chose que tout le monde peut recevoir. Ce n’est pas comme le jouet dans un œuf chocolat Kinder Surprise. Mais en même temps, je doute qu’il soit aussi important qu’on le croit, car il y a beaucoup d’écrivains qui n’ont pas reçu ce prix, mais sont toujours lus partout dans le monde. En revanche, certains lauréats du prix Nobel de littérature sont plus ou moins oubliés aujourd’hui. Du moins, j'ai appris que la confiance que les gens ont en ce prix est si fragile qu'elle est menacée par un harcèlement sexuel. Les fesses de la femme sont-elles alors plus puissantes que le prix Nobel de littérature ?

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